Dans la vie d’un homme il y a des étapes à franchir, l’une d’elle, fatidique, correspond au bricolage.
Pour des raisons obscures je me suis retrouvé dans un grand magasin de bricolage près de Beaubourg. C’est un nouveau monde qui s’est ouvert à moi. Un monde d’hommes, virils, des hommes qui se promènent dans les rayons avant de prendre une douche.
C’est donc parmi les odeurs de sueurs, de caoutchouc et de métal que je recherchais ce qu’un vendeur d’un air pédant appela « calfeutrage ». Car cet univers a son vocabulaire. Ne dites pas « le truc que l’on colle au fenêtre pour ne pas se geler les roustons », vous passeriez pour un touriste. Un homme, un vrai dit « calfeutrage ». Un homme un vrai peut rester trente minutes à comparer deux tournevis cruciformes pour déterminer lequel épouse le mieux sa main.
En parlant d’épouses, les seules femmes dans le magasin avaient le ventre rond, un mari à l’air pressé et soucieux. Bricolage et mariage font bon ménage. Cette malédiction (je parle évidemment du bricolage) m’est tombée dessus et c’est presque dans un état second qu’en voyant une trousse à outils je n’ai pu m’empêcher de m’en saisir. Pourquoi le génotype masculin dans son déterminisme probabiliste sort toujours la carte bricolage ? C’est un mystère qu’il faudrait étudier, le prix Nobel de biologie est à la clef.
A moins qu’il n’y ait pas de mystère. Aujourd’hui j’ai fait un test de nerditude, j’ai fais 92 % et ce soir je regarde l’excellent War games. Je dois avouer que le bruit de Joshua m’emeut bien plus que la vue d’une perceuse à percussion. Sur cette dernière je me dis que le marketing a bien étudié la forme. Bob (le bricolo) doit vraiment ressentir un sentiment de puissance en la maniant, perçant des trous inutiles qu’il faudra reboucher le lendemain – Chérie ! Allons à L*r*y M*rl*n je n’ai plus d’enduit (le truc qui sert à réparer les conneries faites avec une perceuse).
Finalement, il n’y a pas plus de honte à connaître le tableau périodique des éléments que de connaître toutes les formes de vis possibles. Ce n’est pas être moins viril que de préférer lire un bouquin de mathématique, de génétique ou de physique à une virée en boîte. Ce n’est pas être moins un homme, que de préférer monter son PC ou programmer à faire du tuning de voiture.
Être un Homme (ou une Femme, ne m’accusez pas de machisme), ça ne se mérite pas, cela se vit.