Rétrospective – Maurice Denis au Musée d’Orsay

Des murs, des murs à décorer…

Le parcours rassemble une centaine de tableaux peints entre 1889 et 1943. Les premières salles retracent les débuts nabis dominés par le refus du réalisme et du symbolisme littéraire, l’inclination mystique et religieuse, la sensualité trouvant à s’incarner dans la figure de Marthe Meurier, la fiancée, puis l’épouse, véritable muse du peintre. Dès les années 1890, les nabis réclament des murs, des murs à décorer. Denis peint des plafonds et des panneaux, comme Avril ou Le Printemps et L’Automne. Comme ses amis nabis, il multiplie alors les tableaux de petits formats où chacun rivalise d’audace dans l’application de l’esthétique nouvelle : aplats de couleurs éclatantes, simplification radicale des formes, abandon de la perspective, japonisme et cloisonnisme. Une salle regroupe une quinzaine de ces icônes nabies – certaines inédites – peintes dans les années 1890 qui révèlent une fraîcheur et une liberté d’exécution rares.

Un art de plus en plus monumental et raisonné

Les compositions symbolistes et les décors du peintre bénéficient de ces recherches qu’il met au service d’un art de plus en plus monumental et raisonné. Le voyage à Rome en 1898 avec André Gide confirme la voie d’un renouveau classique nourri de l’art de Raphaël et de Cézanne. Rigueur de la composition, restriction de la palette, importance du dessin : les manifestes comme L’Hommage à Cézanne, les grands panneaux décoratifs tels Virginal Printemps – jamais exposé dans un musée français depuis 1945 – mais aussi les scènes familiales inspirées du bonheur avec Marthe, sont autant de jalons essentiels pour Denis et l’art du début du XXe siècle. Denis est alors un peintre reconnu, estimé et recherché. Il a pour marchands Vollard, Druet ou Bernheim et pour amateurs Ivan Morosov et son rival Serguei Chtchoukine, tous deux éminents collectionneurs russes de Matisse et de Picasso.

Le tournant classique

Le tournant classique se précise à travers d’éblouissants tableaux de plages dont l’atmosphère est proche des photographies qu’il prend au même moment. Une salle est réservée à cette série qui s’ouvre avec la première oeuvre peinte en 1898, Baigneuses, Perros. Les plages de Denis se veulent aussi une réponse critique à Matisse. Car Denis cherche à définir un art collectif qui tiendrait l’équilibre entre la sensualité et l’ordre, entre l’impératif du sujet, le sens de la nature et l’imagination décorative. À la fin du parcours chronologique, une salle regroupe des paysages, peints entre 1898 et 1943. Ils achèvent de montrer comment le goût de la simplification et de la synthèse transfigure la restitution de la nature. On y voit pour la première fois l’un de ses derniers tableaux, une Vue du Reposoir, exécutée dans un pur esprit nabi quelques semaines avant sa mort.
Les dernières salles mettent en scène trois cycles décoratifs. L’Amour et la vie d’une femme, La Légende de Saint-Hubert et Le cycle de Psyché qui, présenté pour partie en 1908 et en 1909 à Paris avant d’être installé à Moscou, n’avait plus été revu en France depuis.

Photographies et dessins

Deux expositions de photographies et de desins complétent la rétrospective. On peut y voir, pour la première fois, les images d’amateur que Maurice Denis a prises de sa famille et de ses amis entre 1896 et 1913. L’artiste, en s’approchant le plus possible de son sujet, obtenait des silhouettes ou des visages flous. Si l’on y retrouve son goût du symbole, de la simplification des formes et de l’harmonie de lignes, il a de son côté emprunté à ses photographies des motifs décelables dans sa peinture. Le musée expose parallèlement un ensemble de dessins acquis en 2003, destinés à l’illustration de Sagesse de Paul Verlaine et des Fioretti de Saint François d’Assise. Les dessins du jeune artiste alors âgé de dix-neuf ans pour Sagesse revêtent une importance particulière dans l’histoire du livre Nabi. Célébrée à sa publication en 1913 comme un des sommets de la bibliophilie, l’édition illustrée des Fioretti, avait pour l’artiste, une valeur particulière conjuguant son amour du paysage et de l’art italien à son affection spirituelle pour le saint.

Informations Pratiques

Dates : 31 Octobre 2006 – 21 Janvier 2007

Adresse : Musée d’Orsay – 1 rue de la Légion d’Honneur – 75007 Paris

Informations : 01 40 49 48 00 / 49 78

Horaires : Tous les jours de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45. Fermeture le lundi

Prix d’entrée : Musée + Expo: 9 € ; Tarif réduit et dimanche : 7 € ; Gratuit : – 18 ans, adhérents Carte blanche du musée d’Orsay, MuséO, La Carte jeune du musée d’Orsay

Transports

Bus : 24, 63, 68, 69, 73, 83, 84, 94

Métro : Solférino (ligne 12)

RER : Musée d’Orsay (ligne C)

Bateau : Batobus

Taxis : rue de Solférino et quai Anatole-France

Parcs de stationnement : Deligny, Louvre, Montalembert