La dernière Elfe Grise – Episode 4

L’épisode précédent…

Tout le monde courait pour sauver sa peau. Un des humains qui avait capturé Nassë s’arrêta pour lui lancer avec mépris :
« Sales elfes ! Vous êtes l’engeance du diable, des démons ! Il faut tous vous exterminer ! ». Puis il s’en fut.

Nassë se précipita vers la grille et cria : « Ici, je suis ici ! Venez vite, j’ai besoin d’aide !« 

Une minute plus tard un elfe aux cheveux bruns attachés par de la ficelle fit irruption de l’autre cote. Nassë en soupira de soulagement :
– Olias ! Je ne savais pas que tu serais là.
Son meilleur ami ne perdit pas de temps en bavardages inutiles :
– Es-tu blessé ?
– Non mais ma compagne oui !
– Ta compagne ?
– Une autre elfe à qui ils ont fait subir des horreurs.
– Je vais chercher le nécessaire « .

Il disparut de la vision de Nassé. Il revint avec Mogad, un mercenaire du Sud avec qui s’étaient liés d’amitié il y a si longtemps qu’ils en avaient oublié sa fonction.

Mogad, sans dire un mot, sorti quelques outils de sa sacoche et entreprit de crocheter la serrure. Le voir si précis, alors qu’il était si grand et fort, paraissait loufoque. Mais personne n’avait envie de plaisanter. Tous attendaient le déclic de la serrure, qui ne tarda pas. Olias se précipita vers la blessée pour l’examiner rapidement. Il fit la grimace et indiqua à Mogad de la prendre.

Avec d’infinies précautions, le colosse la souleva de terre et ils sortirent tous les trois d’un pas pressé. Arrivé dehors, Nassë inspira à l’air libre à pleins poumons, en levant le visage vers le soleil.

Quel bonheur…

En si peu de temps il avait déjà oublié la douceur du vent sur son visage. D’ailleurs..

Il courut pour rattraper ses amis. « Combien de temps suis-je resté enfermé ?
– Trois jours, répondit Olias sans s’arrêter.
« 

Ils arrivèrent assez rapidement au camp installé derrière une colline, à l’orée d’une forêt. Ça fit sourire Nassë. Les elfes et les arbres… Même en cas d’urgence, comme ici, il trouvaient toujours un coin agréable.

Olias et Mogad entrèrent dans une tente. Mogad déposa son précieux fardeau sur un lit de camp et sortit, peu désireux d’assister aux soins.
Nassë s’assit à cote de Lossêa et lui prit délicatement la main.
– Nassë. pousse toi. Va te faire examiner par un autre guérisseur que moi.
– Je n’ai rien, ils ne m’ont pas touché.
– Alors va te laver et change toi, tu empestes et ta tenue n’est pas digne de ton rang.
À contrecœur, Nassë s’en alla, non sans regarder l’elfe, toujours sans connaissance, une dernière fois.

Quand il revint, propre et présentable, Lossëa était vêtue d’une tunique blanche. Ses bras étaient découverts et Olias était occupé à les enduire d’un onguent très odorant.
– Cela aidera à cicatriser. Raconte moi tout maintenant.
Nassë raconta. Il lui fit part de ses réflexions quant à la provenance de cette elfe mystérieuse.
– Elle m’a juste dit s’appeler Lossëa.
En entendant ce nom, Olias sursauta
– Lossëa ? Tu es sûr ?
– Oui pourquoi ? Tu la connais ?
– Pas personnellement, mais de renom oui, si c’est bien elle.
– De renom ? Éclaire moi !
– La dernière princesse des Îles d’Argent s’appelle ainsi.

Cela revint immédiatement en mémoire à Massé. Comment avait-il pu ne pas s’en souvenir ? Les îles d’argent… Un véritable génocide dont on pensait qu’il n’y avait eu aucun survivant. Les humains avaient attaqué et incendié la Cité. Mais, pacifiques, les elfes de ces îles n’avaient pu riposter, ni même se défendre. Ça avait été un véritable carnage.

Les humains s’étaient tant vantés de cet acte que tous les elles du continent l’avait su, malgré l’absence de relations entre les deux races.
Si les elfes avaient été capables de haine, ils en auraient éprouvé envers les humains à ce moment là. Et voilà qu’aujourd’hui, ils trouvaient une survivante. C’était un symbole d’espoir.

Pourtant, elle était toujours allongée, sans aucun signe qui montre une amélioration. Elle était toujours aussi pâle. Le cœur de Nassë se serra. Pourvu qu’il ne soit pas trop tard… Pourvu qu’elle s’accroche, qu’elle vive…

Elle le devait. Sa vie serait une revanche sur la bêtise des hommes. Ils avaient peur de ce qui était différent d’eux, plutôt que de s’en émerveiller. Chaque minute, les elfes admiraient les merveilles de la nature. Les hommes étaient trop occupés à détruire ce qui ne leur plaisait pas.

La suite vendredi prochain…