Papicha – Avis +

Présentation officielle

Alger, années 90.

Nedjma, 18 ans, étudiante habitant la cité universitaire, rêve de devenir styliste. A la nuit tombée, elle se faufile à travers les mailles du grillage de la Cité avec ses meilleures amies pour rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations aux papichas, jolies jeunes filles algéroises.

La situation politique et sociale du pays ne cesse de se dégrader. Refusant cette fatalité, Nedjma décide de se battre pour sa liberté en organisant un défilé de mode, bravant ainsi tous les interdits.

Avis de Claire

Nedjma (« l’étoile » en arabe, comme le beau roman éponyme de Kateb Yacine) a l’âge de tous les possibles. Elle aime les jeans troués, chanter avec ses amies, aller à la plage, dessiner, et surtout faire le mur avec son amie Wassila pour aller faire la fête. Elles sortent en douce de la Cité U, un taxi clandestin les attend, elles se changent à l’arrière de la voiture, dans un vacarme de musique et dans la fumée des cigarettes qu’elles allument à peine parties… Quoi de plus normal pour un jour de week-end ?

Sauf que nous sommes en Algérie, lors de la décennie noire, durant les années 90, au temps où l’horreur avait atteint son paroxysme. La population vivait littéralement dans la terreur, et chaque acte anodin devenait un acte de résistance. On comprend vite l’enjeu : Nedjma et ses amies veulent vivre, tout simplement. Et elles osent, encore, là où d’autres se sont déjà laissées embrigader. Elles portent des jupes, se maquillent, font des études, sortent s’amuser. Cette soif de liberté gêne.

Nedjma a une soeur journaliste, un père absent, une amie voilée, une autre délurée, et surtout une passion, elle dessine sans relâche des patrons de robes, qu’elle crée parfois pour des copines, et qu’elle revend dans les toilettes d’une discothèque. Et surtout, Nedjma aime son pays. Algérie, mon amour, Algérie pour toujours pourrait être son leitmotiv. Ils sont nombreux à chercher à partir, à quitter le navire en perdition. Mais pas Nedjma. «Je suis bien ici, pourquoi je devrais partir ? J’ai ma famille, mes amis, mes études». La jeune femme ne demande qu’à mener une vie normale.

Mounia Meddour a pu filmer en Algérie, fait rare, et l’on reconnaît bien certaines vues d’Alger la Blanche, majestueuse. Caméra au poing, comme une arme d’auto-défense, la cinéaste prend le parti de suivre ses personnages au plus près, notamment l’excellentissime, la brillante et solaire Lyna Khoudri [[Festival du film francophone d’Angoulême 2019 : Valois de la meilleure actrice]], au tempérament de feu, qui insuffle une énergie incroyable au film. Sa bande de copines (les Papichas -jolies filles- toutes formidables) complètent cette belle distribution presque exclusivement féminine, les personnages masculins n’apparaissant épisodiquement que pour mettre des bâtons dans les roues, agresser ou commander [[Sauf le professeur de littérature, mais qui lui, se voit arrêté par la police intégriste]].

Notez que le film est interdit dans son pays d’origine, l’Algérie, malgré une avant-première programmée. En regard de l’actualité dans le pays, ce film est à voir absolument ! Une ode à la jeunesse, à la résistance et à la vie qui pourrait bien devenir le film-symbole de la révolution actuelle.

Fiche technique

Sortie : 9 octobre 2019

Durée : 106 minutes

Avec : Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Nadia Kaci, Amira Hilda Douaouda, Zahra Manel Doumandji, Meriem Medjkrane, Marwan Zeghbib

Genre : drame