Présentation de l’éditeur
Irlande, 1128. Hoyt Mac Cionaoith pratique la magie, tandis que son jumeau, Cian, excelle dans l’art de l’épée. Les deux frères sont très unis, même si Hoyt est austère et pose alors que Cian est désinvolte. Mais lorsque la démone Lilith s’approprie l’âme de ce dernier, Hoyt refuse de devenir une créature diabolique et avide de sang comme son frère.
La déesse Morrigan le charge alors de combattre les vampires qui répandent leur malédiction sur le monde telle une pestilence. Bien que Hoyt ne soit pas un guerrier, il accepte la mission, obsédé par l’espoir de sauver son frère. Morrigan lui fait franchir un mystérieux portail qui le catapulte à l’époque moderne, où une belle sorcière aux cheveux de feu se dressera bientôt à son côté pour l’aider dans son combat.
Avis de Marnie
On ne peut reprocher une chose à Nora Roberts, c’est de savoir s’adapter aux goûts du public. Visiblement l’engouement provoqué par la fantasy a réveillé quelque chose en elle, car cette nouvelle trilogie nous entraîne dans un ou même plusieurs univers avec comme thème central la magie. Seulement, notre auteur a eu certainement peur de nous ennuyer, puisque viennent se greffer sur ce sujet porteur, vampires, sorcières, démons, changelings, mondes parallèles, légendes celtiques, bibliques et antiques… et alors arrive ce qui doit arriver, nous sommes noyés sous les détails, tout est effleuré, rien n’est abouti.
Dans ce premier tome, voici le classique : nous réunissons tout ceux qui vont combattre les méchants, ils ne s’entendent bien évidemment pas, le mal gagne, puis perd face à ces adversaires qui soudain vont être unis comme les deux doigts de la main, avec une histoire d’amour à la clé entre deux des six héros. Survient alors un gros problème pour le lecteur, si Glenna, personnage féminin principal, est une sorcière tout à fait charmante, drôle et courageuse, Hoyt, en mage rougissant, est aussi charismatique que le Merlin l’enchanteur de Disney, contrairement à son frère jumeau, Cian, un vampire aussi ténébreux que complexe. Si bien que nous ne nous passionnons pas pour cette histoire sentimentale qui d’ailleurs ne semble même pas intéresser l’auteur qui ne lui apporte aucune péripétie particulière. Hoyt et Glenna se rencontrent, s’affrontent puis admirent leurs dons mutuels, tout en étant physiquement attirés, tombent dans les bras l’un de l’autre et concluent joyeusement en ayant même trouvé ce qu’ils feront et ou ils vivront lorsque cette histoire de sauver le monde sera enfin terminée.
Par contre, les scènes d’action fort (trop) nombreuses sont décrites avec soin et tentent de nous faire croire à chaque fois que les grandes batailles du Seigneur des Anneaux sont de retour. Chacun des héros y va de sa petite spécialité, et sauvera à tour de rôle, la vie des uns et des autres. Nous avons aussi droit au passage à la confrontation à l’irlandaise, donc à une bagarre qui ressoude tout le petit groupe des sauveurs du monde.
Nous n’entrerons pas une fois de plus dans la polémique de savoir si c’est bien Nora Roberts qui écrit ou non ses romans. Savoir ainsi changer totalement de genre presque à la demande est une chose, par contre que son style soit si différent d’un roman à un autre laisse franchement perplexe. Qu’importe si le livre est bon, or pour celui-ci, malheureusement ce n’est pas une franche réussite. Le début est même catastrophique, le premier affrontement entre Lilith, la démone et Hoyt est risible. Parlons de l’incohérence gênante de montrer nos deux héros évoluant en 1128, à peine sortis de l’adolescence, or en faire en 2006 des plus que trentenaires surs d’eux, notamment s’agissant de Hoyt, est mal venu. Cian a eu mille ans pour se faire à sa condition donc lui est totalement un homme de son temps, mais le passage au monde moderne de son frère est raté. Il y avait un vrai ressort comique pas assez exploité à le montrer totalement bluffé et perdu face à un ascenseur ou une voiture mais bon, quelques heures de télévision et il se débrouille rapidement tout seul… Par contre, il continue de rougir en voyant une femme en tee-shirt échancré, tout en étant le chef du groupe, celui chargé de l’autorité suprême et face à un personnage comme Cian il n’est plus du tout crédible…
L’histoire reste superficielle, notamment lourde de beaucoup d’incohérences… Si nous étions emportés par le récit, cela passerait mais le résultat est très classique sans aucune surprise. Les choix de scénario font aussi soupirer d’ennui : que dire d’une méchante traîtresse qui se révèle être une Française bien-sur (détail dévoilé par une suprême insulte lancée par l’héroïne dix lignes après l’apparition du personnage) ou encore de connaître la couleur de peau du seul personnage gentil qui n’arrivera pas jusqu’au deuxième tome (pas aussi doué que les autres ?), avec des commentaires faits par ci par là, qui laissent à penser que Nora Roberts soigne un lectorat pas franchement progressiste, tout en pimentant les scènes sensuelles d’un érotisme soigneusement bridé. La passion reste sage, que ce soit physique, s’agissant des sentiments, ou dans la fureur des éléments décrite, et dans des romans comme ceux-ci destinés à faire rêver, à nous emporter dans un univers de monstres sanguinaires, de violence, de folie même, cela ne pardonne pas.
En fait, comme à chaque fois lorsque Nora Roberts change de registre, ses histoires destinées à plaire à un maximum de personnes (ici les hommes sont visés visiblement), sont affadies par l’envie de parler de détails sensés créer une ambiance, en oubliant malheureusement ses personnages au passage. Dotés de sales caractères pour les faire exister, leurs pensées sont à peine ressenties… Donc voici un roman que l’on peut éviter, mais bon, Nora Roberts ne serait pas Nora Roberts si elle n’arrivait pas à me donner l’envie de supporter la suite pour découvrir l’histoire de Cian, qui lui, reste dans notre esprit une fois que nous avons refermé la dernière page !
Fiche Technique
Format : semi-poche
Pages : 544
Editeur : J’ai Lu
Sortie : 18 avril 2008
Prix : 9,95 €