Le plus grand philosophe de France – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un pirate juif hollandais, disciple de Spinoza (qu’il n’a jamais lu), se lance en politique : puisque le Code Noir lui interdit d’être esclavagiste, alors l’esclavage n’a pas le droit d’être. Un jeune comte, Alarmé de l’Implication, qui veut devenir le plus grand philosophe de France, en oublie de culbuter sa chère épouse, qui se désespère. Un petit prince noir obèse embarque sur une galère (d’esclaves) pour ce qu’il imagine être le pays du sucre : la France !

Autour d’eux, une chienne qui parle, une petite fille qui ne se sépare jamais de ses chaussettes, un curé qui pense que l’abstinence sexuelle lui conférera des super-pouvoirs, un vieil infirme libidineux… Tout un petit monde qui s’agite et s’échine à vivre sous l’œil indifférent de Dieu qui préfère le sport à ce spectacle désolant des humains qui s’acharnent à chercher un sens à l’existence et à croire en lui…

Avis d’Emilie

On connaît surtout l’auteur, Joann Sfar, pour ses bandes dessinées, dont le fameux Chat du Rabin, ainsi que pour son film sur Gainsbourg. Son humour sarcastique et philosophique, toujours très « second degré », a le don de faire grincer les dents en même temps qu’il nous fait éclater de rire.

Son second roman ne déroge pas à la règle. Les personnages sont loufoques et attachants. Et ils sont pour le moins variés : du crocodile à la comtesse un brin dérangée, de la vahinée au chien qui parle…

Parfois, le roman prend une telle allure bizarre que l’on ne sait plus si l’on doit rire ou être consterné. On choisit de rire, c’est mieux, et puis les situations sont tellement rocambolesques que le lecteur ne sait jamais à quoi s’en tenir et ne peut en aucun cas prévoir ce qui va arriver.

Cette galerie de personnages un peu dingues à qui il arrive les choses les plus invraisemblables sonne pourtant particulièrement juste. L’histoire est expressive, l’intrigue maîtrisée, c’est une vraie pépite littéraire que l’auteur nous livre.

On arrive à la fin du roman à bout de souffle, soufflé même, la tête pleine d’une histoire savoureuse et saugrenue dont on ne sort pas indemne.

L’auteur ne respecte rien ni personne dans ce roman, mais n’est jamais méchant. Sa force est qu’il n’épargne personne, aussi ne peut-on pas l’accuser de favoritisme dans le choix de ses cibles. Ses esquisses sont également toujours justes, même si découpées au couteau.

On dit qu’il n’y a que la vérité qui fâche, et Sfar a le chic pour taper là où ça fait mal. Il appuie sur les bleus avec perversité mais se fait immédiatement pardonner. On savoure et on déguste, et on referme le livre avec un soupir de bonheur.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 545
Editeur : Albin Michel
Sortie : 28 mai 2014
Prix : 23 €