La vallée des larmes – Avis +

Résumé

A la fin du 17ème siècle, sur les terres écossaises des Highlanders, Caitlin Dunn doit subir les assauts de lord Dunning pour lequel elle travaille lorsqu’elle parvient à l’assommer et à s’enfuir. Elle rencontre alors Liam MacDonald qui accepte de la conduire jusqu’à sa vallée et de la cacher pendant un moment. Attirée par ce fier Highlander mais aussi par Colin, le frère de celui-ci, elle se retrouve à leurs côtés lorsque que les anglais commencent à vouloir dompter les seigneurs des clans écossais…

Avis de Marnie

Vive le retour des pavés romanesques de 700 pages ! En voici un, et en langue française, le plus passionnant lu cette année… et qui utilise toutes les recettes du genre pour constituer une histoire riche en rebondissements, sentiments, et envolées pleines de ferveur… un vrai délice du genre que l’on ne lâche pas du début jusqu’à la fin, et tout cela dans un contexte historique extrêmement bien documenté.

L’attrait premier est bien évidemment une héroïne flamboyante : une jolie irlandaise brune (mais heureusement pas époustouflante) dont la personnalité attire bien plus que son physique. Lorsque le récit commence, Caitlin est une catholique de 19 ans, originaire de Belfast, ville dans laquelle elle avait l’habitude de vagabonder, élevée par un père avec trois frères plus âgés, n’ayant jamais appris les travaux dévolus à cette époque aux femmes. En cette fin du XVIIe siècle, elle a été placée depuis deux ans, comme dame de compagnie chez un lord écossais, avec promesse faite à son père de lui apprendre les bonnes manières. Mais si la femme de Lord Dunning tient en partie cette promesse, son mari, profite de sa position et du mépris dans lequel on tient les irlandais, pour la torturer et la violer…

C’est ainsi, que dès le deuxième chapitre, Caitlin va reprendre de force sa liberté. En fait, elle a les défauts de ses qualités. Sa force est son courage, sa témérité, et l’application du précepte que lui répétait sa mère : respire un bon coup et fonce Caitlin… Seulement, si on ne peut que l’admirer dans cette façon qu’elle a d’arracher de toutes ses forces son bonheur, même en trichant ou en forçant le destin, son manque alors de réflexion lui fait entraîner les autres dans le malheur. Fille du peuple impétueuse, insolente, obstinée et passionnée, elle domine le roman de ses jurons, de sa violence, totalement cohérente avec elle-même dans ses réactions, même si l’on peut ne pas être d’accord avec certains choix qu’elle fait. Mais qui sommes-nous alors pour la juger ?

Liam, lui est un Highlander, non le Laird, mais un de ses plus proches lieutenants. Il a perdu femme et enfant dans le massacre de membres de son clan, perpétré trois ans auparavant pour des questions politiques mêlées de haines personnelles. Depuis, la vallée de Glencoe (la vallée des larmes) s’est repliée sur elle-même, alors que pour nourrir les survivants, Liam fait ce que tous les Highlanders de ces contrées reculées font depuis des siècles : vols, contrebande et raids contre les clans voisins. Son attirance pour Caitlin va naître surtout de l’admiration qu’il éprouve pour son courage, son abnégation et son indépendance… mais ce sont aussi les mêmes raisons qui l’amèneront à se confronter à elle. Lui a déjà tout perdu et ne veut plus ressentir de tels sentiments pour une autre femme.

Sonia Marmen a le talent de réussir à nous intéresser à un contexte historique, politique et social riche en renseignements qui approfondissent le roman sans nous ennuyer une seconde. Les légendes et le langage celtes se disséminent dans tout le récit apportant poésie et lyrisme. On frémit avec l’héroïne, partageant sa peur des mauvais présages, sorcellerie, usages et coutumes enrichissant une histoire pourtant dense. C’est parfaitement maîtrisé même si une surabondance de péripéties pourrait paraître quelque peu forcée, le lecteur est emporté par ce style qui nous fait tout accepter, même certaines coïncidences ou exagérations…

Les personnages secondaires sont tout aussi passionnants, les méchants ont une forte personnalité, mais certains réussissent presque dans leur folie à nous émouvoir. Les 700 pages nous permettent de rencontrer de nombreux caractères nuancés et intéressants, dont on suit l’évolution et le destin avec la même attente que pour les héros, tout cela dans un mélange suivant les uns et les autres de drames et d’humour !

Les recettes du genre sont respectées et notamment le style feuilletonesque qui voit à chaque fin de chapitre, une évolution, une peripétie ou un coup de théâtre qui relance le roman vers une autre direction pour notre plus grand plaisir. Le livre respecte même les règles de ces grands romans de Dumas où révélations de liens familiaux provoquent mélodrames et inévitable violence.

Si ce roman est le premier des quatre tomes qui composent la série coeur de Gael, il peut se lire seul, le récit suivant mettant en scène les enfants de Caitlin, vingt ans plus tard… Toutefois, il est évident que j’attends avec une impatience dévorante le second opus ! Pour moi, Sonia Marmen est une des découvertes de l’année !

Avis de Francesca

Cette série de 4 tomes est l’un de mes coups de cœur de lecture. Elle nous transporte dans mon époque historique préférée, à savoir le temps des Highlanders écossais fiers et indépendants en guerre contre les anglais. L’auteur parvient à nous faire entrer dans son histoire de plein pied et on se laisser captiver par le tourbillon des aventures de Liam et Caitlin pleines de passion, de violence et d’amour. Je ne peux pas m’empêcher de prendre comme référence la série Le chardon et le tartan de Diana Gabaldon qui se passe à la même époque et qui est tout aussi fantastique même si ce n’est pas la même histoire.

Caitlin Dunn est la narratrice de ce récit écrit à la première personne. On perçoit donc plus facilement les sentiments et les pensées de cette femme maltraitée par son employeur mais assez courageuse pour vouloir échapper à son sort. Très éprise de Liam, elle éprouve néanmoins un trouble envers Colin, le frère de Liam, ce qui contribue à accroître la méfiance de ce dernier. C’est un des rares points faibles qui peuvent agacer le lecteur concernant Caitlin. Néanmoins, c’est une femme passionnée et farouchement attachée à son mari qui mettra tout en œuvre pour le protéger et le sauver, fut-ce en fragilisant leur couple.

Liam est le chef du clan MacDonald. Veuf depuis peu, il a vu sa femme et son fils mourir devant ses yeux et en est profondément affecté, au point qu’il refuse de se lier à Caitlin dans un premier temps. Mais ses sentiments très forts le poussent malgré tout vers elle. Homme possessif et viril, comme tous les Highlanders de l’imaginaire féminin, il est follement amoureux d’elle et se met en devoir de la protéger à tout prix. C’est un homme charismatique qui peut être dur mais qui est aussi très tendre et passionné lorsqu’il s’agit de Caitlin.

Ce premier volume raconte l’histoire de leurs rencontres et les premières années de leur mariage. Leur couple va devoir subir le tumulte des évènements historiques, familiaux et personnels qui vont malmener leurs relations mais qui les solidifieront en même temps dans l’adversité. Tous deux sont tellement amoureux l’un de l’autre qu’ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre ou être éloignés longtemps. C’est un couple fusionnel et passionnant qui va vivre des épisodes heureux mais aussi dramatiques et cette tension permanente est la force de ce récit qui happe le lecteur dès le départ et qui ne le lâche plus.

A tous ceux et toutes celles qui aiment s’évader dans des contrées lointaines géographiquement et temporellement, qui prisent les relations exaltées dans un couple et qui apprécient les aventures permanentes que peuvent vivre des personnages, je ne peux que vous conseiller ce livre magnifique, dense et palpitant, dont la suite qui paraîtra à la rentrée est toute aussi sublime.

Fiche technique

– Format : poche
– Pages : 700
– Editeur : J’ai Lu
– Collection : Grands romans
– Sortie : 19 avril 2007
– Prix : 8,40€