Présentation de l’éditeur
Lolita postmoderne, Katya Spivak oscille entre la naïveté de ses seize ans et le cynisme d’une gamine élevée à la dure. Et, quand le vieux et très distingué Mr Kidder l’aborde courtoisement alors qu’elle a le nez collé contre une vitrine de dessous affriolants, elle réagit avec la méfiance polie qui convient.
Pourtant, peu à peu, au fil des jours et de leurs rencontres, la jeune fille en mal d’affection se laisse vaguement séduire par le charme et la générosité désintéressée que déploie à son égard le vieil homme.
Mais, derrière sa richesse, ses manières impeccables, ses talents artistiques, sa grande maison vide, ses tableaux bizarres, sa gouvernante et son chauffeur discrets, qui est le mystérieux Mr Kidder ? Et que veut-il vraiment de Katya ?
Avis de Claire
Le temps d’un été, le vieux Monsieur Kidder, grand intellectuel et notable respectable d’une petite ville de villégiature de la côte Est des Etats-Unis, va vivre une relation particulière avec une très jeune bonne d’enfants, Katya, issue d’un milieu défavorisé.
Leur relation évoque celle dont Verlaine faisait les louanges dans son poème Mon rêve familier. Monsieur Kidder est depuis longtemps à la recherche d’une jeune fille comme Katya, pour mener à bien on ne sait quel énigmatique projet. Entre fascination et répulsion, une très bizarre complicité s’installe entre eux…
Comme toujours avec Joyce Carol Oates, il y a plusieurs angles pour appréhender ses romans. Pour celui-ci, on pense tout particulièrement au mythe de La Belle et la Bête et la comparaison est loin d’être fortuite.
Le couple héros de cet étrange roman est en complet décalage. Si l’une est belle, jeune et d’un milieu modeste et peu éduqué, l’autre est âgé, fané, mais nanti et intellectuel. Ces deux personnages, qui n’auraient sans doute jamais dû se rencontrer, vont peu à peu se laisser approcher, se jauger, se doser, avec un mélange réciproque d’attirance et de dégoût, de crainte et de fascination, à l’instar des contes de fées, qui sont tous à la fois cruels et émouvants.
Par petites touches, comme on apprivoise un animal sauvage, l’étrange Monsieur Kidder va faire entrer Katya dans son intimité, lui donnant suffisamment de lui-même pour l’intriguer, la captiver, la retenir et la faire revenir sans cesse à lui, malgré l’écoeurement quasiment physique de la jeune fille pour la vieillesse.
Au fil des pages, la tension va croissante, au fur et à mesure que l’on commence à comprendre le véritable sujet de l’histoire, que nous ne dévoilerons pas dans cette chronique, mais qui sonne très juste. Poignant, poétique et audacieux, un grand cru de Joyce Carol Oates.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 240
Editeur : Philippe Rey
Collection : Roman étranger
Sortie : 14 mars 2013
Prix : 17 €