La lady et le libertin – Avis –

Présentation de l’éditeur

Angleterre, 1817
Quelle femme ne se sentirait pas flattée d’avoir attiré l’attention du jeune et séduisant Lord Sebastian St Claire ? C’est ce que l’on murmure dans toute la haute société londonienne. Mais Juliet, elle, se rebelle quand le dandy débauché la poursuit de ses assiduités, alors qu’ils séjournent chez des amis communs à la campagne. N’a-t-elle pas déjà bien assez de mal à défendre sa réputation sans qu’on la soupçonne, en plus, d’être le nouveau trophée d’un amant libertin ? Pourtant, une nuit où, St Claire, plus sûr de lui que jamais, enjambe le balcon de sa chambre et lui vole un baiser sous la lune, Juliet est enivrée…

Avis de Marnie

Sur le papier, quelle bonne idée ! Après plus de trente ans de carrière, pas loin de 200 romans Azur à son compte, et aussi après deux ou trois tentatives très réussies de romances contemporaines d’un format conséquent, Carole Mortimer se lance dans la romance historique. Si depuis quelques années, ce qui faisait sa force, soit une certaine violence dans les relations, des dialogues quelque peu torturés, une introspection digne de ce nom, étaient de plus en plus absents des dernières parutions aussi anodines que formatées, il était certain que cet auteur s’était lassée de ces histoires dont le lecteur ressentait de plein fouet le manque d’inspiration. Alors pourquoi ne pas tenter une nouvelle aventure ?

Malheureusement et surtout pour notre plus grande consternation, il n’y a pas un seul point positif dans ce récit qui s’effiloche au fur et à mesure de la lecture. Tout d’abord le sujet : troisième fils d’une noble de famille, Sebastian n’a pas la chance d’avoir hérité du duché pour s’occuper. Avec un cadet qui a fait carrière dans l’armée, il ne lui reste que le libertinage. Or, en entendant Juliet le condamner derrière son dos, il va s’écrier : «je vais changer !»

Toutefois, ne me demandez pas ce qu’il devient, vu qu’il n’y aura aucun choix ou évolution dans son existence sauf le mariage bien évidemment de rigueur. Quant à Juliet, rudoyée, violée et dirigée par la main de fer d’un époux de trente ans son aîné, pendant plus d’une décennie, elle n’a de cesse de clamer à tous et à toutes, «je ne me remarierai jamais», la voici qui s’évanouit presque de bonheur d’épouser Sebastian sans que ce revirement paraisse crédible.

En effet, l’histoire comme le contexte sont superficiels et inintéressants. Juliet et Sebastian ne cessent de se chamailler comme des enfants, et exaspèrent le plus souvent le lecteur qui demande un peu de profondeur, de réflexion ou même d’intelligence dans la progression du récit. Que ce soit la construction et l’intrigue de base… les héros se perdent dans d’innombrables et très ennuyeuses scènes de sexe au langage fleuri « Azur » qui nous font sourire, compte-tenu de l’actuelle évolution de la romance historique.

Mais quand il s’agit de trouver le traître, la solution est : je viens d’avoir des renseignements de la plus haute importance, l’espion est… l’équivalent d’un appel anonyme qui donnerait à la police le nom du serial killer dans un thriller ! Les anachronismes sont énormes, que ce soit dans les paroles avec nombre de mots, d’idées non encore inventées à cette époque, comme les règles de bienséance de la Régence qui sont inexistantes ici et que tout un chacun connaît… Nous n’y croyons pas une seconde, avec en plus en prime un langage soudain ampoulé, qui rend alors le tout indigeste.

Quant aux personnages secondaires, ils sont presque tous antipathiques ou indifférents. Hélèna, la très chère cousine de Juliet se transforme « pour rire » en sa soubrette et disparaît les trois quart du livre dans les cuisines… Notre héroïne ne cherche même pas à comprendre la raison de tel ou tel comportement. Quant à ses soi-disants amis, vu leurs agissements, elle n’a plus besoin de se trouver d’ennemis !

Vous l’aurez compris, rien ne tient la route plus d’un chapitre. Cela part dans tous les sens sans avancer, le tout accompagné d’un style fade, faussement précieux. Le résultat est plus navrant qu’agaçant. Où est passé l’auteur des excellentissimes Demain dans ta vie, l’Ascenseur du septième ciel, Où tu voudras, Je volerai ton coeur et tant d’autres ?

Dans ses romances adultes, âpres, presque violentes, Carole Mortimer réussissait la performance en 150 pages d’insuffler de la force, de mettre en relief une vraie réflexion, et surtout surtout de distiller avec maestria de l’émotion, malheureusement complètement absente de cette histoire digne d’un Barbara Cartland qui aurait été un tout petit peu plus loin que le bisou final !

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : Harlequin
Collection : Les historiques
Sortie : 1 février 2011
Prix : 6,25 €