Ma mère, le crabe et moi – Avis +

Présentation de l’éditeur

Tania, 14 ans et demi, vit seule avec sa mère, dans un village du Puyde- Dôme. Vie tranquille, trop tranquille, depuis que ses parents ont divorcé et que son frère aîné est parti faire une école de sous-officiers. Mais l’annonce du cancer du sein de la mère va brutalement les projeter dans un monde plus instable et angoissant…

Avis d’Emilie

A la lecture du résumé, on se dit qu’on ne va pas rigoler toutes les pages avec ce livre. Et on se détrompe assez vite : la jeune Tania, 14 ans, héroïne de ce livre, parle à la première personne et a un sens du sarcasme et de l’ironie très développé ! Si bien que l’autodérision dont elle fait preuve permet de traiter un sujet dur et sensible, le cancer de sa maman, avec humour et pudeur.

Ici, pas question de se morfondre sur ses peurs et ses inquiétudes. Bien sûr, Tania nous en fait part, mais au lieu de s’appesantir dessus, elle se laisse aller à des réflexions drolatiques qui font exploser de rire le lecteur. On citera le passage ou elle s’interroge sur l’ablation mammaire que va subir sa maman sous peu : c’est quel sein ? Perdre une moitié de soi-même, ça ne doit pas être évident. Mais tant qu’à faire, autant que ce soit le sein droit, comme ça, on peut faire croire qu’on est une Amazone !

Tania déteste les gens qui lui parlent de sa mère comme si celles-ci était déjà morte. Après tout, elle est sa mère sont des guerrières et sont bien décidées à piétiner ce maudit crabe !

A aucun moment, on ne tombe dans le pathos larmoyant. ici la bonne humeur est de rigueur. Pas besoin de pitié. On rit à toutes les pages, c’est un réel bonheur. Toutefois, il n’y a pas non plus d’impasse faite sur la réalité des choses : la chimio, c’est dur, ça fatigue, ça fait vomir (ou, comme le dit Tania, ça permet de retapisser les toilettes avec créativité).

On apprend régulièrement des détails sur le traitement grâce aux copines de Tania, qui posent beaucoup de questions, curieuses, et saines dans leur fraîcheur. « Mais tu n’as pas peur ? Un cancer, c’est grave quand même ! » demandent-elles à leur amie. « Et pourquoi on ne lui fait pas simplement des piqûres ?« . On apprendra alors le rôle de la voie centrale. Cette mise en abyme permet de dédramatiser avec subtilité.

Par ailleurs, Tania pratique avec élégance l’ellipse, c’est art de ne pas dire les choses. Elle nous l’explique dès le début du roman : si on dit trop de choses, on saoule le lecteur. Par exemple, on ne dit pas que les héros de romans d’amour ont mangé des rillettes, ça casse le mythe. Tania est très douée pour taire les choses, ce qui ne signifie pas qu’elle n’en parle pas. Mais le lecteur a sa part de travail à faire. Libre à lui de s’imaginer -ou non- ce qui se passe dans les moments tus.

Enfin, ce livre ne parle pas que de cancer. Car Tania est en 3e. Elle a 14 ans, la vie ne peut pas s’arrêter. Elle continue sa scolarité, elle doit faire du sport (du cross, ce qu’elle déteste, mais son prof s’est mis dans la tête de gagner un championnat), elle ne supporte pas son principal, (qui a évolué depuis l’huître et non depuis un singe, comme elle le dit), elle commence à s’intéresser aux garçons… Elle grandit, un peu plus vite qu’elle n’aurait dû sans ce cancer, mais finalement, elle s’en sort bien.

Et c’est là que la puissance du livre se révèle : le seul message qu’il veut faire passer est que, quoi qu’il arrive, on va s’en sortir et que la vie continue. Un optimisme que tout le monde a certainement besoin d’entendre !

Fiche technique

Format : broché

Pages : 125

Editeur : Editions du Rouergue

Collection : DoAdo

Sortie : 15 septembre 2016

Prix : 10 €