Présentation officielle
En 1816, le couple est invité à passer l’été à Genève, au bord du lac Léman, dans la demeure de Lord Byron. Lors d’une nuit d’orage, à la faveur d’un pari, Mary a l’idée du personnage de Frankenstein. Dans une société qui ne laissait aucune place aux femmes de lettres, Mary Shelley, 18 ans à peine, allait révolutionner la littérature et marquer la culture populaire à tout jamais.
Avis de Claire
Second long-métrage pour la réalisatrice saoudienne Haifaa Al-Mansour, après le brillant et réjouissant Wadjda, où elle démontait, sans porter de jugement, les travers de la société saoudienne envers les femmes, avec l’histoire d’une petite fille qui voulait simplement faire du vélo. La voilà à présent qui s’attaque à un véritable mythe littéraire,
Dès les premières images, l’orage qui gronde, la voix d’Elle Fanning, la musique envoûtante de l’actrice et chanteuse Amelia Warner (accessoirement l’épouse de Jamie Dornan), tout nous invite et nous transporte. La vie de Mary n’est pas facile, sans cesse rabrouée par la seconde épouse de son père, qui lui voue une jalousie féroce (elle est après tout la preuve vivante de l’amour fou entre ce père aujourd’hui dénué d’entrain et la flamboyante féministe Mary Wollstonecraft).
Mary est le digne fruit de cet amour. Ses deux parents sont très célèbres. Son père, le libraire et écrivain politique William Godwin, a écrit notamment Enquête sur la justice politique et son influence sur la vertu et le bonheur en général, inspiré par la philosophie des Lumières, et sa mère, Défense des droits de la femme, qui a marqué les esprits. La jeune fille écrit, elle aussi, mais, sans cesse poussée par son père, elle ne fait, selon lui, que noircir sans relâche et en vain les pages de son cahier.
Lorsqu’elle rencontre le célèbre poète Percy Shelley, c’est sans doute un coup
De paysages tourmentés, en cimetières brumeux, de châteaux perdus, en appartements sordides, l’échappée belle de Mary l’ouvre au monde, mais ne lui épargne pas la douleur. Le film s’attache à nous affirmer que toute la jeunesse de Mary, tout ce qu’elle a vécu, la mort prématurée de sa mère, la librairie de son père, un voyage fondateur en Ecosse, sa passion dévastatrice pour Shelley, la perte de ses bébés, l’ont amenée à construire strate par strate son chef d’oeuvre littéraire.
Elle Fanning, toujours juste, prouve qu’elle est autre chose qu’un joli minois qui fait vendre cosmétiques ou joaillerie. De film en film, elle impose son jeu et sa présence, dans des rôles qu’elle choisit avec soin, veillant à toucher à tout. Une chose est sûre, elle a bien grandi depuis Maléfique. Incarnant Mary Shelley avec autant de force que de grâce, l’actrice américaine montre qu’elle a décidément bien du talent. Elle forme avec Douglas Booth (Percy Shelley) un couple à la fois glamour et torturé.
Si Mary Shelley semble bien éloigné de l’univers de Wadjda, les thématiques se rejoignent. Qu’est ce que grandir et s’épanouir dans une société qui ne donne pas, ou peu, sa place à la femme,
On ne peut qu’adhérer à la vision de Hafiaa Al-Mansour, qui détricote la vie de Mary Shelley pour mieux démontrer comment elle a construit son œuvre. Sans cesse en bataille, sans cesse en tourments, le destin de la romancière a trouvé son accomplissement, sa raison d’être, dans cet incroyable roman, dont on célèbre cette année les 200 ans de la première publication.
Fiche technique
Sortie : 8 août 2018
Durée : 120 minutes
Avec : Elle Fanning, Douglas Booth, Tom Sturridge, Bel Powley, Joanne Froggatt, Maisie Williams…
Genre : biopic