Il y a quelques semaines, je flânais innocemment dans le rayon fantastique, fantasy, bit-lit de la Fnac. Genres super à la mode oblige, le rayon était bondé. Des adultes certes, mais aussi pas mal d’ados, à la recherche de bouquins sympas à lire, confortés par la lecture de la quadrilogie de Stephenie Meyer, et c’est tant mieux.
Mais voilà, il y a un hic à l’histoire, car il y a toujours un hic… J’ai assisté à une scène qui m’a particulièrement irritée, car voir un vendeur de cette grande enseigne, soit disant spécialisé dans son rayon (je parle dudit vendeur), conseiller à une gamine de 13 ans de lire Anita Blake, a de quoi vous faire frémir. Le monsieur sait-t-il que notre Anita, au bout de quelques tomes, se défrise un brin et finit par avoir un goût prononcé pour la partouze ?
Pire, il a même finit par lui vanter les mérites de Morgane Kingsley, dernière héroïne en date de Milady… le monsieur sait-t- il que l’auteur décrit pas mal de séances de sexe SM ? A 13 ans, on est tout juste pubère, probablement en classe de 5e, fan de Tokyo Hôtel et on tapisse sa chambre de posters de Zac Efron de High School Musical. Assister à cette scène surréaliste à de quoi vous interroger… les gens voient-ils le gentil vampire amoureux Edward Cullen partout ?
Et il n’y a pas que dans les rayons de la Fnac que l’on assiste à ce phénomène étrange. Des magasines spécialisés dans la fantasy urbaine voient le jour, et prennent pour cible … des ados. Edward Cullen apparaît sur chacune de leur couverture, histoire d’être certain de vendre, et on parle avec une grande légèreté de la superbe histoire d’amour entre Bill et Sookie, car True Blood c’est trop cool !!! Ben voyons, il n’est pas recommandé du tout qu’à 12 ou 13 ans on regarde une série pour adulte, blindée de sang de meurtres et de sexe.
Bien que j’aie beaucoup de tendresse pour l’histoire d’Edward et Bella, je me demande tout de même, si la lecture de ces fameux quatre tomes n’a pas lobotomisé une partie de la population. Manquer à ce point de bon sens relève de la pathologie et c’est avec une certaine révolte que je me dis que les gens ont une idée quelque peu faussée de la bit-lit.
Non, tous les vampires ne sont pas comme Edward Cullen, tous les loups-garous ne sont pas comme Jacob Black, et nos héroïnes, Dieu merci, ne ressemblent guère à Bella Swan.
Les romans de Stephenie Meyer font partie de ce que l’on appelle la littérature pour jeunes adultes. Généralement, les livres de cette catégorie s’adressent à un jeune public allant de 15 à 18 ans, mais peut s’étendre aux adultes. Ce sont d’excellentes histoires mêlant le fantastique, la fantasy et la romance, qui n’ont rien à envier aux autres littératures plus « adultes ».
La différence ? Le ton, l’absence de scènes d’amour poussées, une atténuation de la violence et les héros sont de jeunes adultes ou des adolescents, à l’instar de la quadrilogie Twiligth ou des livres de Melissa de La Cruz par exemple (Les Vampires de Manhattan, Sang-bleu, et tout récemment Le Baiser du Vampire…).
La bit-lit est un sous-genre de la fantasy urbaine résolument écrite pour un public adulte. Pourquoi ? Et bien les héroïnes ont largement dépassées la vingtaine, sont même très proches de la trentaine, pleinement épanouies dans leur féminité et leur sexualité. Bien sûr, elles combattent également les vampires, et autres méchants, mais leurs histoires sont souvent associées à des romances torrides, faisant la part belle à des scènes de sexe sympathiques mais pas pour tout public.
La bit-lit, c’est aussi le pendant féminin du polar pur et dur, violent et sans concessions. Dans la confusion des genres, il est important de le rappeler que à chaque âge il y a ses propres lectures.
Peut être que les éditeurs devraient prendre la peine de le spécifier, peut être aussi que les vendeurs des différentes enseignes littéraires devraient revoir leurs copies, lire les livres qu’ils proposent, ou du moins s’assurer du public visé. Cela éviterait aux parents pas mal de surprises …
Et vous, voyez vous Edward Cullen partout ?