Présentation de l’éditeur
Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.
Avis de Valérie
Pour son premier film et scénario, Ryan Gosling a décidé de parler d’un sujet qui l’a beaucoup touché, la misère des Américains qui ont cru en un rêve et dont la ville de Detroit est le symbole. Cette ville emblématique où les studios de la Motown ont créé la musique noire américaine (en inspirant celles des blancs), de l’industrie automobile est en banqueroute. Les banques ont poussé les habitants à prendre des crédits pour acheter des maisons à des taux variables et la faillite a touché tout le monde. Des kilomètres de maisons abandonnées bordent la ville, en ruine, incendiées, sans vie.
<img12475|left>Seul souci, si on reconnaît au réalisateur un certain talent pour diriger les acteurs, un esthétisme original et une volonté de ne s’imposer aucune limite, il y a un vrai problème de narration. La fascination pour les images de désolation magnifiées s’oppose à l’horreur des clubs à la limite du snuff, rappelant les cabinets du Grand Guignol.
Le distributeur, The Joker, a permis que nous rencontrions Ryan Gosling ainsi que l’acteur français Reda Kateb, et ce gap remarqué dans le film est d’autant plus important lorsque Ryan Gosling rejette les influences qu’on prête à son long métrage (Brian de Palma, David Lynch ou Kubrik), mais livre avec candeur qu’il revendique plutôt Spielberg à la période E.T. et qu’à son avis il a plutôt tourné un Goonies sombre.
Une chose est gênante, les plans sur la pauvreté, la misère, l’angoisse de cette ville qui est au delà de la mort puisque tellement endettée qu’elle ne peut reposer en paix, sont magnifiquement filmés, embellis, enjolivés. Ce sont des plans que l’on admire, en oubliant la souffrance qui est pourtant le sujet de départ du scénario.
On peut tout à fait respecter les choix artistiques, si dérangeants qu’ils soient, mais où est le sens de ses longs plans étirant le scénario avec ennui ? Beaucoup d’incohérences nous font penser qu’il n’y a pas de logique, et que le montage (refait après la présentation à Cannes) n’est pas le point fort de cette production.
Pour autant, la particularité du film, la personnalité étonnante du réalisateur, l’incroyable travail d’acteur de Matt Smith, la belle Christina Hendricks qui encore ici montre ses nuances de jeux, sa manière étrange de présenter ce qu’il pense être un conte de fées vu par des adolescents séduisent un public. Il mérite donc l’attention de ceux prêts à tester une manière de filmer qui s’affranchie de toutes références…
Fiche Technique
Sortie : 8 avril 2015
Durée : 95 minutes
Avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker, Matt Smith, Eva Mendes, Ben Mendelsohn, etc.
Genre : film de genre
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs