Rumeurs – Avis +

Présentation de l’éditeur

Professeur à Randolph-Lowen, Lindsay Sloan a la chance d’enseigner à des élèves remarquablement intelligents, promis à un avenir bien éloigné du quotidien de la petite communauté d’Alabama où ils suivent leur scolarité. Aussi repousse-t-elle immédiatement l’arrogant inspecteur Jace Nolan, récemment arrivé en ville, lorsqu’il cherche le coupable d’une série d’actes de malveillance dans sa section spécialisée.

Pourtant, au lycée, la rumeur insidieuse d’une liaison entre la jeune enseignante et l’inspecteur grandit. Et s’avère dangereuse pour sa survie. Troublée, Lindsay commence à douter de ses convictions. Pourquoi tous ces suicides autour d’elle ? Est-elle réellement victime d’une série d’accidents malheureux ? Lindsay, désemparée, comprend qu’elle est désormais la seule capable de déjouer les plans machiavéliques de ces jeunes esprits retors… Avant qu’il ne soit plus possible d’arrêter la machine infernale mise en place.

Avis de Marnie

Paru dans la collection Best Sellers en novembre 2008, ce romantic suspense n’est pas le meilleur écrit par cet auteur. Toutefois, il bénéficie de deux points franchement positifs, l’originalité du sujet, et l’atmosphère qui s’alourdit peu à peu, extrêmement bien rendue, ce qui suffit à nous passionner et nous faire passer un très bon moment.

Parlons d’abord de ce qui fâche, soit une héroïne trop lisse. Cette jeune femme totalement dévouée à ses élèves, à sa communauté, à sa famille, issue d’un milieu profondément religieux et très conservateur du Sud des États-Unis (surnommé la « bible belt« , soit un protestantisme rigoriste) pourrait être, pourquoi pas, un personnage tout à fait appréciable, si elle était un peu plus nuancée. Freinant des quatre fers, se refusant à voir la réalité en face, nous assistons à ses atermoiements, une certaine passivité… s’ajoute la croyance que le danger ne peut venir que de l’extérieur, elle manque non seulement de relief mais trop « parfaite », elle devient agaçante. De plus, tout cela ralentit énormément le rythme de l’action…

Il est évident que l’auteur n’a pas souhaité créer une intrigue à rebondissements, un coup de théâtre final, ou des fausses pistes… mais seulement montrer à quel point une situation que l’on laisse lentement se gangréner de l’intérieur peut dégénérer de façon dramatique. Ce thème très américain des adolescents issus de bonne famille qui trouvent un moyen tragique pour parler de leur mal être est fort bien rendu, Gayle Wilson, professeur elle-même, raconte alors ce qu’elle connaît, le quotidien d’un lycée qui semble sans histoire, semant quelques indices discordants qui distillent alors une inquiétude d’abord diffuse puis de plus en plus menaçante.

La relation sentimentale est ici très importante, et passe même au premier plan à la moitié du roman, son évolution « rapide » tranchant avec la lourdeur pesante de l’atmosphère, ce qui est logique vu que l’histoire, même si elle est écrite à la troisième personne, est essentiellement ressentie et vécue par les yeux et les pensées de l’héroïne.

L’inconvénient de ce procédé, c’est que nous ignorons jusqu’au bout le « pourquoi » de cette montée en puissance du « mal »… Peut-être que l’auteur, justement, ne possède pas la réponse !

Avis de Callixta

Gayle Wilson s’est concentrée depuis quelques années sur le romantic suspense et a écrit des romans plus longs dans la collection Mira aux États-Unis. On retrouve son grand talent pour mettre en scène des héros forts, plongés dans des situations souvent terribles. Dans ce roman, c’est la plongée dans le cauchemar d’un lycée de l’Alabama qui va saisir le lecteur.

Lyndsay Sloan est professeur dans ce lycée et plus spécifiquement chargée d’une classe d’élèves aux QI élevé. Elle mène une vie très calme, rythmée par son travail qu’elle adore et par ses rencontres avec ses amis dans sa petite ville où tout le monde connaît tout le monde. Elle a elle-même été élève du lycée et enseigne aux enfants de ses collègues. Le trouble va surgir avec Jace Nolan. Ce nouveau détective est un étranger puisqu’il vient de New York et les soupçons dont il va faire part à Lindsay lui semblent justement le résultat d’une méconnaissance du pays. En effet, Jace est persuadé que les incendies d’églises noires qui ont été perpétrés tout l’été est le fait de ses surdoués. Pour Lindsay c’est inconcevable et impossible. Mais rapidement, d’autres incidents bien plus graves que les précédents vont l’obliger à remettre en doute ses propres convictions.

Gayle Wilson a réussi un roman passionnant qui n’est pas sans défaut mais révèle son excellente maîtrise du suspense et de l’interaction entre les héros.

Notons déjà l’originalité du thème assez peu traité dans le romantic suspense. Si l’idée que des adolescents aussi brillants que fragiles peuvent devenir de dangereux criminels n’est pas nouvelle et a malheureusement des échos dans la réalité, elle exploite au mieux le thème. Le départ est lent, comme souvent chez cette auteur, et semble donner raison à Lindsay. Puis l’anormalité et le danger s’immiscent lentement jusqu’à ce que la situation explose dans la violence et la folie. L’intrigue repose peu sur la découverte des coupables dont nous avons progressivement vite une idée au moins vague mais sur ce qu’ils oseront faire, sur leurs limites. Là aussi, c’est une originalité intéressante de l’histoire.

Autre point très positif : l’excellent contexte du roman où l’on sent que Gayle Wilson a été professeur, connaît les adolescents et a fréquenté les lycées, les enseignants, leurs difficiles conditions de travail. Malgré les écarts entre système américain et français, cela sonne très juste. Cela lui permet de mettre en scène des adolescents crédibles, vivants, et contribuent à la justesse de l’intrigue.

L’aspect romantique est satisfaisant même si l’on demeure plutôt sur sa faim. Jace va ainsi rester largement une énigme pour nous. Son point de vue est rarement mis en avant et son passé ne sera évoqué que par bribes, le strict minimum pour comprendre ce qui a motivé son choix de vie loin de New York, les blessures dont il a soufferts. Mais l’intense relation qui se noue avec Lindsay aurait mérité mieux. Tous deux se retrouvent à cause du danger et vont succomber de façon naturelle à leur attirance mutuelle. Lindsay est un héroïne d’ailleurs crédible. Plus toute jeune, considérée comme une vieille fille, elle découvre tardivement la passion dans un contexte loin de son quotidien. De ce point de vue, Gayle Wilson ne la transforme pas en superwoman capable de se battre seule, mais comme une femme effrayée et dont les repères pourtant solides s’effondrent devant la vérité qui apparaît.

Le roman est donc un très bon moment de lecture qui souffre peut-être de quelques pages où l’intensité baisse. C’est du très bon travail d’un auteur expérimentée et reconnue dont la plupart des livres peuvent être lus avec la plus grande confiance.

Avis de Francesca

Gayle Wilson est un bon auteur de romantic suspense et réussit une nouvelle fois un roman solide et prenant grâce à un décor original et particulier et des personnages assez communs.

Lindsay est une jeune professeur qui enseigne à des lycéens surdoués. Élevée dans un cocon, elle est assez crédule et ne veut voir que le bon côté des choses et des personnes. Cela donne au personnage un caractère pétri de bonnes intentions mais assez agaçant par certains côtés pour le lecteur puisqu’elle a tendance à avoir un côté moralisateur qui peut irriter. Cependant, elle a la tête sur les épaules et peut compter sur des amis fidèles. Jace est un policier qui a décidé de s’installer dans une petite ville après un drame dans son travail dont il s’estime responsable. Il tombe tout de suite sous le charme de Lindsay, bien que la réciproque ne soit pas vraie. D’abord ayant décidé de profiter de sa naïveté, il se rend compte de la profondeur de ses sentiments et ne souhaite plus que la protéger du mal extérieur. Leur relation, classique mais attachante, ne provoque pas de feu d’artifice impressionnant avec peu de scènes de passion intense, mais est fondée sur une affection qui s’ancre durablement de façon progressive.

Que se passe-t-il lorsqu’une intelligence hors du commun est utilisée à des fins criminelles? C’est la question que se pose l’auteur qui a été elle-même professeur d’enfants surdoués. Les personnages ayant des capacités prometteuses ne sont pour autant que des humains qui ont également leurs instincts les plus vils et leurs pensées inavouables. Toute l’intrigue repose sur cette dualité entre la jeunesse innocente et les mauvaises intentions, entre la suspicion et la confiance. Les réflexions de Lindsay vont alors d’un extrême à l’autre, oscillant au fur et à mesure que les drames se succèdent. Car des cadavres s’accumulent au lycée, des suicides poussés par la rumeur insidieuse, violente et cruelle qui empoisonne cette communauté et dont on ne connait pas les auteurs. Le récit creuse cet aspect des choses, donnant un texte dense et passionnant. L’histoire s’accompagne également d’une réflexion sur quelques thèmes d’actualité comme le système scolaire américain ou l’utilisation massive des armes à feu aux Etats-Unis.

Un bon roman classique qui ne marquera pas les annales du genre mais qui reste très agréable à lire.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 600
Editeur : Harlequin
Collection : Best Sellers
Sortie : 1er novembre 2008
Prix : 6,70€