Marche et démarche – Avis +

Présentation officielle

Après La Mécanique des dessous (2013) et Tenue correcte exigée ! (2017), le Musée des Arts Décoratifs poursuit l’exploration du rapport entre le corps et la mode avec un troisième volet aussi surprenant qu’original autour de la chaussure, la marche et la démarche.

L’exposition Marche et démarche, du 7 novembre 2019 au 23 février 2020, s’interroge sur le statut de cet accessoire indispensable du quotidien en visitant les différentes façons de marcher, du Moyen Âge à nos jours, tant en Occident que dans les cultures non européennes. Comment femmes, hommes et enfants marchent-t-il à travers le temps, les cultures et les groupes sociaux ?

Près de 500 œuvres : chaussures, peintures, photographies, objets d’art, films et publicités, issues de collections publiques et privées françaises et étrangères, proposent une lecture insolite d’une pièce vestimentaire tantôt anodine tantôt extraordinaire. La scénographie a été confiée à l’architecte/designer Eric Benqué.

Le thème de cette exposition est né lors de l’étude, dans les collections du musée, d’un soulier porté par Marie-Antoinette en 1792. Cet objet est étonnant par ses dimensions puisqu’il mesure 21 cm de long, et pas plus 5 cm de large. Comment une femme alors âgée de 37 ans pouvait-elle glisser son pied dans un soulier aussi menu ?

La recherche dans les textes de l’époque – chroniques, mémoires, romans – révèle que les dames de l’aristocratie au XVIIIe siècle, puis de la haute bourgeoisie au XIXe siècle, marchaient peu, que leur mobilité était contrôlée et que l’univers urbain leur était hostile.

Avis de Claire

La chaussure en tant qu’objet d’exposition, l’idée peut surprendre mais le Musée des Arts Décoratifs se révèle être l’écrin idéal pour cette mise en avant d’un objet si usuel qu’on n’y pense même plus. A travers le temps et les continents, l’expo décline la chaussure sous toutes ses formes, même les plus inattendues !

La chaussure a pour fonction première de protéger le pied, de permettre de marcher, et d’être à l’aise, du moins c’est ce que l’on attend de cet objet aujourd’hui. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Dans la culture judéo-chrétienne, les chaussures sont signe de liberté et de voyage. L’absence de chaussures, par contre, symbolise la servitude et l’immobilité. Le déchaussement est également un signe de respect dans certaines cultures.

Au 18e siècle, les paysans et travailleurs marchaient avec de lourds sabots de bois, et seuls les privilégiés avaient des souliers délicats, en particulier les femmes, dont les souliers trop fragiles les obligeaient à l’oisiveté. L’exposition insiste d’ailleurs sur chaussures et classe sociale. De la même manière, les petites chinoises à qui l’on bandait les pieds, pratique aussi cruelle qu’inutile, avait pour but d’emprisonner littéralement les femmes puisque le moindre pas devenait douloureux.

Les chaussures c’est aussi du sport ou de l’art, avec des baskets, des ballerines, des éléments de costumes et de déguisements, à l’image de la bottine de Charlot, l’un des clous de cette exposition. La chaussure fait autant le moine que l’habit, et est un accessoire essentiel. Objet de séduction, comme les escarpins sex-appeal Louboutin, dont la fameuse semelle rouge (c’est avec le vernis rouge de son assistante que Christian Louboutin a eu l’idée qui est devenu sa marque de fabrique), la chaussure galbe et grandit, flatte et donne confiance.

De salles en salles, c’est à un véritable voyage dans le temps et l’espace que nous invite le Musée des Arts Décoratifs, à travers les époques et les civilisations, et en révèlent beaucoup sur l’humain. Passionnant de bout en bout !

Fiche technique

Adresse : Musée des Arts Décoratifs 107, rue de Rivoli 75001 Paris

Téléphone : +33 (0)1 44 55 57 50

Horaires : du mardi au dimanche de 11h à 18h

Tarifs : de 8,50 à 11 €