Polychromies Secrètes

L’énigme de Nostre Dame

Nostre Dame de Grasse est une énigme pour les spécialistes. On ne dispose d’aucune certitude sur sa datation, sa fonction, ni sur l’artiste qui l’a réalisée. Ce qui fait toute son originalité et sa valeur tient essentiellement dans l’extraordinaire qualité de la sculpture, mais également dans sa composition. C‚est une Vierge à l‚Enfant atypique, représentée dans une attitude dynamique, tournant la tête dans un sens opposé à celui de l’Enfant. Cette composition inhabituelle, qui pourrait exprimer simplement l’intuition qu’elle a du destin de son Fils, a en général conduit les spécialistes à penser que l’oeuvre était le centre d’une composition présentant un groupe de figures plus nombreuses.

Une restauration exceptionnelle

L’importance historique et artistique de Nostre Dame de Grasse, véritable chef-d’oeuvre de la fin du Moyen Âge, et son état de conservation, ont imposé une intervention longue et importante, au résultat remarquable. Quatre repeints, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, avaient profondément modifié son apparence, en masquant la qualité de la sculpture et ce qui subsiste de sa polychromie d’origine : ils ont été éliminés. La restauration a permis la redécouverte d’une oeuvre à la polychromie originale, toute en nuances, étonnament conservée. Elle a aussi rendu justice au travail du sculpteur et à sa finesse d’exécution, aujourd’hui restituée au public dans toute sa splendeur. Une modélisation en trois dimensions de la sculpture, support filmé d’un essai de reconstitution de ses différents repeints, permet au public de se faire une idée des évolutions de l’oeuvre à travers les siècles.

La Crucifixion du Parlement

Le Christ en croix avec donateurs connu sous le nom de « retable du Parlement » provient initialement de la grande chambre du Parlement de Toulouse. Contrairement aux peintures murales, la peinture de chevalet est fort rare dans le Sud-Ouest au XVe siècle. La Crucifixion en est l‚un des rares vestiges. En l’absence de toute source d’archive, son auteur reste inconnu. Sa facture et l’expression pathétique du Christ et de la Vierge font penser à un artiste d’origine espagnole. C’est en tout cas une commande majeure, qui émeut grâce à sa sobre monumentalité et à la qualité de son paysage, et qui atteste de l’importance de Toulouse comme foyer artistique dans la seconde moitié du XVe siècle.

Le passage du temps

La Crucifixion est un miraculé et un témoin de l’histoire dont il porte les traces vivantes. Pendant la Révolution, le visage du roi a été littéralement défiguré. Sous les repeints des restaurations précédentes, le tableau présentait en 2001 un aspect chaotique et incohérent. Les restaurateurs ont décidé de laisser à nu ses parties manquantes. Il témoigne aujourd’hui du passage du temps tout en étant soulagé de la superposition des restaurations lourdes qui lui conféraient un aspect non authentique. Cette restauration ne prétend pas restituer un état originel mythique définitivement perdu, mais constitue une interprétation, la plus légère et suggestive que l’on puisse imaginer, qui ne souhaite pas tricher avec l’état réel du tableau.

Fiche Technique

Musée des Beaux-Arts de Toulouse – 21, rue de Metz – 31000 Toulouse

05 61 22 21 82

De 10h à 18h sauf les mardis

Ouvert les mardis à partir du 1er janvier 2006

Nocturne le mercredi jusqu’à 21h

Fermé 25 décembre et 1er janvier

Prix d’entrée au musée comprenant l’accès à l’exposition : 3 euros

Tarif réduit : 1,50 euros

Gratuité : moins de 18 ans, scolaires et étudiants accompagnés de leur professeur, enseignants de l’école des Beaux-Arts, journalistes, conservateurs.