Présentation officielle
Récit de sages jeunesses ou comment trois soeurs, isolées du monde, filles d’un révérend de village, vont bouleverser la littérature mondiale en écrivant, aux alentours de leur vingt ans, des romans féministes et révolutionnaires avant l’heure, traversés de passions sauvages et charnelles.
En 1836, Charlotte (20 ans), Emily (18 ans) et Anne (16 ans) ne connaissent guère du monde que le presbytère de leur père, une grande bâtisse austère qui surplombe le village de Haworth et dont l’arrière donne sur les moors, ces collines désolées du Yorkshire qui vont nourrir leur inspiration.
Les enfants Brontë écrivent depuis toujours. Leur enfance, marquée par les deuils – perte de leur mère, disparition de leurs soeurs aînées – s’est passée à bâtir des mondes imaginaires dont ils se sont fait les chroniqueurs. Le royaume d’Angria, création de Charlotte et Branwell, est bien vite concurrencé par celui de Gondal, issu des imaginaires conjoints d’Emily et d’Anne. Cette aventure de l’imaginaire, cette émulation fertile, n’a cessé de fasciner critiques et biographes.
Le village de Haworth qui a vu naître Jane Eyre (Charlotte), Les Hauts de Hurle-Vent (Emily) et Agnès Grey (Anne) est devenu une véritable terre de pèlerinage pour les lecteurs depuis 150 ans. Et le Brontë Parsonage Museum, lieu de mémoire dédié aux Brontë dans les locaux du vieux presbytère, est l’un des sites touristiques les plus prisés d’Angleterre.
Avis de Claire
2016 est l’année du bicentenaire de la naissance de Charlotte Brontë, les publications fleurissent, on s’en réjouit. Cette excellente biographie de Stéphane Labbé met en lumière la vie et les oeuvres de la fratrie Brontë, et c’est vraiment passionnant à lire.
La collection A 20 ans impose un format court et concis, qui s’attarde sur la jeunesse d’un auteur. C’est donc tout naturellement que l’on retrouve, dans le premier chapitre, une toute jeune Charlotte Brontë, sur le point de rejoindre l’école où elle va prendre son premier poste d’enseignante. Elle n’a aucune envie de partir, mais n’a d’autre choix, car les finances de la famille sont très faibles.
Le père a tout misé sur le fils prodigue, dont on apprend qu’il porte le même prénom, Patrick, et que l’on nomme Branwell pour les distinguer. Considéré comme un véritable génie, il est à l’origine des mondes imaginaires inventés par la fratrie, inspirés par ses soldats de plomb. Ces espaces de rêverie, d’évasion mais surtout de création (Angria chez Charlotte et Branwell et Gondal chez Emily et Anne) sont leurs écrits de jeunesse, nichés dans de petits carnets à la graphie serrée. C’est leur univers, impénétrable.
Dans la fratrie, Emily est celle qui apparaît comme la plus mystérieuse, la plus sauvage, comme cette lande qu’elle aime tant. En miroir, sa soeur Anne la tempère, elle seule la comprend vraiment. Wuthering Heights est le cri de douleur et de fureur d’Emily, tout comme ses poèmes, d’une lucidité et d’une profondeur désarmantes.
Dans cette biographie vivante, Stéphane Labbé retrace pour nous ces destinées exceptionnelles, qui restent cependant encore bien mystérieuses. Mais il lève assurément un pan du voile, grâce à ses recherches rigoureuses et son analyse fine des oeuvres des soeurs Brontë.
Passionnant.
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 162
Editeur : Au diable vauvert
Collection : A 20 ans
Sortie : 22 avril 2016
Prix : 12,50 €