Paranoïa : tome 1 – Avis +/-

Présentation officielle

« L’une est la seule à le voir. L’autre est la seule à la croire. »

Lisa Hernest, psychiatre spécialisée dans les cas complexes, est appelée à l’institut Saint-Vincent. Elle va rencontrer sa nouvelle patiente : Judy Desforêt, vingt ans et enceinte de cinq mois, internée pour paranoïa et hallucination.

Dès leur première entrevue, Judy fait preuve d’une lucidité et d’un discernement hors pair. Et plus Lisa apprend à la connaître, plus leurs échanges viennent ébranler ses propres convictions. Entretien après entretien, Judy lui livre en effet une curieuse histoire, mêlant sa quête des racines familiales en Angleterre et la présence d’un certain Alwyn, cet homme qui la suit comme son ombre depuis toujours.

Progressivement, Lisa, l’experte en âmes fragiles, sent ses moyens lui échapper et Judy la déstabiliser. À mesure que les mois passent et que la date de l’accouchement approche, la vérité paraît s’éloigner.

Avis de Chris

Judy est internée à Saint-Vincent pour une paranoïa et un refus de s’alimenter, alors qu’elle est enceinte de 5 mois. Pour tenter de l’apprivoiser, après de nombreuses crises où elle a voulu attenter à sa vie, le corps professionnel fait appel à Lisa. Cette psychiatre de grande renommée va devoir percer le secret qui entoure cette jeune femme particulièrement lucide sur sa vie.

Entre la présentation de l’éditeur et le contenu du roman, il y a un gouffre. S’attendant à une histoire nous plongeant dans la psychologie humaine, on en est loin du compte. On suit bien plus la vie de Judy que sa thérapie. Preuve en est, finalement, Lisa a très peu de chapitres à son actif.

Paranoïa est avant tout une histoire d’amour teintée de fantastique où la psychologie peine à faire son entrée. La thérapie n’est quasiment pas explicitée. Pourtant, le début est propice à l’échange. Seulement, rapidement, on ne suit plus que Judy et Alwyn. Lisa devient juste une personne lambda avec ses problèmes de couple qu’elle tente de résoudre très maladroitement. Pour une psychiatre si réputée, ça en devient risible.

L’écriture du roman est plutôt bonne et se laisse lire sans souci. Les chapitres sont courts et dynamiques. Quelques dialogues sonnent creux, tandis que les descriptions restent sommaires mais suffisamment détaillées pour savoir où l’on se situe. Parfois, des petits cliffhanger animent l’envie du lecteur d’en savoir davantage sur cette histoire. Au bout du compte, Paranoïa se dévore très vite.

Ce Young Adult sans prétention paraîtra un peu trop adolescent malgré les thèmes abordés. L’amour est particulièrement bien décrit sans tomber dans le mielleux. D’ailleurs, celui qu’entretient Alwyn et Judy est touchant et plutôt bien développé. En revanche, celui de Lisa et de Paul, son mari, est parfois trop irréaliste. C’est tout de même ironique. Paul ne contrarie que très rarement sa femme alors qu’il a toutes les raisons du monde pour la quitter.

Mettre en avant le fait que Lisa est rongée par la culpabilité de ne pas pouvoir avoir d’enfant, face à une femme désirant à tout prix que le sien ne vienne jamais au monde est un peu facile. Ce point, sensible pour Lisa, revient systématiquement à chaque fois qu’elle semble à côté de ses pompes. Comme si ça l’excusait d’être parfois imbuvable avec son mari et totalement obsédée par Judy. Alors qu’on nous explique que la psychiatre est censée être irréprochable, réussissant toujours à mettre de côté ses sentiments personnels vis à vis de ses clients et patients. Là, c’est raté !

De plus, le côté fantastique de ce roman n’est jamais bien expliqué. Alwyn, le fantôme ou esprit, peut parfois réaliser des choses physiques, alors que d’autres fois, il en est incapable. Il est donc difficile de comprendre ce personnage mystérieux qui se révèle être quelqu’un au passé assez intéressant. C’est, d’ailleurs, le personnage le plus intriguant et complexe à suivre. Il est juste dommage que toute la partie qui se passe à Londres paraisse assez peu crédible, bien qu’elle soit remplie d’émotion.

Enfin, grâce à un style d’écriture fluide et simple, Melissa Bellevigne réussit à transposer une histoire d’amour sur un fond de fantastique et de psychologie. La conclusion se termine sur une fin à demi-ouverte qui sera sans doute plus aboutie dans le tome 2. [[ Miroir sorti en format poche, le 8 février 2019]].

Fiche technique

Format : poche
Pages : 320
Éditeur : Le livre de poche jeunesse
Sortie : 30 mai 2018
Prix : 6,90 €