Les vertiges de la passion – Avis +

Présentation de l’éditeur

1764. Riche entrepreneur établi à Boston, Samuel Hartley débarque en Angleterre, officiellement pour affaires. Sous un prétexte futile, il fait en sorte de rencontrer la très distinguée lady Emeline Gordon qui, d’emblée, le regarde avec mépris : quel est donc cet Américain sans-gêne qui, comble du mauvais goût, porte des mocassins !

En réalité, Samuel a une arrière-pensée bien précise. Le frère de lady Emeline faisait partie de son régiment massacré par les Indiens à Spinner’s Falls. Depuis ce jour funeste, il n’a qu’une obsession : découvrir le traître qui a causé la perte de ses camarades.

Et, il en est convaincu, c’est à Londres qu’il le trouvera, grâce à l’entregent de lady Emeline qui va l’introduire dans cette société si fermée. Qu’elle le veuille ou non ! Et même s’il doit heurter sa délicatesse toute britannique…

Avis de Marnie

Après sa première trilogie Les trois princes, nous nous posions la question de savoir si Elizabeth Hoyt allait ou non confirmer son talent. Si elle reprend dans cette série de quatre romans intitulée La légende des quatre soldats, la même construction (soit, une déclinaison malicieuse habilement détournée autour de quatre contes pour « enfants »), elle installe une atmosphère nettement plus sombre, comme le laissait présager le troisième et dernier volume des trois princes, et surtout possède une vraie habileté à se rapproprier une histoire classique, ajouter quelques détails originaux et parfaitement bien trouvés afin de nous restituer un récit qui semble soudain totalement nouveau !

Ainsi, Elizabeth Hoyt nous oppose presque dès la première page un colon américain un peu rustre et une aristocrate sophistiquée, un peu imbue d’elle-même. Déjà vu, me direz-vous, mais la romance est un éternel recommencement, le tout est de savoir nous entraîner dans son récit, ce que cet auteur réussit parfaitement. En quelques mots, nous nous attachons à ces deux personnages aussi provocateurs et cyniques l’un que l’autre, car tous deux cachent un secret qui les rendent vulnérables, et soudain alors attachants. Deux ou trois singularités feront alors le reste…

Entre le traumatisme profond (et très réaliste) de l’un dû à une guerre perdue, et le refus de l’autre de « ressentir », il y a comme une sorte de communion dans la souffrance qui se forme en quelques instants. A cela, s’ajoute une violente attirance… qui entraîne le lecteur dans cette relation passionnée, aussi dramatique qu’enjouée. Une des grandes qualités de l’auteur est de savoir mêler sans même que l’on y prenne garde, l’humour et la tragédie, le rire et l’émotion, d’une page à l’autre, d’une phrase à l’autre. Les personnages secondaires charismatiques, différents, bourrés de contradictions mais toujours cohérents, prochains ou non héros des autres volumes, viennent ajouter leur grain de sel et approfondir le roman.

Le thème principal de l’intrigue est le traumatisme psychologique causé par un massacre lors de la guerre des anglais contre les français pour gagner un territoire nommé : Québec (on peut certainement compter sur les doigts d’une main les romances historiques qui parlent de cette défaite « américaine »). Elizabeth Hoyt prend le temps de décrire les ravages psychiques, mentaux et moraux que cela entraîne et que ces hommes ne comprennent absolument pas – nous sommes en 1764 – et qu’ils tentent chacun à leur manière de surmonter tant bien que mal… et plutôt mal que bien !

Le résultat est alors au rendez-vous. De marivaudages en disputes, entre action et péripéties, nous suivons captivés ce récit avec en prime le plaisir de lire des scènes sensuelles qui sont au coeur de la relation entre nos deux héros. D’une violence passionnée, elles donnent une sorte de sincérité tragique à l’évolution de l’histoire… et apportent une tonalité moderne qui sonne formidablement juste ! Vivement le second tome…

Avis de Valérie

La seconde série de Elizabeth Hoyt était particulièrement attendue tant les romans composant la première avaient plu aux lectrices françaises les découvrant.

Ce que l’on pouvait retenir de ses écrits outre une excellente qualité narrative, un style et une imagination originale, c’était sa possibilité de se renouveler à chaque opus et, nous l’avouons, une élégance « crue » dans les descriptions des scènes plus intimes.

Avec ce roman, elle choisit de nous présenter une lady à la limite d’être antipathique et un héros très particulier qui ne cesse de nous interroger avant que l’on comprenne le pourquoi de son comportement atypique.

Samuel Hartley ne s’attache pas à l’avis des autres. Il arrive dans la bonne société anglaise chaussé de mocassins indiens et de jambières en cuir. Il est totalement impossible qu’il puisse être accepté, pourtant, il s’impose avec une force tranquille qui finit par interpeller Emeline. De plus, on le surprend régulièrement à courir des kilomètres sans s’arrêter, jusqu’à épuisement… sans que l’on puisse comprendre pourquoi, avant d’en saisir la raison.

Emeline, elle, est son antithèse parfaite. Elle respecte et accomplit l’ensemble des rites qui constituent les us et coutumes de la noblesse britannique. A la limite d’être rigide, c’est une veuve qui a fait son deuil, mais qui ne compte pas être joyeuse. Elle se reconnaît une seule faiblesse, son fils qu’elle n’a pas souhaité confier à une nourrice.

Avec brio, l’auteur nous amène à nous attacher à ces protagonistes, non pas en nous les vendant à coups de qualités faciles ou en nous promettant une rédemption de premier choix, mais en nous poussant à les suivre dans leur évolution l’un face à l’autre. Une évolution qui ne se fait pas sans douleur, mais petit à petit, bonheur après déconvenue.

Ce qui est encore plus intéressant, c’est que l’intrigue en filigrane bien que secondaire attire toutes les attentions. Cela permet d’éclairer le comportement traumatique de Sam, et d’entrevoir l’intérêt de celui qui sera le héros du prochain roman.

Le lecteur ne possède qu’un seul choix, tourner les pages afin de rester dans l’ambiance de cette romance qui dépasse allègrement le genre pour proposer un récit historique de toute beauté.

Fiche Technique

Format : poche
Pages: 311
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 17 février 2010
Prix : 6,50 €