» L’unique grande désillusion de sa vie « … Une enquête sur les traces de la romancière Jane Austen et du mystère qui influença toute son écriture…
Une rencontre improbable… Les vies de deux femmes dont les destins s’entrechoquent, deux siècles les séparent : Jane Austen, 1808 et Rebecca, 2008. Une découverte sur la vie secrète de Jane Austen va mener Rebecca sur une enquête dont elle ne soupçonne pas les répercussions sur sa propre vie.
L’écriture de Jane Austen nous captive encore deux cents ans plus tard : le cinéma l’utilise souvent comme une matière romanesque féconde (Raison et Sentiments d’Ang Lee, Orgueil et Préjugés de Joe Wright ou la célèbre version de la BBC, Emma de Macgrath, Becoming Jane de Julian Jarrold).
Son œuvre est aussi riche que vaste et par conséquent, nous avons
choisi de l’aborder sous un angle précis : celui de sa propre histoire. En effet, Jane Austen
dépeint des histoires d’amour qui – bien que d’apparence banale – nous plongent au cœur de
la complexité du sentiment amoureux, matrice théâtrale par excellence.
Avis de Claire
Les Trois vies de Jane Austen, la vie qu’elle a vécue, celle qu’elle a rêvée et celle qu’elle a écrite, est une pièce qui propose une réflexion intéressante sur la femme artiste du XIXe siècle à nos jours. Jouée uniquement par deux comédiennes, ce spectacle est une belle réussite !
L’héroïne contemporaine, Rebecca, est une jeune femme moderne. Apparemment forte et sûre d’elle-même, elle pratique le joli métier de restauratrice d’art. Elle entretient d’ailleurs avec les œuvres auxquelles elle redonne vie une relation particulière, complice… Elle leur parle, se confie, les fait entrer dans son intimité.
Alors qu’elle vient de perdre son père, elle est fragile et irritable et se dispute avec son petit-ami au sujet d’une commande de tableau qu’il a entrepris pour elle. Rebecca est aussi artiste mais n’a pas confiance en son talent. Mise au pied du mur par son amoureux, elle est déstabilisée.
Concentrant tous ses efforts dans la restauration d’un petit portrait de gentleman anglais, elle fait une découverte surprenante : celui-ci, Thomas Langlois Lefroy, a été le grand amour de Jane Austen et lui a inspiré ses plus beaux chefs d’œuvres.
Alternant les scènes entre passé et présent, entre Jane Austen et Rebecca, la pièce impose son rythme. Les comédiennes se succèdent dans des instants de vie, où l’amour de leur passion (l’écriture pour l’une et la peinture pour l’autre), leur relation aux hommes et au monde qui les entoure les rapprochent par delà les siècles.
Là où Jane n’a pas pu vivre son espoir de passion amoureuse, elle l’a rêvée et sublimée dans ses écrits, tandis que Rebecca d’un autre siècle n’est plus prisonnière des carcans d’une société qui reléguait constamment la femme au second plan. S’inspirant de la célèbre
Toujours justes et en phase, les deux comédiennes nous montrent toute l’étendue de leur talent. Céline Devalan campe une Jane Austen taquine, vive, intelligente. Elle croque avec brio quelques personnages emblématiques de la romancière, notamment le triste sire « mister Collins », prétendant vite éconduit de Elizabeth Bennet dans Orgueil et Préjugés. Elodie Sörensen, épatante, passe du rire aux larmes avec un naturel désarmant.
Un très très bon spectacle, qui a le mérite de mettre en scène une romancière encore trop rare de ce côté-ci de la Manche. Si vous avez raté cette pièce réjouissante, pas de problème, Les Trois vies de Jane Austen sera au programme de la prochaine saison du Théâtre Essaïon.
Fiche technique
Auteurs : Lesley Chatterley, Céline Devalan, Elodie Sörensen
Metteur en scène : Mardon
Avec Céline Devalan, Elodie Sörensen…
Durée : 70 minutes
Adresse : Théâtre Essaïon – 6 rue Pierre au Lard – 75004 Paris
Réservations et renseignements : 01 42 78 46 42