Reste le Chagrin – Avis +

Présentation de l’éditeur

En mai 1930, un paquebot quitte New York avec, à son bord, un groupe de mères et d’épouses qui vont se recueillir pour la première fois sur la tombe de leur fils, de leur mari.

Reste le chagrin est le récit de cette traversée, le premier pèlerinage des Gold Star Mothers. Ces femmes très différentes vont devoir partager leurs souvenirs, mesurer l’impact du temps sur leur douleur. Réfléchir. Quinze ans après, il n’est plus question d’honorer, de célébrer, de déplorer, mais de comprendre.

Catherine Troake est l’une de ces femmes. Son fils Alan – inspiré par la figure d’Alan Seeger, jeune poète épris de liberté – s’est engagé à dix-huit ans et est mort les premiers jours de la guerre. Catherine n’a jamais compris, jamais accepté, jamais pardonné : à elle-même, à ce fils, à ceux qui l’ont laissé s’engager. Sa colère, sa solitude ne sont pas celles des autres femmes, elle se tient à l’écart, comme elle s’est tenue à l’écart de ceux qu elle aimait toutes ces années, comme elle s’est tenue à l écart de la vérité.

Mais sur le bateau, dans ce huit clos, elle ne peut maintenir cette distance : en elle quelque chose doit se briser, céder. Elle a déjà fait ce voyage New York-Cherbourg, mais c’était un autre temps et elle était une autre femme : son fils était vivant et elle voulait lui faire découvrir Paris : les deux traversées se superposent, les deux vies, l’amour le plus fou et la douleur.

Avis de Olivier

Un cadre : en 1929, le congrès américain décide d’organiser, pour épouses et mères des soldats tombés en France, des voyages sur les cimetières de la Grande Guerre.

Une narratrice : une femme de la bonne société et d’un certain âge, mangée par l’amertume et le remords, qui observe le microcosme du bateau avec un cynisme mordant.

On embarque pour une petite semaine de paquebot en compagnie des Gold Star Mothers, accrochées à leur deuil mal digéré. Leurs interactions les ramènent tour-à-tour à leurs souffrances ou leurs dépassements. La grande diversité de réactions face au deuil et face aux autres endeuillés est d’un grand réalisme ; comme les qualités et maladresses de ceux qui tentent de faire preuve d’empathie.

Et si l’agressivité cachait de grandes tendresses ? Et si le vrai attachement n’était pas là où on le pense ? On apprécie de plus en plus cette irascible narratrice, rabougrie sur ses colères. Elle s’ouvre lentement et réapprend à vivre ; cela aussi est raconté avec finesse et réalisme.

On se laisse gagner par la finesse d’écriture, la capacité à exprimer les tours et détours de nos pensées et de nos émotions. Un roman nous émeut comme rarement.

Un livre sur le deuil, un peu ; un livre sur l’espoir surtout. Une romancière à suivre…

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 200
Editeur : JC Lattès
Collection : Littérature française
Sortie : 1 mars 2017
Prix : 17 €