Le nouveau monde – Avis +

Résumé

Le roi d’Angleterre a décidé de coloniser la Virginie, nouvelle terre découverte quelques années plus tôt. Quatre navires dirigés par le capitaine Newport (Christopher Plummer) accostent. Ils construisent un fort, mais constatent qu’ils ne sont pas seuls. Le capitaine Smith (Colin Farrell) est chargé d’en savoir plus sur ce peuple dirigé par le Powhatan (August Schellenberg). Celui-ci veut le tuer mais sa fille, Pocahontas (Q’Orianka Kilcher), sauve in extrémis le beau capitaine. Celui-ci apprendra les coutumes locales et découvrira ce peuple, ravi.

Avis de Luc

Le parallèle avec La ligne rouge, le film précédent de Terrence Malick, est évident : débarquement des anglais, découverte d’une nature habitée par des hommes qui y vivent en harmonie et que la civilisation va briser.

La caméra suit ces premiers « conquistadors » qui se mettent à douter au contact des Indiens. Le capitaine Smith (Collin Farell) découvre les moeurs étranges de ce peuple bien plus civilisé qu’il n’y paraît et vit avec Pocahontas une passion dévorante. Un grand film, un peu trop lent, hélas, mais très beau.

La partition musicale est à l’unisson de la pellicule. Le film ouvre sur L’or du Rhin de Wagner et se poursuit avec un émouvant concerto de Mozart. En le réécoutant, on se replonge dans les très belles images de cette nature vierge que l’homme aurait dû respecter.

Cet ode très new-age peut paraître naïf, mais il est bon de rappeler que c’est la nature qui guide l’Homme alors qu’Il a trop tendance à faire l’inverse. Le film, d’ailleurs, commence par ce rappel. L’histoire des États-Unis a débuté dans la douleur par un génocide.

Avis de Enora

Les acteurs, tous britanniques (Christian bale, Christopher Plummer, David Thewlis) ou irlandais (Colin Farrell), sont parfaits et donnent le ton très anglais à cette superproduction américaine sortant du lot. La plus belle surprise vient de l’interprète de Pocahontas, la très jeune Q’Orianka Kilcher dont c’est évidemment le premier rôle. Elle a de la noblesse dans le regard et est adulée, du début jusqu’à la fin où elle deviendra une « grande dame » (une lady). Superbe !

Terrence Malick est un poète qui s’exprime par écran interposé et ici encore, il nous offre avec Le Nouveau Monde un moment de pure magie ! Alors installez vous confortablement et lâchez prise avec votre quotidien, l’envoutement commencera dès les premières images, dès les premières notes de Wagner.

Comme John Smith lorsqu’il pose les pieds sur cette terre, le spectateur sentira s’éveiller une partie refoulée de lui-même où la nostalgie du temps où l’homme et la Nature vivaient en harmonie, et fera siennes ses paroles « qui es-tu, toi, que j’entends si faiblement et qui me pousse plus avant ».

Pas de mythe du « bon sauvage », simplement un contraste entre les Indiens Algonquins taquins , heureux de vivre qui ignorent les notions de propriété et d’inégalité sociale et les colons sales, cupides , violent qui s’entre-déchirent constamment.

Lent ce film ? Bien sûr pour nous qui ne savons plus vivre et apprécier chaque instant qui passe ! D’ailleurs Malick ne nous donnera aucune indication de temps, et c’est à nous de suivre le rythme des saisons à travers les changements de la nature, qu’il filme comme des personnages. C’est un réalisateur qui n’hésite pas à arrêter une prise, pour improviser une scène parce que le mouvement du vent dans les herbes l’a fasciné.

C’est aussi un cinéaste qui se nourrit du ressenti des acteurs et ses plus belles scènes sont muettes, tout passant dans le regard, les gestes. Les voix off permettent aux spectateurs de se fondre avec les personnages, c’est un procédé que Malick aime beaucoup, on l’a d’ailleurs appelé « le cinéaste des voix intérieures ».

Colin Farrell incarne merveilleusement un John Smith, tourmenté, qui découvre l’amour comme un rêve qu’il gardera toute sa vie au fond du cœur. Q’Orianka Kilcher est une véritable révélation et elle donne vie à un très beau personnage de femme, entière, décidée, prête à braver son père et son peuple par amour. Elle n’est que don d’elle-même et personnifie en quelque sorte la Terre, d’ailleurs Smith lui dira : « ne te fie pas à moi ». Douloureuse prémonition !

Christian Bale (très bon acteur, trop peu reconnu à mon avis) joue John Rolfe, un planteur qui épousera Pocahontas par amour ; un amour pur, pudique, altruiste. C’est un hymne à quelque chose de perdu : la rencontre entre deux civilisations qui se seraient enrichies mutuellement et le respect de la déesse Mère qui aurait peut être ancré l’humanité dans des valeurs plus vraies.

Fiche technique

scénario : Terrence Malick

Genre : aventure

Date de sortie : 15 février 2006

Avec Colin Farrell, Q’orianka Kilcher, Christopher Plummer, Christian Bale, August Schellenberg, etc.