Noir sur blanc – Avis +

Présentation de l’éditeur

Mizuno, romancier, s’inspire d’un nommé Kojima, rédacteur dans une maison d’édition, pour former le personnage de son nouveau roman et lui donne par erreur le même nom. A la fin du roman, le personnage est assassiné par un tueur démoniaque qui ne laisse aucune trace.

Le vrai Kojima meurt bientôt dans d’étranges circonstances, pendant que Mizuno vit une passion intense avec une femme mystérieuse dont il ne connaît ni le nom ni l’adresse. Quand les soupçons se referment sur l’écrivain, il est bien incapable de prouver son innocence …

On retrouve dans ce roman inédit les secrets de fabrication des grands romans de Tanizaki : des situations équivoques et perverses où la fiction rattrape le réel, une atmosphère d’inquiétante étrangeté fondée sur le sexe et la mort.

Avis d’Emilie

Ce roman est tout simplement exceptionnel d’un bout à l’autre. C’est typiquement le livre dont on voudrait que nos amis l’aient lu pour pouvoir en discuter. Construction, thème, rythme, narration… Tout est calculé au poil près pour une fin explosive et surprenante, qui nous interroge sur l’intégralité du roman. On veut le relire tout de suite pour mieux comprendre et assimiler tous les indices qui nous ont été offerts.

Le texte est raconté à la première personne. Un écrivain de romans policiers vient de rendre son roman et se rend compte qu’il a confondu deux noms. C’est très gênant, car il s’est inspiré d’une connaissance qu’il n’aime pas pour son personnage assassiné. Il est à craindre que celui-ci le prenne mal s’il vient à lire le roman. S’ensuit alors une incroyable épopée à travers Tokyo pour tenter de corriger cette erreur. On y croisera une foule de personnages plus curieux les uns que les autres, un rédacteur obstiné, une femme mystérieuse, des bonnes rieuses… La vie de notre écrivain, en moins d’un mois, traverse une énorme crise à laquelle il voit de moins en moins de solutions.

Le plus remarquable est sans doute cette triple mise en abyme. Pour écrire son romancier, Tanizaki s’est inspiré de lui même. L’auteur et le narrateur se confondent donc avec plaisir pour le lecteur, d’autant que l’auteur n’a pas gâté notre narrateur. Celui-ci est profondément antipathique. Pingre, flambeur, méchant et calculateur, il n’a pas grand chose pour se faire aimer. Paresseux, il ne travaille que parce qu’il y est obligé. Il est amusant de savoir que Tanizaki a avoué qu’il avait pris dans ses propres défauts pour créer le personnage. C’est la première mise en abyme.

La seconde se déroule dans le livre de notre narrateur : il s’agit d’une enquête policière qui reprend bien des faits de la vie de son auteur, à tel point que celui-ci s’y trompe et finit par confondre des noms. Enfin, l’intrigue du roman dans le roman se révèle exacte, comme un présage, si bien que notre narrateur se voit accusé de meurtre.

Ce délicieux enchevêtrement d’intrigues nous captive et nous obsède : impossible de refermer le livre.

Quant à la fin… elle est tellement surprenante et délicieuse qu’elle remet en question tout ce qu’on a lu. Est-ce que c’est vraiment arrivé ? Qu’a-t-on raté ? On ne le voit pas venir, quel talent !

Fiche technique

Format : broché

Pages : 304

Éditeur : Philippe Picquier

Collection : Grand format

Sortie : 3 mai 2018

Prix : 19,50 €