Nous, Tikopia – Avis +

film documentaire français de Corto Fajal (2018)

Présentation de l’éditeur

Sur l’île de Tikopia, le jeune roi Ti Namo a la lourde tâche de maintenir les conditions de vie de son peuple et les transmettre aux générations à venir. Issus d’une civilisation vieille de 3 000 ans, lui et son peuple sont désormais confrontés à des enjeux qui perturbent la relation millénaire qu’ils entretiennent avec leur île.

Pour relever ce défi, Ti Namo s’appuie sur l’héritage de ses ancêtres qui ont bâti un système dans lequel depuis toujours l’île est leur principal partenaire. Dans une ambiance sonore et musicale organique, le film renvoie comme un miroir, le reflet de notre monde et illustre les choix qui déterminent la survie ou non d’une civilisation. C’est finalement un peu de la grande histoire de <img18808|right>l’humanité qui se raconte sur cette Terre miniature.

Avis de Valérie

Tikopia, vous connaissez ? C’est une toute petite île de l’archipel des îles Salomon – au nord-est de l’Australie – qui a bénéficié d’une relative tranquillité, car éloignée des autres îles plus importantes.

Corto Fajal s’y est rendu déjà trois fois y tourner des images et il présente aujourd’hui un documentaire possédant une force émotionnelle amenée à la fois par la poésie qui lie le scénario, et par le grand intérêt de la culture tikopienne. Comme de nombreux peuples premiers, ils ont gardé – malgré la contamination de la société moderne – un mode de vie qui n’a pas beaucoup changé depuis l’émergence de cette terre volcanique.

La narratrice est la Terre ancestrale qui s’adresse au roi de Tikopia, Ti Namo. Ce dernier lui répond, incluant passé et présent. La beauté des lieux n’évite pas les dangers venus de l’Occident : la pollution qui fait monter les eaux est une vraie menace pour leur survie. Comme le tourisme de masse qui ne peut s’empêcher de flétrir leur nature en polluant alors qu’ils ne peuvent recycler (même s’ils ont besoin des devises pour se nourrir). Puis, la modernité a entraîné la surpopulation que les ressources inhérentes à la superficie réduite ne peuvent pas absorber.

Nous avons eu la chance de rencontrer le roi Ti Namo[[voir nos photos plus bas]] ainsi que l’un de ses conseillers et ses quatre chefs (à la tête de l’une des quatre tribus peuplant l’île), venus en France pour présenter le documentaire. Ils avaient envie de renouer des liens perturbés par une mauvaise réception d’un certain navire français, la Pérouse. Ce fut fait en forme de clin d’oeil !

C’était passionnant de les voir embrasser de si nombreux concepts qu’ils ne pouvaient pourtant absolument pas imaginer avant, avec une vraie gentillesse, et une belle réflexion. Bourré d’optimiste, malgré un recul obligé par sa position, le roi Ti Namo est incroyable en « vrai » comme sur un écran.

Ce documentaire n’est pas seulement beau, passionnant, mais il permet de glisser un œil dans une société qui refuse le pouvoir de l’argent, même si le roi sait qu’il en a besoin pour subvenir aux besoins de son peuple. Accrochés aux traditions pacifiées par le christianisme, ils ont à la fois un pied sur la terre de leurs ancêtres, comme un autre sur la modernité qui les entoure.

Un grand écart qui fonctionne et qui fait rêver en ces temps troublés.

Fiche Technique

Sortie : 7 novembre 2018

Durée : 100 minutes

Genre : documentaire