Marceline Desbordes-Valmore – Avis +

Présentation de l’éditeur

Vers 1902, alors qu’il prépare une anthologie de poèmes de Verlaine, Stefan Zweig découvre les écrits de Marceline Desbordes-Valmore. Née à Douai en 1786, arrivée à Paris à l’âge de seize ans, elle entame une carrière d’actrice avant de se consacrer à l’écriture. Hantée par une passion déçue, brisée par de multiples deuils, Marceline Desbordes-Valmore mène une existence douloureuse, qu’elle parvient à transfigurer par la poésie.

Si elle-même était aveugle à son propre talent, se considérant comme une « bien ignorante et bien inutile créature », celle que les médisants surnommaient « Notre-Dame des Pleurs » fût pourtant célébrée par Hugo, Balzac, Lamartine ou encore Baudelaire comme l’un des plus grands génies féminins de la littérature. Ne dérogeant pas à la règle, Zweig se joint à ce cortège d’admirateurs et livre dans cette biographie un hommage vibrant à la poétesse, présenté pour la première fois en version intégrale.

Avis de Claire

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859). Si ce nom vous dit quelque chose, c’est que vous avez sans doute appris l’une de ses poésies à l’école, et vous pouvez en remercier l’enseignant qui avait eu à coeur de la tirer des voiles de l’oubli. Poétesse. Une profession rare, précieuse, voire risquée pour une femme, là où un Hugo ou un Lamartine sont encensés.

Ce nom réapparaît aujourd’hui avec la réédition, en Livre de poche, de la lyrique -et très courte- biographie que lui consacra Stefan Zweig, alors qu’il la découvre en 1902 tandis qu’il entame la rédaction d’une anthologie de la poésie française. Le romancier autrichien lui voue visiblement une admiration sans bornes, et n’hésite pas à forcer le trait, appuyer sur les points épineux, et surtout porter aux nues celle que ses contemporains avaient qualifiée de génie.

Sa vie est un roman, pardon, plutôt une tragédie. A la manière d’une Mary Shelley, la mort la rattrape sans cesse, le malheur frappe sans relâche. Des abimes insondables de sa souffrance, elle en tire des vers magnifiques, dans leur simplicité, mais aussi dans leur vérité. On la connaît surtout pour ses poésies où elle magnifie la maternité. Elle qui a perdu successivement quatre de ses cinq enfants, imagine pour ces petits êtres qu’elle aime plus que tout, des mots doux pour calmer la faim et le froid.

Cette nouvelle édition a la bonne idée de compléter le texte de Stefan Zweig avec des poésies, quelques « fragments autobiographiques », des lettres, des hommages rendus par les plumes les plus influentes de son siècle. Nous avons ainsi le sentiment de mieux la connaître, et cette réflexion nous taraude, quelle vie, quels malheurs, quelle résilience, dont elle a dû faire preuve pour tenir, encore et encore.

Si vous ne le connaissez pas encore, précipitez vous sur ce petit livre, où Stefan Zweig nous livre un vibrant et vivant portrait de celle qu’il a appelée « la déshabituée de l’amour ».

Fiche technique

Format : poche
Pages : 303
Editeur : Le Livre de Poche
Sortie : 19 août 2020
Prix : 7,70 €