Le Clos Lucé : 800 ans d’histoire

Au Moyen Âge, le domaine appartient à la famille d’Amboise qui érige une construction à l’emplacement actuel de la demeure. Le domaine est ensuite cédé aux bernardines de l’abbaye cistercienne de Moncé sous la protection de la famille d’Amboise.

En 1471, le domaine est racheté par Étienne le Loup, conseiller du roi Louis XI. L’habitation se dote d’un mur d’enceinte, d’un pont-levis, de tours accolées à un chemin de ronde et d’un pigeonnier, symbole de richesse. De forme carrée à l’extérieur et octogonale à l’intérieur, comportant 1 000 boulins ou nichoirs, celui-ci est unique en Touraine.

Le lieu est racheté par Charles VIII le 2 juillet 1490 et devient alors une résidence de plaisance des rois de France. Charles VIII y ajoute en 1492 un oratoire, pur joyau de l’architecture gothique, pour sa jeune épouse la reine Anne de Bretagne. Plus tard, le jeune comte d’Angoulême, futur François Ier, organise des jeux guerriers dans les jardins du Cloux avec ses amis d’enfance qui deviendront plus tard ses grands compagnons d’armes.

Sa soeur ainée, Marguerite de Navarre, commence à y écrire les premières nouvelles de L’Heptaméron. Frère et soeur reçoivent peintres, architectes, poètes, et font souffler sur les lieux l’esprit de la Renaissance. Au XVIIe siècle, le Château du Cloux prend le nom de Château du Clos Lucé. Pendant deux siècles, il redevient la propriété de la famille d’Amboise, qui le sauve de la
destruction durant la Révolution. Il est acquis en 1855 par la famille Saint Bris qui l’ouvre au plus large public un siècle plus tard.

Le château, dernière demeure de Léonard de Vinci

Après des années d’errance, Léonard de Vinci accepte l’invitation du roi de France et passe les trois dernières années de sa vie au Château du Cloux, situé à deux pas du Château royal d’Amboise où réside François Ier. La cour du jeune souverain vit déjà à l’heure des artistes italiens venus insuffler
l’esprit de la Renaissance en Val de Loire, tels que Dominique de Cortone dit Le Boccador, Fra Giocondo, Dom Pacello et plus tard Le Primatice ou Benvenuto Cellini.

Lorsque Léonard de Vinci arrive de Rome, où il était le protégé de Julien de Médicis, frère du Pape, l’artiste a déjà 64 ans. Il apporte avec lui trois chefs-d’oeuvre. François Ier le nomme « Premier peintre, ingénieur et architecte du roi ». Il reçoit une pension de 1 000 écus d’or par an et la jouissance
du Château du Cloux, où il vit et travaille entouré de ses élèves.

Il reçoit ici des hôtes de marque, dont le roi François Ier bien sûr, mais aussi les grands du royaume, les ambassadeurs et ses amis artistes. Parmi eux, le secrétaire du Cardinal d’Aragon, Antonio de Béatis, qui témoigne de ce qu’il voit : « il y avait là le tableau d’une dame de Florence, peinte au naturel, sur l’ordre de feu Julien de Médicis », la fameuse Mona Lisa ainsi que le Saint Jean Baptiste et la Sainte Anne. Le 23 avril 1519, Léonard de Vinci demande à Guillaume Boureau – notaire à Amboise – de recevoir son testament. Il s’éteint dans sa chambre du Clos Lucé le 2 mai 1519.

Crédit photo : Eric Sander, © Château du Clos Lucé – Parc Leonardo da Vinci, Amboise.