Présentation de l’éditeur
En voyage scolaire à Londres, Callie, quinze ans, tente une sortie clandestine en boîte de nuit, chaussée de magnifiques escarpins Prada acquis sur un coup de folie. Mais pas facile de garder son équilibre sur des talons vertigineux. Callie trébuche et reçoit un coup sur la tête.
À son réveil, elle croit toujours rêver : la voici transportée dans l’Angleterre de 1815, dans la peau d’une cousine américaine éloignée d’une riche famille anglaise… Multipliant les faux-pas sociaux et les anachronismes, Callie doit trouver un moyen de revenir à son époque, tout en mouchant ce jeune comte arrogant et un peu trop beau à son goût !
Avis de Claire
Jane Austen est décidément une valeur sûre… Situé dans la lignée de La Fille qui voulait être Jane Austen de Polly Shulman, ou encore de la série Lost in Austen, qui met en scène une jeune fille de notre siècle au temps de la fameuse romancière anglaise (on retrouve également le même procédé dans la websérie Sex and the Austen girl), ce roman ne brille donc pas particulièrement par son originalité.
La couverture rose bonbon et le titre font penser à de la chick-lit, notons cependant que les chaussures Prada noires de la quatrième de couverture ne ressemblent pas du tout à celles décrites dans le livre, qui sont rouge vif, détail qui a son importance, car on pense irrésistiblement aux chaussures rouges de Dorothy (Judy Garland) dans Le Magicien d’Oz… Notre héroïne, américaine elle aussi comme Dorothy, va vivre en effet une aventure extraordinaire, dans le sens noble du terme.
La jeune fille de quinze ans s’ennuie ferme à Londres, son voyage scolaire ne se passe pas du tout comme elle l’avait espéré. Impopulaire dans son lycée, elle fait désespérément tapisserie dans la capitale britannique et les filles fashion victims avec lesquelles elle rêve de sympathiser ne s’intéressent toujours pas à elle… Archétype classique de l’adolescente mal dans sa peu et peu sûre d’elle, Callie veut juste vivre une expérience différente, qui l’aiderait à sortir du lot. Et à ce stade de l’histoire, cela veut dire être acceptée par ses copines, faire le mur et pouvoir aller en boîte de nuit avec elles, quoi de plus banal pour une adolescente? Elle cherche donc à leur ressembler, et cela commence tout naturellement par les apparences.
Prada or not Prada, that is the question… Mais est-ce qu’une simple paire de ces chaussures magnifiques peut irréversiblement changer la vie? Pour Callie, la réponse est définitivement oui. Si elle investit sans hésiter quatre cents dollars dans une paire d’escarpins de rêve, c’est avant tout pour impressionner ses « amies », mais comme le talon aiguille est traître, Callie s’étale rapidement de tout son long en plein coeur de Londres, devant la célèbre boutique…et se réveille dans un parc boisé merveilleux, et en 1815 de surcroît!
Sous l’identité d’une certaine Rebecca, lointaine amie du Nouveau Monde, elle est recueillie par une richissime famille typiquement british. L’étrangeté de la situation donne lieu à quelques scènes assez cocasses, Callie met du temps à s’adapter et met aussi un point d’honneur à imposer ses idées et ses savoirs « modernes ». Malgré l’invraisemblance de la scène, on ne peut s’empêcher de rire lorsqu’elle entreprend par exemple de faire un massage cardiaque à une Lady en plein bal Régence.
Notre jeune américaine va bien évidemment rencontrer « son Darcy », l’idéal masculin pour une bonne part de la gente féminine. L’évolution de l’intrigue amoureuse est parfaitement calquée sur celle de Elizabeth Bennet et Fitzwilliam Darcy dans le chef-d’œuvre de Jane Austen. L’incipit du roman lui-même est inspiré de la première phrase du fameux classique anglais :« C’est une vérité universellement reconnue… ». De même, Callie devient l’amie de la jeune Emily, qui ressemble fort au personnage de Georgiana, la sœur de Darcy. L’hommage est donc constant tout au long du livre.
Ses sublimes chaussures ne la quittent pas, mais ont-elles un quelconque pouvoir magique, sont-elles maudites (comme le pense Callie), ou est-elle en train de rêver tout cela ou pire, est-elle dans le coma? Ce n’est finalement pas le point le plus important, la chute de l’histoire est en effet sans surprise et un peu trop prévisible, on aurait aimé que le roman continue sur sa lancée et se termine par un petit grain de folie…
Mais Prada et préjugés est tout de même un livre plutôt bien écrit et sympathique, pétri de références, à l’oeuvre de Jane Austen donc, mais plus particulièrement au film de Joe Wright, Orgueil et Préjugés. Callie est une héroïne à laquelle beaucoup d’adolescentes peuvent s’identifier (le texte est d’ailleurs rédigé à la première personne), elle est aussi très attachante et drôle.
Prada et Jane Austen n’ont pas fini de faire bon ménage puisque l’on attend la sortie imminente d’une nouvelle adaptation de Raison et sentiments, fort judicieusement appelée From Prada to Nada! Mais la question cruciale reste toujours en suspens, Jane Austen aurait-elle porté des Prada?
Fiche technique
Format : broché
Pages : 313
Editeur : Albin Michel
Collection : Wiz
Sortie : 5 janvier 2010
Prix : 13,50 €