Le parfum de l’exil – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Là où s’épanouit le jasmin se trouve la première clé. »

Tel est le dernier message laissé à Taline par Nona, sa grand-mère, qui l’a élevée, guidée, accompagnée à chaque étape de sa vie. Celle qui lui a appris à reconnaître tout un univers subtil d’odeurs – chèvrefeuille, amande, terre mouillée… – et à les associer pour créer de nouvelles fragrances. Maintenant que Nona est morte, Taline, terrassée par le chagrin, est seule à la tête de l’entreprise de parfums créée par sa grand-mère.

Sous le massif de jasmin du jardin, elle découvre un carnet en cuir rédigé par Louise, son arrière-grand-mère. Au fil des pages, défile sous ses yeux tout un pan de son histoire familiale : le génocide arménien, la peur, l’horreur, l’exil, mais aussi l’espoir et la renaissance. En levant le voile sur les secrets et les traumatismes du passé, Taline souhaite se libérer enfin des cauchemars qui la hantent pour pouvoir vivre sa propre vie.

De Beyrouth à Paris, un roman puissant et empli de poésie, inspiré de l’histoire familiale de l’auteure, qui évoque les liens mères/filles, la transmission des traumatismes et rend hommage à la capacité de résilience de l’être humain.

Avis de Thérèse

En cette année 2021, on célèbre le vingtième anniversaire de la loi française reconnaissant le génocide arménien. S’inspirant de son histoire familiale, Ondine Khayat nous livre un roman bouleversant qui nous fait vivre ces événements tragiques de l’intérieur.

Quand sa grand-mère Luna meurt à 102 ans, Taline hérite de sa maison de Bandol, de l’entreprise familiale de création de parfums, mais aussi de quelques vieux carnets que celle-ci a laissés à son intention. Dans ces calepins, elle va découvrir le récit de Louise, une enfant arménienne vivant en Turquie au début du vingtième siècle. Peu à peu, Taline comprend que Louise, dont elle n’avait jamais entendu parler, est en fait son arrière-grand-mère, la mère de Luna.

Louise est une enfant heureuse, choyée, vivant dans le domaine familial, entourée de l’amour des siens, en particulier de son grand-père qui sait l’encourager à laisser libre cours à sa poésie, à écrire, à rêver mais aussi à regarder la réalité en face.

A travers l’inquiétude grandissante du grand-père, député du gouvernement turc, on prend conscience de l’évolution de la situation des Arméniens en Turquie, les brimades, les injustices deviennent de jour en jour plus criantes… jusqu’au génocide de 1915.

Survivant par miracle au massacre, n’ayant plus pour toute famille que sa petite sœur qu’elle va protéger contre tout et tous, et qui est devenue sa seule raison de vivre, à quatorze ans Louise va pendant des mois suivre les convois des Arméniens, de camp en camp, exposée à la famine, la peur, la violence.

Durant toute sa vie de femme adulte, Louise va s’adresser en pensée à Gil, son amour d’enfance, son seul amour. Le reste ne sera que survie. Quel amour peut-on donner quand son cœur est détruit ?

Le récit de Louise éclaire certains cauchemars qui hantent Taline depuis l’enfance, alors que personne dans sa famille n’a jamais évoqué l’histoire des générations précédentes. Des études scientifiques indiquent qu’il existe une transmission génétique de certains traumatismes.

Ondine Khayat réussit un roman puissant qui ne peut laisser personne indifférent, mélange de témoignage poignant et de conte oriental, bercé de mots, de parfums, de saveurs, les mots et images poétiques recouvrant les pires horreurs. Louise se réfugie dans les mots, Taline dans les parfums.

Un livre à lire absolument, qui participe au devoir de mémoire. Les dates, les guerres, le nombre de morts, on les connait plus ou moins bien, et parfois on les oublie. Louise, Marie, Gil et les autres, on ne les oublie pas. Ce ne sont plus simplement des chiffres abominables. Quand on referme le livre, on connaît quelqu’un qui y était…

Fiche technique

Format : broché
Pages : 448
Éditeur : Charleston
Sortie : 14 avril 2021
Prix : 19 €