Rebelles – Avis +

Présentation de l’éditeur

Des filles rebelles dans des robes sublimes font la fête jusqu’à l’aube. Des garçons irrésistibles aux sourires machiavéliques ont des intentions suspectes. Mensonges, secrets et scandales. Nous sommes à Manhattan… en 1889 !

Avis de Trinity

Traitant d’amours clandestines et impossibles dans la bourgeoisie new-yorkaise d’époque, cet ouvrage qui bénéficie d’un buzz médiatique impressionnant sur la toile n’est pas sans rappeler Les liaisons dangereuses de Pierre Chordelos de Laclos, qui a eu un bon siècle d’avance. En effet, le roman épistolaire qu’il a rédigé au cours du 18e siècle se passait déjà dans les familles riches de la noblesse, mais le récit se situait en France, bien qu’un remake cinématographique pour adolescents l’ait porté à New York, il y a quelques années. C’est ce film qui ressemble le plus à Rebelles qui traite des petites histoires personnelles de chacun des membres de ce cercle fermé et prisé. Le livre destiné à un lectorat relativement Jeunesse se positionne sur un créneau original puisqu’il rentre dans la catégorie « chick-lit » historique. C’est le terme « historique » qui apporte un vent de nouveauté dans la littérature car si la « chick-lit » est un courant littéraire qui est très en vogue depuis plusieurs années, notamment dans la littérature anglo-saxonne féminine, ils se situent toujours dans le contexte d’aujourd’hui. Si l’époque diffère, les ficelles de l’intrigue restent les mêmes à part quelques adaptations historiques nécessaires.

Le récit raconte principalement de la vie de deux sœurs, Elizabeth et Diana Holland. Issues d’une famille aristocrate, elles se conforment au bon vouloir de leur mère qui ne rêve que de faire épouser son aînée au plus riche parti de la ville, surtout après la découverte dramatique de la situation financière que leur a laissé le chef de famille récemment décédé. Elizabeth, 18 ans, est une jeune fille parfaite à tous les niveaux. Polie, maîtrisant parfaitement les conventions sociales d’usage, elle peut paraître au premier abord froide et ennuyeuse. Mais sous cette façade extérieure qui convient à la bonne société new-yorkaise, c’est une jeune fille passionnée qui est amoureuse d’un homme qui n’est pas de sa classe sociale. Et c’est là que le bât blesse puisqu’elle est confrontée à un choix déchirant : se soumettre au choix de sa mère, faire un mariage de convenance et satisfaire aux besoins de sa famille, ou vivre et accepter pleinement sa vie et son amour. Diana, sa petite sœur de 16 ans, ne se pose pas toutes ses questions. Dotée d’un tempérament romantique, elle méprise les règles de la bonne société et se réfugie dans la lecture. Ignorant les affres auxquelles est confrontée Elizabeth, elle ne comprend pas sa sœur et s’éloigne de plus en plus d’elle. Mais l’émergence de sentiments envers le seul homme dont elle n’a pas le droit d’avoir va la bouleverser et la faire grandir un peu. La trame est classique : des êtres amoureux, qui sont faits l’un pour l’autre, sont séparés par la vie, le qu’en-dira-t-on, l’éducation, les conventions et la lâcheté. Autant d’obstacles qui les amènent à prendre une décision qui les rend profondément malheureux.

Bien évidemment, à ces obstacles qui se dressent de manière presque naturelle au vu de l’époque et des modes de vie, s’ajoutent d’autres problèmes qui surviennent de façon tout à faire volontaire et inopinée, et qui sont du fait de personnes mal intentionnées, les méchants de service comme on les appelle familièrement. Ces personnes sont incarnées ici par plusieurs filles jalouses, envieuses, à la langue de vipère, pratiquant la manipulation comme un art et définissant la trahison comme un mal nécessaire. L’expérience montre qu’il ne faut jamais réunir un groupe composé exclusivement de femmes, sans quoi les crêpages de chignons et autres paroles méprisantes et blessantes deviennent légion. Il est vrai que les femmes ont tendance à se monter intelligentes et féroces envers les personnes du même sexe et la violence psychologique, peut être aussi dangereuse et douloureuse, voire plus, que la violence physique.

L’ouvrage est construit de manière à rendre la lecture rapide et facile, avec de courts chapitres mettant en scène à chaque fois un personnage différent du récit, précédés d’un billet doux ou d’un extrait d’article de gazette qui donne le pouls au chapitre. L’intrigue évolue de manière précise mais les évènements s’enchaînent à grande vitesse et on n’a pas le temps de s’ennuyer.

La seule chose qu’on pourrait regretter est la fin totalement ouverte qui appelle forcément à une suite. Celle-ci a été bien évidemment été écrite par Anna Godbersen, a pour titre Rumours, et sortira le 8 juin prochain aux Etats-Unis. Autant dire qu’il nous faudra patienter au moins jusqu’à l’an prochain pour espérer une sortie en français. Ce livre, qui a déchaîné les passions aux Etats-Unis, dixit le bandeau publicitaire, a été écrit par une femme qui était l’ancienne assistante de l’éditeur pour le magazine masculin Esquire et qui a également écrit notamment pour le New York Times Book Review. Autant dire qu’à 27 ans, elle connaît un succès mondial foudroyant. Il n’y a plus qu’à attendre la suite…

Fiche technique

Format : broché
Pages : 414
Editeur : Albin Michel
Sortie : 3 mars 2008
Prix : 17€