P. Mon adolescence trans – Avis +

Présentation de l’éditeur

Fumettibrutti, sous le diminutif  » P. « , revient ici sur son adolescence. C’est l’année du bac, elle est mal dans son corps et dans le genre qu’on lui a assigné à la naissance. Elle décide de laisser pousser ses cheveux, puis elle met des jupes, couche avec des hommes. Entre les cours au lycée, les soirées en boîte de nuit et les consultations chez la psy, commence alors pour P. un combat pour s’accepter et être acceptée.

Avis de Hiro

Fumettibrutti est le nom de plume de l’autrice italienne Josephine Yole Signorelli. Cela veut dire ‘BD moche’ et ce pseudo est en parfaite concordance avec le roman graphique P. Mon adolescence trans. Celui-ci est autobiographique, elle y dévoile son adolescence quand elle était encore P. aux yeux des autres. Lorsque son corps et le genre qu’on lui avait assigné à la naissance la faisaient souffrir.

P. est une adolescente perdue. Elle est un homme pour son entourage. Elle ne se sent pas à l’aise avec cela, mais elle ne peut pas se définir autrement. Elle est un homme bizarre et se déride peu à peu. Elle casse alors les codes, brouille la frontière des genres. C’est douloureux et fait passer cette souffrance avec de nombreux excès, notamment sexuel. Faire l’amour lui permet de se dire qu’on veut d’elle. Son corps devient un objet pour ceux qu’elle rencontre, qu’elle exploite aussi, sa manière pour se sentir vivante. P. ne veut pas mettre de mots sur ce qu’elle ressent, même si peu à peu, l’idée de ne pas être un homme va faire son chemin.

P. Mon adolescence trans relate une histoire d’autodestruction. Lorsque l’on se déteste, mais que l’on a besoin d’être vue, d’exister, d’être prise en compte. On tombe dans une spirale où la maîtrise se perd peu à peu et où on fait ce qu’on attend de nous. L’expression de cette détresse peut se manifester de plusieurs manières. Fumettibrutti nous montre la brutalité avec laquelle elle a exprimé la sienne durant son adolescence.

Cette sombre histoire est soulignée par son style graphique volontairement moche. Lorsqu’on ouvre le livre pour la première fois, on ne peut être que surpris. D’un côté il y a le dessin singulier avec des traits grossiers et de l’autre, le code couleur très visuel nous frappe. Le tout ne donne pas forcément envie d’aller plus loin. Cependant le fond du récit fait passer cela au second plan. Au fil des pages, on comprend la force de ce choix esthétique peu habituel.

P. Mon adolescence trans est une œuvre universelle. Il aborde certes un sujet spécifique, mais cela ne l’empêche pas d’exprimer des émotions et des sentiments communs à de nombreuses personnes. Il aidera les jeunes trans qui se posent des questions, mais aussi toute personne qui se sent perdue ou pas à l’aise dans leur corps.

Le chemin vers l’acceptation est long et n’est pas une chose facile atteindre, mais il est possible de s’en sortir et de surpasser les épreuves. En effet, cette histoire n’est pas que celle d’une douleur profonde et insoutenable, c’est aussi une histoire de déblocage.

Fiche technique

Format : broché
Pages : NC
Éditeur : Massot Editions
Sortie : 17 mars 2022
Prix : 19,90 €