« Naissance »

Notre distinction remonte à toute l’éternité : si loin, tellement loin. Bien avant l’époque du chaînon manquant, de l’homme des cavernes et de la découverte du feu. Au 8e jour de la Création.
C’est à cette période que nos évolutions se séparent en deux clans : Eux et Nous. Deux catégories d’Etres.
« Comment est-ce possible ? » te demandes-tu. C’est possible. Aussi réel que la gravité que tu admets sans peine.
Aujourd’hui, je dois la vérité à l’Humanité tout entière. Il est pourtant si facile d’ignorer un sujet qui nous dépasse.
Est-il envisageable de côtoyer des individus incontestablement, irrémédiablement différents de ce que l’on est profondément ?
Mais remontons le temps Ami Lecteur. Suis-moi si tu le souhaites. Tu seras probablement effrayé. Tu ne croiras sans doute pas à la véracité de mon récit. Mon esprit a eu du mal à admettre l’Unique Vérité. Mais, viens !!! Connais donc dans la Naissance du Mythe.

Comme je l’annonçais dans les premières lignes de mon récit, la séparation de nos deux peuples remonte à la nuit des temps. Notre saga commence, il y a 4 millions d’années environ. Nos plus lointains ancêtres, de petits bipèdes d’à peine un mètre vingt, sont originaires d’Afrique australe, vivent de chasse et de cueillette et construisent de sommaires outils. L’évolution de l’espèce a un court assez calme : l’Homme chasse, mange, se reproduit, se protège des prédateurs et prépare son avenir. Mais, dans l’ombre, le plus incroyable bouleversement que notre planète n’est jamais connue s’esquisse furtivement mais sans aucune chance de retour.
Le monde où nous vivions était enchanteur : la somptuosité et le goût dominaient la vie de tous. Le temps y était toujours beau. La violence, la jalousie, l’envie étaient inconnues. Telle la vie au Jardin d’Eden, la nation respirerait paisiblement.
Lors d’une aurore identique à tant d’autres bien avant elle l’un – ou plutôt l’une devrais-je dire – d’entre nous s’éveilla brusquement au prise à un trouble sibyllin. Elle était physiquement comparable à toutes les aubes, mais elle sentait en elle l’amorce d’une métamorphose. La perception du monde qui l’entourait s’était éclaircie : les oiseaux chantaient avec plus de clarté, le vent soufflait plus distinctement, les fleurs des champs parfumaient avec plus d’ardeur. Sa démarche devint plus fluide au cours des jours suivants. Elle avait peur, mais se sentait tellement plus puissante.
Même si ce changement la troublait démesurément, elle ne confessa pas le tourment que provoquait cette mutation. Elle ne voulait pas paraître différente de ses pairs. Car, dans ce monde mystérieux, la diversité n’était guère recommandée. Il en allait, semble-t-il de la survie de l’espèce.
Après quelques jours d’accalmie, le phénomène s’amplifia. Elle devint d’une beauté souveraine. Sa présence associait sang, sexe et mort. Elle représentait la forme ultime de domination. L’homme qui, dans nos sociétés modernes, était son époux s’en aperçut et lui demanda ce qui se passait. Ne sachant que répondre, elle lui mentit et répondit que tout était parfait. Réponse judicieuse mais improbable. Tous avaient senti le bouleversement. Son époux, insulté par l’affront de sa compagne, réunit le Grand Conseil afin de savoir quelle décision il devait prendre.
Adam répudia donc Lilith. Isolée mais puissante, son caractère sanguinaire, jaloux, luxurieux et impudique se développa. Lors d’une nuit sans lune, elle rencontra Samaël, l’Ange de la Mort. Elle devint alors la Reine des Démons, des succubes et des mauvais esprits. Elle suce depuis lors le sang des nourrissons et dépouille les jeunes hommes de leur vitalité dans leur sommeil.

Ce récit t’a surpris lecteur, je le lis dans tes yeux. Eh, bien, je te dis la vérité : les vampires existent, j’en suis devenu un. Ce clan – mon clan désormais – fut rejeté alors que nous ne savions même pas cultiver la terre. Je t’ai simplement raconté la Naissance du Mal absolu dont Lilith est l’Incarnation.

Cécilia Jamart
Le 02 mars 2003