Le Cinéma est un sport de combat ! – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

À la base de cet ouvrage, des « pamphlets » écrits par Charlie Van Damme. Il y questionne le travail de l’image et les structures de production cinématographiques dans leurs implications sociétales au sens le plus large. Les textes ici rassemblés sont prolongés de réflexions, textes de tiers dont il se sent proche, leçons tirées de ses propres expériences vécues lors de tournages et de sa pratique de l’enseignement.

« Cet ouvrage, explique l’auteur, je l’ai écrit non pas comme un politologue, un philosophe ou un théoricien du cinéma pourraient le faire, mais en citoyen, à partir de ma trajectoire de cinéaste et d’enseignant. Il n’est ni nostalgique ni rétrospectif, mais ancré dans le présent et tourné vers l’avenir. Une incitation à ne pas baisser les bras.

Il est l’expression d’un credo : le cinéma n’est pas que “divertissement” ; il peut participer, aux côtés des autres arts et de la philosophie, à rapprocher les humains de par le monde. J’y questionne la place de nos métiers dans ses dimensions culturelles et artistiques, mais aussi éthiques, civilisationnelles, économiques, voire politiques. »

Avis d’Anna

Charlie Van Damme présente ici une réflexion globale sur le cinéma, en prenant compte de ses responsabilités artistiques, sociales et politiques envers son sujet, ses auteurs et ses spectateurs. Cette posture est décelable dès le titre même de cet essai : Le Cinéma est un sport de combat. C’est un combat à la fois pour la préservation et l’élévation de cet art, mais aussi de ses pratiques et de ses missions.

L’auteur interpelle tous les tenants du cinéma à la réflexion et à l’action : des artistes qui le font, à ses financiers jusqu’à son public. Chacun a un rôle à jouer pour lui rendre sa noblesse, mais aussi pour éviter les dérives qui gangrènent cette industrie. Van Damme dénonce les systèmes financiers qui régissent le cinéma et en particulier la branche publicitaire, et appelle à une régulation.

En fait, il s’insurge, comme beaucoup de professionnels du milieu, sur la course aux capitaux et à la monétarisation constante du cinéma comme objet culturel, la dévaluant ainsi de tout aspect artistique et humain. Il souligne également cette culture de l’instantané et de la surconsommation de l’art comme produit, et comme objet dévoué de messages et de sens pour ses producteurs et ses spectateurs.

Les nombreuses dérives qu’il pointe sont loin d’être récentes, mais c’est son témoignage de professionnel engagé de cette industrie qui lui donne tout son poids. Il convoque ainsi nombres de ses collègues et fait un état des lieux du cinéma à l’échelle mondiale, en prenant pour exemples son parcours, les films sur lesquels il a travaillé, mais aussi ceux de ses collègues et amis.
Il apporte notamment un éclairage atypique sur l’industrie cinématographique belge, longtemps basé sur le modèle français et dresse l’état du cinéma francophone et flamand.

Son propos s’accompagne également d’une réflexion plus globale sur la société et comment les failles et la déroute des valeurs humaines, surtout en Occident, gangrènent l’approche et les rapports que l’on peut avoir avec l’art et le monde qui nous entoure. L’état actuel du cinéma rend compte d’une profonde déréliction, d’une déshumanisation et d’une désensibilisation aux autres et à l’art.

Cet essai peut intéresser des étudiants ou curieux qui voudraient se faire une idée concrète et réaliste du milieu du cinéma et de son fonctionnement.
Cependant, si son propos général suscite l’intérêt, l’écriture, elle, est par moments fastidieuse et insipide.

Fiche technique

Format: broché
Pages: 192 pages
Éditeur : Hémisphères Éditions
Collection: Ciné-Cinéma, dirigée par Frédéric Sojcher
Sortie: 30 septembre 2017
Prix: 15 €