La vie qu’on m’a choisie – Avis +

Éditeur : ‎Pocket

roman de Ellen Marie Wiseman

Présentation de l’éditeur

1931, Lilly Blackwood n’est même jamais sortie de sa chambre. Une nuit, elle est vendue à un cirque…

État de New York, 1931. Depuis sa naissance, il y a neuf ans, jamais Lilly n’a vu la lumière du jour. Ce grenier de Blackwood Manor, l’élevage de chevaux, là-bas par la lucarne : voilà tout ce qu’elle connaît du monde. Bientôt, pourtant, elle en partira. Vendue par sa mère à des forains, c’est une nouvelle cage qui l’attend…

Long Island, 1956. Julia elle aussi a fui la prison du Manoir. Elle en hérite aujourd’hui, avec ses mystères, ses tragédies et ses indicibles secrets…

Avis de Thérèse

On entre dans l’histoire en 1931 avec Lilly, neuf ans, qui vit depuis toujours enfermée dans le grenier de Blackwood Manor. Pour sa protection, disent ses parents, car elle est si monstrueuse que si les gens la voyaient ils voudraient lui faire du mal. Profitant d’une absence de son mari, la mère de Lilly la vend à un cirque de passage.

On rencontre ensuite en 1956 Julia, dix-huit ans, qui galère après avoir fui le manoir familial trois ans plus tôt à la mort de son père, pour échapper à la cruauté de sa mère, ses innombrables et absurdes règles et interdictions. Elle apprend que sa mère est décédée et qu’elle hérite du manoir, de l’élevage de chevaux de course et de toute la propriété… à la condition expresse de retourner y vivre.

A partir de là, Ellen Marie Wiseman tisse une flamboyante et émouvante saga, donnant la parole à Lilly et à Julia d’un chapitre à l’autre, avançant pas à pas dans une histoire tragique, cruelle, sordide mais parsemée de moments lumineux.

Plus qu’un livre, on a l’impression de voir se dérouler les scènes d’un film à grand spectacle, on se laisse emporter au fil des pages de ce roman fleuve, on a hâte d’en savoir davantage, on frémit devant le sort qui s’acharne sur Lilly, on a envie avec Julia de découvrir les secrets que dissimule le manoir … et on est surpris jusqu’à la dernière page.

Les portraits des parents de Lilly et Julia sont terribles. Le père faible, résigné, dépressif, alcoolique, lâche. La mère froide, cruelle, insensible. Ellen Marie Wiseman réussit à créer deux univers aux ambiances opposées. Celui de Lilly, au sein du cirque, riche en bruits, rencontres, émotions, musique, couleurs vives. Celui de Julia terne, lent, gris, qui se teinte peu à peu de couleurs pastel.

Certaines âmes sensibles risquent de ne pas supporter la description de scènes de maltraitance, morale et physique, aussi bien sur des personnages que sur des animaux.

Au premier chapitre, on pense à la nouvelle de Richard Matheson, Journal d’un monstre. On finit par voir la mère de Lilly et Julia sous les traits de Mme Danvers, l’abominable gouvernante de Rebecca de Daphné du Maurier. On se retrouve avec dans la tête certaines chansons du film The Greatest Showman.

Mais l’ensemble constitue un roman envoûtant, qui interroge sur la cruauté familiale, sur la différence, sur le rigorisme religieux, sur ces êtres qui constituaient la « galerie des monstres » dans certains cirques, sur le sort des animaux qu’ils soient de cirque ou d’élevage…


Fiche technique

Format : poche
Pages: ‎522
Éditeur : ‎Pocket
Sortie : 3 mars 2022
Prix : 8,50 €