Rencontre avec l’équipe de « The Art Of Street Fighting »

Présentation avant la projection du documentaire.

Axel Cadieux : Le tournage a duré 6 ou 7 mois, alors c’est une vraie aventure pour nous. Ca se sent à l’écran, ça sent la transpiration, ça sent les efforts et on sent la difficulté d’être un progamer et de faire un film par ailleurs. Un des défis principaux c’était de : à la fois concilier le fait de faire un film à destination des gamers avertis, qui savent ce qu’ils vont, en partie, découvrir et des néophytes, qui sont, je l’espère, aussi un peu présent dans la salle. Le but était vraiment de concilier les deux, j’espère qu’on a réussi, vous nous le direz à la fin. Merci beaucoup.L’idée, c’était aussi de vous faire voyager, alors on vous emmène aux États-Unis, à Paris, au Japon, en Chine. Découvrir la vie de ces progamers, et je pense que c’est une belle immersion.

Session de questions-réponses après la projection du documentaire.

Question : que pouvez-vous dire après cette projection ?

Luffy (Olivier Hay) : Je pense que vous avez bien vu l’envers du décor, ce n’est pas qu’un hobby, mais un vrai métier pour chacun de nous. C’est beaucoup de remises en question, très psychologiques. Comme vous pouvez le voir, une simple mise à jour peut vraiment tuer notre carrière. Ça l’a [Daigo] même forcé à changer de personnage.

Donc c’est énormément de remises en question, énormément de vols, même dans l’avion, j’arrive à m’entraîner. J’espère que tout cela va continuer, comme tout le monde. Nous, on est la génération des trentenaires, on ne sait pas trop combien de temps ça va durer. On ne sait pas si on restera les numéros 1 ou pas, mais en tout cas, comme l’a dit Daigo, on reste les pionniers, et j’espère que ça attirera du monde par la suite.

Rafaël Lévy : La question qu’on se pose, est, est-ce que ça touche les gamers, comme une bonne partie des gens qui sont dans la salle, et le grand public ? En tout cas, c’était un super voyage de partir en immersion, c’était un monde qu’on ne connaissait pas Axel et moi. Les jeux vidéos, il y avait l’idée qu’on s’en faisait et on a découvert trois mecs, Daigo, Tokido et Xiao Hai, qui nous ont vachement touchés et qu’on a eu du mal à quitter après.

Axel Cadieux : je ne sais pas trop ce que je peux rajouter, Rafaël a tout dit. L’idée, au début, c’était vraiment d’essayer de réunir le public. De parler à la fois à des experts, mais aussi à des profanes. On ne sait pas si on a réussi, mais disons qu’on a essayé à la fois de montrer beaucoup de moments de combats, très immersifs […] et en même temps des moments de latence, pour comprendre comment est faite la vie d’un progamer. Comment il traverse ses doutes, comment il traverse ses remises en question, et comment il reste au niveau en permanence.

Car comme on le dit dans le film, il y a énormément de voyages. On voulait alterner les phases. On essaye d’introduire dans le film une sorte de dimension sociétale. On peut comprendre que c’est un milieu qui a pu souffrir par le passé et encore un peu aujourd’hui. Et comme le dit Rafaël, nous étions nous-même porteurs de préjugés, mais on a découvert quelque chose de beaucoup plus profond, beaucoup plus puissant et intéressant que ce qu’on imaginait. Donc on voulait montrer ça aux yeux de gens qui ne savent pas.

Question : Je voulais savoir si vous envisagiez de faire un « The art of Street Fighting 2 » et il portera sur quel type de tournoi ?

Rafaël Lévy : Ce n’est pas prévu au programme… Mais si on nous demande, on y réfléchira clairement.

Axel Cadieux : Il faut comprendre l’envers du décor, on vient de sortir de plusieurs semaines voire plusieurs mois de montage très intenses. Il y a énormément de rushs, et en terme de proportion de ce qu’on a gardé… ce n’est pas grand-chose. Alors on va d’abord se reposer. Le monteur va se reposer, car il a fait un travail assez extraordinaire.

Question : On vient de voir un documentaire en un seul bloc. Si je ne dis pas de bêtises, il sera diffusé sur internet en une série de petits épisodes. Est-ce que cela vous a contraint dans l’écriture ? Et est-ce que les épisodes seront ce qu’on a vu là ? Ou c’est quelque chose de monter différemment ?

Rafaël Lévy : Non, on est parti de la structure du film qui est assez chapitré. Du coup, c’est passé assez naturellement.

Question : Je voulais savoir si vous envisagiez de faire un « The art of Street Fighting 2 » et il portera sur quel type de tournoi ?

Rafaël Lévy : Ce n’est pas prévu au programme… Mais si on nous demande, on y réfléchira clairement.

Axel Cadieux : Il faut comprendre l’envers du décor, on vient de sortir de plusieurs semaines voire plusieurs mois de montage très intenses. Il y a énormément de rushs, et en terme de proportion de ce qu’on a gardé… ce n’est pas grand-chose. Alors on va d’abord se reposer. Le monteur va se reposer, car il a fait un travail assez extraordinaire.

Question : On vient de voir un documentaire en un seul bloc. Si je ne dis pas de bêtises, il sera diffusé sur internet en une série de petits épisodes. Est-ce que cela vous a contraint dans l’écriture ? Et est-ce que les épisodes seront ce qu’on a vu là ? Ou c’est quelque chose de monter différemment ?

Rafaël Lévy : Non, on est parti de la structure du film qui est assez chapitré. Du coup, c’est passé assez naturellement.

Question : Ma question est pour Luffy : à quand un camp d’entraînement Luffy, par Redbull ?

Luffy (Olivier Hay) : Je pense que ça sera quand j’aurais le temps, car je suis un peu toutes les semaines en compétition, en ce moment. Mais effectivement, j’ai énormément de demandes de joueurs qui veulent que je les coach pour progresser sur Street Fighter. Mais là, avec l’école qui ouvre en septembre, je serai sûrement enseignant de jeux de combat dans cet institut.

Question : Déjà bravo pour le film, comme vous l’avez dit, vous avez réussi à mêler aussi bien la partie néophyte, donc ça parle assez au grand public, et le public averti, on s’y retrouve bien. Rafaël, ma question est : « on sent que la réalisation est assez belle, assez léchée, mais en même temps, on sent les influences au niveau du tournage du documentaire. Je voulais savoir ce qui t’avait inspiré au niveau des plans, au niveau de l’ambiance. Et un peu pareil pour Axel, au niveau de l’écriture, on sent que vous avez voulu faire ressortir le côté un peu martial, guerrier, persévérance. Ainsi, comment t’es-tu inspiré ? »

<img16251|right>Rafaël Lévy : Par rapport à l’image, l’inspiration claire est le cinéma asiatique. D’ailleurs, le jeu vient du Japon, les joueurs sont souvent asiatiques. Ces villes où on tournait avaient cette touche, ce côté futuriste, un peu science-fiction, avec ces couleurs. Et puis on a aussi beaucoup travaillé sur le principe de l’immersion. On s’est mis à créer des instants où les joueurs ont leur avatar pour souligner leurs rapports avec leur personnage.

Axel Cadieux : En ce qui me concerne, ça s’est un peu imposé de soi-même. Le hasard fait qu’on a commencé avec la Capcom Pro et qu’on a fini avec le Redbull Kumite, c’est simplement le hasard en fait. Et puis sinon, il y avait des films de combat qui s’imposaient à nous, avec un début où les personnages ne sont pas forcément au top, ils perdent tous.

Ensuite, l’idée était de voir comment ils pouvaient remonter la pente pour exploser par la suite. Donc en terme de réalisation, on était soumis au hasard, mais il y a eu beaucoup de rebondissements, mais aussi de réussite. Il a fallu faire en sorte de s’accommoder avec cela. C’est le sport. Sinon on a vu beaucoup de grands films de combat, ils ont été des sources d’inspiration.

Mais oui, j’aurais adoré que Daigo gagne à la fin. Mais il est allé loin, et donc on a essayé de jouer la fin ainsi, l’image de la bête[[Daigo est aussi surnommé The Beast dans le milieu]] qui se réveille et qui se déchaîne. On ne se rend pas forcément compte, mais les joueurs sont des hommes comme les autres et sont soumis à la vie.

Question : Moi j’avais une question un peu « secrète » qui était de savoir si vous saviez un peu en avance que Daigo avait changé de personnage ou non ?

Réponse : Non, on l’a découvert en même temps que les autres. Après, pour nous, c’était vraiment une surprise parce que lorsqu’on était à Tokyo avec lui, il avait vraiment cette volonté de persévérer avec Ryu. Il y avait ce côté un peu schizophrène du joueur avec son personnage, qu’il a vraiment développé avec nous. Quand c’est arrivé, c’était vraiment une vraie surprise. Et c’était agréable de suivre cette trajectoire de mec qui remonte la pente et qui a encore un niveau vraiment impressionnant.

<img16252|left>Question : Par rapport à Luffy, au début du reportage, on a vu à peu près tous les progamers dire que Street Fighter V est un jeu très hasardeux. On a vu à la fin du reportage que tu disais espérer que la chance tourne du bon côté. Je voulais savoir aujourd’hui où elle en était la chance ?

Luffy (Olivier Hay) : Eh bien, elle est parfois du bon côté et parfois du mauvais. Si on regarde mes résultats, ils sont en dents de scie. C’est-à-dire que j’ai jamais fait, 2e , 3e, ou 4e, je pars soit 1er soit 18e, mais au moins je gagne parfois. Du coup, même si c’est inégal, je préfère avoir des victoires par-ci par-là, plutôt que de ne jamais gagner.

Merci et bon courage !

Lien du documentaire :

Retranscription par Marjolaine Ta