Quo Vadis ? – Avis +

– J’ai été invulnérable aux flèches des Parthes, mais le trait de l’Amour m’a frappé… d’une façon imprévue, à quelques stades des portes de la ville.

Revenu de campagne militaire le patricien romain Marcus Vinicius est en plein désarroi. En visite chez la famille d’Aulus Plautus il a entraperçu la belle Lygie. Le fier conquérant s’est fait dérober son coeur. Demandant conseil à son oncle Pétrone, ce dernier entrevoit bien des difficultés. Tout d’abord Lygie n’est pas citoyenne romaine, mais originaire de Lygie (d’où son nom). Envoyée comme otage à Rome elle est « affectée » à la maison d’Aulus Plautus qui la considère comme sa fille.

Mais en aristocrate avisé Petrone entrevoit une solution à ce dilemme juridique. Il suffit d’obtenir de l’empereur Néron que Lygie doive résider à présent dans la demeure de Vinicius. Là ce dernier pourra séduire la jeune fille et en faire sa concubine.

C’est ainsi qu’Aulus Plautus voit arriver chez lui un centurion et des légionnaires. Contrairement à ce qu’il craignait il n’apporte ni un ordre d’exécution ni d’exil. Mais il exige au nom de l’empereur qu’on lui remette Lygie. Aulus s’exécute et Lygie se retrouve d’abord transférée au palais impérial. L’innocente jeune fille y découvre les orgies, un aspect de la civilisation romaine inconnue au sein de l’austère maison de Paulus. Quant à Vinicius il démontre son caractère entreprenant après avoir sacrifié à Bacchus.

Ursus le colossal serviteur de Lygie lui permet d’échapper à Viniccus. Ne souhaitant pas attirer les foudres impériales chez les Paulus, Lygie disparaît au coeur de Rome. Toujours amoureux Vinicus enquête et découvre que Lygie croit à une superstition orientale en faveur d’un certain « Chrestos ».

Ce roman historique écrit en 1895 par le futur prix Nobel de littérature (1905) nous plonge dans la Rome impériale de l’année 64 ap. J.C., tout en ne négligeant pas des allusions à l’époque de sa rédaction. Ainsi l’héroïne est membre du peuple lygiens considérés comme étant les ancêtres des Polonais.

On trouve des figures historiques telles que Sénèque. Le stoïcien se définit lui-même comme l’opposé de Pétrone. Ce dernier (l’auteur de Satyricon) adepte des plaisirs de la vie incarne la Rome ancienne, mais celle qui n’a pas sombré dans la décadence par opposition à l’Empire sous Néron.

Jouant constamment un jeu dangereux à la cour il s’oppose à Tigellin conseiller de l’empereur Néron. Lorsque celui-ci (poète autoproclamé) décide de brûler la ville de Rome pour trouver l’inspiration dans ses vers. Il faut ensuite trouver un coupable. C’est alors que Pétrone réagit enfin : « Livrez les chrétiens au peuple, suppliciez-les, mais ayez le courage de vous dire que ce n’est pas eux qui ont brûlé Rome !« .

Sa lutte n’est pas celle de la justice, mais d’une opposition à l’hypocrisie : « Fi donc !… Vous m’appelez l’Arbitre des élégances ! Je vous déclare donc que je ne supporte point de si misérables comédies. Fi donc de Néron! ».

Incarnation d’une époque révolue Pétrone est voué à disparaître, tandis que Lygie annonce le christianisme naissant.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 704
Editeur : Livre de poche
Sortie : mai 2001
Prix : 8,10 €