Retour au lac des saules – Avis +

Présentation de l’éditeur

A présent que sa fille a quitté la maison, Nina Romano s’apprête à réaliser son rêve de toujours : racheter et rouvrir l’auberge du lac des Saules. Aussi est-elle furieuse d’apprendre que le domaine vient d’être vendu à un mystérieux acheteur, qui se révèle bientôt être… Greg Bellamy, qu’adolescente elle aimait en secret. En secret, car Greg, le fils de riches propriétaires de la région, était d’un autre monde que le sien, et elle avait vite abandonné tout espoir qu’il s’intéresse jamais à elle. Inaccessible et hautain, il l’avait assez fait souffrir par le passé, et à présent, de retour après un divorce mouvementé, il parvenait encore à lui voler sa part de bonheur… Mais quand il lui propose de s’associer avec lui, Nina hésite, déchirée entre sa méfiance envers ce rival déloyal, et son attirance pour un Greg encore plus séduisant qu’autrefois…

Avis de Marnie

On ne parlera jamais assez de la façon totalement anarchique dont paraissent les volumes de cette excellente série de Susan Wiggs intitulée « Chroniques du Lac des Saules ». Ainsi, il y a quelques mois, dans l’original et vraiment talentueux Neige sur le lac des Saules, dans la collection Best-Sellers, nous faisions connaissance de Sophie, qui après un traumatisme venait se ressourcer auprès de ses enfants… et son ex-mari, qui venait de se remarier. Or, avec cette présente histoire, voici le déroulement de ce qui s’est passé six mois auparavant, soit les relations tumultueuses entre Greg Bellamy, divorcé depuis six mois de Sophie, et Nina Romano, l’ex-maire de Avalon, cette petite ville des montagne des Catskills, dans l’état de New York, lieu de villégiature des riches habitants de La grosse pomme qui souhaitent se reposer au plus près de la nature…

Toute cette série est basée sur un récit au ton assez dynamique, entrecoupé par de brefs flash-backs significatifs qui éclairent soudain le présent de façon singulière enrichissant profondément le contexte. Ce volume en est un parfait exemple. Parfait ? Oui, car écrit avec ce style fluide, naturel et passionné comme cet auteur sait si bien le faire, harmonieusement, sans casser le rythme, sans perdre notre attention du passé au présent, Susan Wiggs maîtrise un scénario fort bien pensé, aux rebondissements pas toujours attendus.

Dès la première scène, le tempérament volcanique de Nina Romano semble être mis en scène de façon presque caricaturale. S’opposent violemment notre héroïne, une des petites dernières des neuf enfants d’un très pauvre professeur d’éducation civique du collège de la ville, qui a passé de longues années à oeuvrer pour les autres, et un des héritiers d’une des plus importantes et riches familles de l’état. Ils semblent à peine se connaître… et pourtant ! Nous allons peu à peu nous apercevoir qu’ils ont intensément conscience l’un de l’autre depuis de longues années…

Comme pour le roman précédent, Le pavillon d’hiver, qui racontait l’histoire de Jenny, la meilleure amie de Nina (certaine scène déjà évoquée est même ici racontée du point de vue de notre héroïne) les différences sociales constituent le thème principal de cette série. Ni Greg, ni Nina ne se font suffisamment confiance pour tenter de passer outre les obstacles qui se dressent entre eux… Ils n’essayent même pas ! Susan Wiggs raconte avec finesse le parcours de ces deux adolescents, tous deux victimes de grossesses non désirées, ils réagissent différemment… cependant, ils s’apercevront avec sagesse qu’il n’y a pas de solution idéale, seulement des humains qui tentent d’oeuvrer au mieux avec les cartes qui leur sont distribuées.

Entre Nina, qui se trouve à la croisée des chemins, mère à 15 ans, soudain seule, sa fille étant partie en Europe puis à l’Université, en porte à faux avec ses amis, parents eux de jeunes enfants et qui voit s’échapper son rêve pourtant à portée de mains, et Greg, qui a préféré se focaliser sur son travail plutôt que sur un mariage qui battait de l’aile depuis longtemps, devant faire face en père célibataire à la grossesse de sa fille aînée, les relations ne sont pas simples… Il faut aussi souligner l’audace de l’auteur qui nous présente son héroïne âgée de 14 ans, délaissant ses études, les hormones littéralement en folie, totalement axée sur le flirt… et pourquoi pas, avoir sans complexe le plus rapidement possible des relations sexuelles avec un beau garçon si possible ? L’heureux élu au tirage au sort parmi d’autres, sera un afro-américain, cadet de West-Point… Dans la romance, même contemporaine, il est assez rare de trouver une héroïne qui s’assume de façon aussi peu conventionnelle.

Ce ton doux-amer, cet american way of life si bien rendu, ces personnages tous si différents et pourtant si peu stéréotypés, ces classes sociales qui ont du mal à se comprendre, la façon d’éduquer, de gérer, les traditions, les sentiments, de la colère à l’amour, le rire, l’émotion… Susan Wiggs évoque toutes cela dans sa chronique qui nous raconte une Amérique où il fait bon vivre mais sans nous cacher certains des aspects les plus sombres. On ajoute des héros profondément attachants et on obtient un des meilleurs livres de cet auteur, passée maître dans l’art de conter des histoires captivantes avec pourtant peu de péripéties, seulement du talent…

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 385
Editeur : Harlequin
Collection : Jade
Sorte : 1 juin 2009
Prix : 11,50 €