Les misérables – Avis +

Présentation officielle

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…

Avis de Marielle

Les Misérables est un film remarquable, avec des passages très durs, qui montre la banlieue telle qu’elle est vécue par ses habitants, et non telle qu’elle est représentée dans les médias.

Le film démarre avec la fête de la victoire de l’équipe de foot française en 1998 sur les Champs Elysées. Un moment de grâce où les origines, la couleur de peau, le milieu social sont effacés pour faire éclater un fort sentiment de fierté nationale. Cette parenthèse est de courte durée, et vient le retour à la réalité.

Au commissariat de Montfermeil, Stéphane, un policier tout droit débarqué de Cherbourg, intègre une petite équipe de la BAC, composée de Chris, chef de cette équipe, et Gwada.
Chris est un flic blanc, raciste, violent, lourdingue qu’on a plaisir à détester. Gwada, d’origine malienne, est plutôt un suiveur, un peu lâche, et pas toujours maître de lui. Stéphane, très légaliste, a du mal à comprendre l’attitude peu conventionnelle de ses acolytes. Il découvre la réalité de cette banlieue, les compromissions avec les caïds parfois nécessaires pour que règne un semblant de paix.

Lors des patrouilles de cette équipe, Stéphane fait connaissance avec les gitans, les frères musulmans, les jeunes enfants plus ou moins livrés à eux mêmes et déjà des durs à cuire, des jeunes filles, des mères de famille inventives pour nourrir leurs familles.

Une balade donc qui ouvre les yeux du spectateur sur un monde plein de vie, d’énergie, mais abandonné à son triste sort de chômage, d’échec et de violence.

Les tensions qui règnent entre les différents groupes installent une situation explosive. Et l’explosion que l’on sent venir arrive du côté des enfants. L’un d’eux filme une bavure policière, ce qui déclenche une série d’événements qui finissent par une grande révolte.

Le cinéaste sait de quoi il parle, lui qui a grandi à Montfermeil, y vit encore, et a assisté à ce type de scènes.
Dans un de ses premiers films, un documentaire 365 jours à Clichy-Montfermeil, il montre la suite des émeutes de 2005. Il a également réalisé Go fast, sur le traitement médiatique des banlieues. Il a coréalisé le merveilleux A voix haute avec Stéphane de Freitas.

Avec Les Misérables, il tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme pour que les politiques cessent de laisser pourrir la situation en banlieue et qu’un vrai plan percutant – type Borloo – soit mis en place.

Sur un plan démonstration des conditions de vie au-delà du périphérique, le film est d’une efficacité redoutable, un vrai coup de poing. Heureusement quelques pointes d’humour laissent des moments de respiration.

La mise en scène est excellente, la photo également. Les personnages sont bien campés, tous très bien interprétés. Le casting est impeccable.

Nous ne pouvons que recommander ce très bon film couronné de très nombreuses récompenses.

Sortie : 20 novembre 2019

Durée : 102 mn

Avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga

Genre : policier, drame

Récompenses

  • Prix d’Ornano-Valenti au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2019
  • Prix des Cinémas Art et Essai au Festival de Cannes 2019
  • Prix du Jury au Festival de Cannes 2019
  • Prix de la Citoyenneté au Festival de Cannes 2019
  • Prix du Cinéma Positif au Festival de Cannes 2019
  • Prix CST de l’Artiste-Technicien au Festival de Cannes 2019