Michel Vaillant

En entrant dans la salle je dois reconnaître que je m’attendais au pire. Le simple fait qu’il s’agisse d’une production Besson dont le sujet principale est la voiture me faisait irrémédiablement penser à Taxi dont je n’avais pas une très haute estime.

C’est donc sur d’énorme préjugés que la séance débuta dans une salle minuscule avec seulement 4 personnes dans la salle. Le début du film me conforta dans mes présupposés puis petit à petit le charme opéra et la je me vis presque avoir envie de baffer la méchante, très méchante, et d’encourager un Michel très Vaillant et très princier. Comment le charme opéra ? Tout d’abord pas la photographie qui fait immédiatement penser à une BD. Les courses de voitures sont filmés de très haut avec une impression à la fois statique (la caméra suit le déplacement à la verticale) et dynamique (notre cerveau comprend bien que les voitures avancent) et cela sans les traditionnelles ombres d’hélicoptère qui gâchent d’habitude toute poursuite de voitures. Lorsque le clan Vaillant se retrouve en haut d’une falaise pour enterrer un de leur proche la caméra se positionne au loin, au dessus de l’eau, donnant une vue d’ensemble, du paysage somptueux et des personnages, très bande dessinée. Les plans d’intérieurs sont très adroitement filmés avec une immobilité de case de planche dessinée qui donne un style très intéressant. Les courses de voitures sont filmées avec juste ce qu’il faut de vue embarquée avec parfois une vue vraiment embarquée, en noir et blanc à l’instar de ce que l’on peut voir lors des courses F1. Chaque technique est utilisée à bon escient et sans se répéter.

Évidemment les effets de caméra ne suffisent pas à captiver le spectateur avide d’émotions. De plus, l’histoire n’aide en rien à accrocher étant donné que le scénario est ultra simpliste et déjà vu cent fois. La plupart des évènements ne servent qu’à mettre en exergue les aptitudes de Michel Vaillant (capable de faire un tour de circuit les yeux fermés et sans changer de vitesse) et n’ont donc pas d’autres intérêts. Pour le reste ce n’est pas très original, les ennemis jurés que l’on croyait disparus, les affreux « Leader » reviennent, vraiment pas contents, et iront jusqu’à la tentative de meurtre et à l’enlèvement pour tenter de vaincre l’écurie Vaillant. Je vous tairai la fin mais vous la devinerez sans souci. Si ce n’est donc pas l’histoire qui m’a subjuguée, sont-ce les personnages ? La réponse est non, en tout cas presque un non absolu. Les caractères des personnages sont stéréotypés (les méchants sont très méchants et les gentils très gentils), le jeu des acteurs secondaires est moyen. Ce qui passe très bien dans une bande dessinée passe mal au cinéma et tous, presque tous, les personnages semblent en deux dimensions, en carton pâte. Le gros point noir du film reste les dialogues, très difficile à suivre car la plupart des étrangers s’obstinent à parler dans un français horrible, incompréhensible de par l’accent chewing-gum des américains.

J’en suis presque à la fin de mon article et je n’ai toujours pas donné la réponse à ma question initiale. La réponse tient en un nom : « Sagamore Stévenin ». Cet acteur est un grand acteur. Il arrive très rapidement à nous faire croire au personnage de Michel Vaillant. Un Michel Vaillant infaillible, sensible, honnête, à l’écoute, intègre, le tout en étant un extra-terrestre de la conduite. Il sait aussi être un homme d’action à l’occasion et ne dédaigne pas briser un ou deux nez d’un coup de tête savamment placé. Tout cela devient crédible par la grâce et le jeu de Sagamore Stévenin. Lors de la scène du début, on le voit discuter avec un indien avant une course. Tout autre acteur que lui aurait fait penser à Wayne’s World, et bien lui non. On comprend sans un mot qu’il cherche à être à l’unisson avec son environnement afin de pouvoir exploiter les meilleures performances de son véhicule. Les explication donnés par son équiper sont presque de trop tant Sagamore Stévenin incarne un Michel Vaillant qui ne laisse pas au hasard et surtout pas au climat, le résultat d’une course. Et pendant tout le film il ne laisse rien transparaître, pas même pendant une seconde, qu’il pourrait être faillible. Il gère sa vie comme une course, avec audace, intelligence et surtout avec brio. Le résultat est immédiat, on vibre à chaque virage, à chaque accélération.

Michel Vaillant existe, c’est Sagamore Stévenin.