Persona – Avis +

Présentation de l’éditeur

Dans les sous-sols de l’asile Saint-Anne, la nuit a été sanglante. Un homme y est retrouvé horriblement mutilé, lobotomisé. D’autres victimes suivent, toutes torturées, toutes laissées en vie mais « enfermées en elle-même ». Toutes cadres au sein des géants du numérique.

C’est au cœur de Paris, dans les tréfonds et au-delà, que Franck Somerset, commissaire à la Crim, va suivre la piste de ce qui ressemble à une vengeance frénétique, folle et pourtant méthodique, où s’affronte deux univers : le nouveau monde des géants du Web persuadés de sa toute-puissance, et l’ancien qui ne veut pas mourir.

Avis de Chris

C’est la première fois que le commissaire de la Crim’ Franck Somerset est mandaté sur une affaire où il n’y a pas de cadavre. Pourtant, son équipe et lui auraient préféré cet habituel rituel qui amorce une enquête. Un homme a été retrouvé, un bras en moins et lobotomisé, dans une aile abandonnée de l’hôpital Sainte Anne. Tout porte à croire que la victime a été torturée de nombreuses heures avant qu’elle soit à tout jamais emprisonnée en elle-même.

L’horreur ne s’arrête hélas pas là. Une autre victime est retrouvée, dans un état similaire. Leur point commun est de travailler dans un monde de requins, un monde à part, celui des géants du Web, là où la pression et la loi du plus fort règnent. Là où la faiblesse n’a pas lieu d’être et où des ingénieurs peuvent faire grève pour un paquet de gâteau qu’on leur refuse.

Maxime Girardeau a travaillé dans ce milieu fermé de la Tech’ où le mythe est entretenu par un secret presque ecclésiastique. L’auteur installe son thriller parisien où l’horreur est omniprésente dans cet univers qui en fait rêver plus d’un. Il faudra avoir les nerfs solides pour lire les descriptions des corps et esprits mutilés. L’un d’eux est particulièrement sordide et éprouvant, tant dans sa mise en scène que dans son état.

Cependant, nous avons là un policier dont le passé n’est pas gorgé de cadavres ou de traumatismes. Certes, en tant que commissaire il a vu défiler un nombre incalculable de morts suspectes, mais contrairement à beaucoup de ses confrères de littérature, il n’est pas hanté par ces derniers.

Sa coéquipière fortuite est elle aussi quelqu’un de normal, si ce n’est qu’elle travaille dans l’une des multinationales les plus puissantes au monde. Quant à l’équipe de Somerset, bien qu’elle ne soit que peu développée, on l’apprécie, notamment Laurence qui est l’âme sœur professionnelle de Franck. Cette normalité permet de compenser les épouvantables images qui s’insinuent dans notre tête. Car, soyons honnêtes, il est difficile de ne rien ressentir face à tant de cruauté.

L’auteur installe un suspense qui se tarit hélas au fil du temps. Vers la moitié du roman, on soupçonne pas mal de choses. La surprise n’est donc pas là, mais elle n’est pas rédhibitoire. La conclusion de l’intrigue prend du temps et ce n’est pas un mal, car elle apporte les chaînons manquants qui parfont l’enquête. Persona est un bon premier roman, travaillé et maîtrisé qui, en plus, ne frustre pas le lecteur. Maxime Girardeau est un auteur à suivre.

Fiche technique

Format : poche
Pages :‎ 480
Éditeur‏ : Pocket
Sortie : 11 février 2021
Prix : 8,20 €