Le Nom de la rose – Avis +


– On n’exorcise pas le mal. On le détruit.
– Avec le corps du malade.
– Si cela est nécesaire.
– Tu es le diable, dit alors Guillaume.

1327, c’est dans une abbaye bénédictine que doit avoir lieu une réunion entre des moines franciscains et des représentants de l’autorité pontificale. Mais la mort soudaine d’un des moines perturbe la sérénité des lieux. Aussi le moine franciscain Guillaume de Baskerville qui fut autrefois inquisiteur est chargé de l’enquête. Il accepte d’autant plus que son enquête va lui permettre de visiter la splendide bibliothèque de cette abbaye.

Non ! L’accès à la bibliothèque est strictement réservé, car certains ouvrages sont interdits. Qu’importe, l’enquête progresse lentement. Mais alors que d’autres morts suspectes se produisent survient l’inquisiteur dominicain Bernardo Guidoni.

L’intrigue policière se déroule parallèlement aux affrontements oratoires. Les rivalités personnelles s’ajoutent à l’opposition entre les partisans du Pape et ceux de l’Empereur du Saint-Empire Germanique.

L’enquête est relatée par Adso de Melk, le jeune disciple de Guillaume de Baskerville. Mais il effectue ce témoignage alors qu’il est lui-même un vieillard et qu’il rédige le texte avec toute la maturité et l’expérience accumulée. Ainsi le… comment dire… « intermède romantique » du jeune novice avec une charmante paysanne dure une dizaine de pages et est entrecoupé de réflexions théologiques.

Les investigations se déroulent dans un contexte de lutte pour le pouvoir. L’Empereur cherche à préserver son pouvoir temporel en s’appuyant sur certains ordres religieux, tandis que le pape se désintéressant du pouvoir spirituel cherche à augmenter son propre pouvoir temporel.

On remarque que la délégation papale est « escortée » par un détachement militaire, alors que les fidèles de l’Empereur en sont dépourvus. Outre la politique l’abbaye est devenue grâce à sa riche bibliothèque un lieu de savoir, mais aussi de pouvoir. Elle diffuse le savoir grâce à l’activité de ses moines copistes. Mais en outre les moines venant d’autres abbayes peuvent copier certains livres. Or pour cela ils doivent apporter des ouvrages qui ne se trouvent pas encore dans la bibliothèque. Ces activités permettent donc à l’abbaye d’étendre son influence.

Peinture d’une époque où la diffusion du savoir s’oppose à l’obscurantisme Le Nom de la rose[[Prix Médicis étranger (1982)]] met en évidence l’érudition de son auteur. Elle se met au service d’une intrigue élaborée, se déroulant dans un espace clos régi par des règles strictes et où l’enquêteur est lui-même menacé par des autorités.

Ayant étudié les enquêteurs des romans populaires[[cf De Superman au Surhomme]] Umberto Eco a ainsi créé avec Guillaume de Baskerville un nouvel archétype : le religieux cultivé, adepte des textes anciens et maîtrisant autant les arcanes de la politique que les techniques d’investigation.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 634
Edition : Livre de poche
Titre original : « Il nome della rosa »
Traduction : Jean-Noël Schifano
Sortie : novembre 1983
Prix : 7,90 €