Le moulin vert – Avis +

Présentation de l’éditeur

Sur la piste du très sélect Moulin vert de Melbourne, le concurrent d’un marathon de danse s’effondre, poignardé, aux pieds de Phryne Fisher, riche aventurière et détective à ses heures. La belle a des nerfs d’acier, pourtant, lorsque peu après son chevalier servant disparaît lui aussi, son sang ne fait qu’un tour !

Chargée par la mère du jeune homme, une veuve au cœur de pierre mais à la larme facile, de retrouver son fils, l’intrépide jeune femme va plonger corps et âme au cœur des secrets bien gardés de la haute bourgeoisie australienne des Années folles.

Phryne tourbillonne à un rythme d’enfer et prend tous les risques, passant des bras d’un joueur de banjo un peu cachottier à ceux d’un ermite pas aussi sauvage qu’il y paraît, au cours d’une aventure qui la conduit des boîtes de jazz enfumées de la capitale jusque dans l’immensité du bush australien… Et c’est sur un air de blues qu’elle finira par piéger l’assassin du Moulin vert.

Avis de Valérie

Voilà donc de retour notre chère Miss Phryne Fisher, garçonne des années 20 et vivant à Melbourne en Australie. Comme à chaque fois qu’on lui confie une enquête, différents segments se greffent à l’intrigue principale, la densifient en nous faisant rencontrer des personnages secondaires mais ayant une place prépondérante dans le récit.

Si le précédent tome s’attardait sur l’idéal anarchiste et ses dérives terroristes, l’auteur s’arrête ici sur les victimes de la Grande guerre. L’Australie ayant pris part au premier conflit mondial, elle hérite au retour de ses troupes de jeunes hommes brisés, traumatisés qui ne peuvent se réinsérer dans la bonne société aux codes sociaux étriqués des grandes villes.

C’est le cas du fils aîné de la famille Freeman qui s’est exilé dans les Alpes australiennes afin de faire taire le bruit des mitrailleuses qui vampirisait son esprit. Déclaré mort par sa mère par commodité, lors du règlement de la succession du père, elle se retrouve à avoir besoin de sa présence… ou de sa mort avérée. Son fils cadet, lui, a disparu suite au meurtre d’un danseur mondain de sa connaissance, alors que lui-même et notre héroïne se laissaient aller aux plaisirs du jazz, dans un club renommé : Le Moulin Vert.

Chargée donc de retrouver le fils chéri pour l’innocenter (sa disparition le rendant coupable) et le fils prodigue dont on n’attend surtout pas le retour, Phryne nous entraîne dans un survol des magnifiques paysages peu décrits habituellement du territoire de Victoria.

L’intrigue est rapidement mise de côté, non pas par son manque d’intérêt, mais parce que de nouveau, Miss Phryne se retrouve face à des éléments qu’elle n’envisageait pas (le stress post traumatique, par exemple) et sa nature si sûre d’elle se ternit un peu plus face à l’inhumanité de certains. De plus, ayant sympathisé avec un groupe de musiciens – dont le joueur de banjo est particulièrement agréable à contempler – elle s’intéresse au blues et au jazz plus en avant et apprend notamment que les trompettistes ont tous un sale caractère.

On retrouve à chaque page l’humour inégalable de Kerry Greenwood, ainsi que son talent pour brosser en quelques mots des situations absurdes ou rocambolesques. À l’image du précédent roman, la série se teinte d’un peu de spleen. En effet, Phryne Fisher qui a connu l’extrême pauvreté avant d’hériter d’un titre et d’une fortune, qui connaît les pires coins des villes où meurtres et prostitutions battent leur plein, qui a sauvé des petites filles de la pédophilie, découvre peu à peu que le pire n’est pas ce qu’on voit, mais ce qui reste tapis dans l’âme des Hommes.

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Statut : inédit
Sortie : 3 juillet 2008
Prix : 7,90 €

Biographie de l’auteur

Kerry Greenwood est née à Melbourne, en Australie, où elle vit toujours. Elle est l’auteur d’une vingtaine de romans – dont la série des aventures de Phryne Fisher, commencée en 1989 avec Cocaïne et tralala, et qui compte aujourd’hui quinze volumes -, de plusieurs pièces de théâtre et d’un essai. Kerry Greenwood est avocate à la Commission d’aide juridique de Melbourne.