Shoah et Bande-dessinée – Avis +

Présentation officielle

Une exposition majeure sur la représentation de la Shoah dans la Bande Dessinée ouvrira le 19 janvier 2017 au Mémorial de la Shoah.
La mémoire contemporaine réserve une place particulière à la Shoah, un événement sans précédent dans l’Histoire.

Le propre de tout événement, est d’être historicisé, médiatisé, bref de devenir sujet de fiction. Le génocide des Juifs d’Europe ne pouvait y échapper. Non sans prudence, erreurs et tâtonnements mais aussi génie, la Bande Dessinée s’est donc emparée de la Shoah.

C’est ce parcours historique et artistique qui vous est proposé dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art en interrogeant les sources visuelles de ces représentations, leur pertinence, leur portée et leurs limites (humour, satire).

Il appartenait logiquement au Mémorial de la Shoah de s’emparer du sujet, de s’interroger sur les tenants et aboutissants de cet art, populaire s’il en est, et ce dans toute sa diversité, des comics à la bande dessinée franco-belge, des romans graphiques aux mangas.

Avis de Valérie

Ce sous-titre[[L’image au service de la mémoire]] à l’exposition est effectivement l’angle choisi par le Mémorial de la Shoah pour parler de génocides, principalement des Juifs de l’Est, mais avec un œil sur les deux autres universellement reconnus, les génocides arménien et tutsi.

Il est facile de rappeler qu’une image vaut mieux que mille mots, et effectivement une illustration si elle impose un choix artistique promet une compréhension immédiate. Et ici, le devoir de mémoire se mêle au divertissement et à l’art. Cela transforme l’attention de l’invité non plus en une charge obligatoire, mais en une curiosité pouvant porter des fruits différents. C’est pourquoi le public visé peut être très large ; un visiteur cherchant une information historique, ou celui qui est fan de BD et/ou de comics, voire de fantasy urbaine et de fantastique.

La vocation de certains scénaristes de comics parmi les plus célèbres a été émulée par l’horreur des camps de concentration et d’extermination vécue par eux ou leurs proches[[Jerry Siegel and Joe Shuster (Superman), Joe Simon and Jack Kirby(Captain America), Bob Kane and Bill Finger (Batman), Kirby et Stan Lee (Spider-Man, Hulk, Les Quatre Fantastiques, Ironman, Les X-men, Thor et les Avengers)]]. C’est la recherche d’un idéal possible, où l’on ne peut pas détruire un peuple en toute impunité sans que des preux chevaliers se lèvent pour combattre les infâmes bourreaux.

L’exposition nous montre que, au tout début, les auteurs et scénaristes n’ont pas lutté immédiatement et d’une manière frontale contre les exactions des exterminateurs. Les super-héros se sont d’abord battus conte le Mal incarné, puis contre les nazis et ensuite pour lutter pour les minorités dont les Juifs. C’est cette évolution de la gestion de la mémoire que nous visitons. Du non-dit à l’évocation directe en passant par les métaphores.

Les ouvrages et albums de nos jours font montre de la diversité de narration, d’illustrations et de choix éditorial que permettent la prolifération de exterminer techniques et de la connaissance. Pour finir, on arrive dans une pièce ou a été installé un meuble bibliothèque où les visiteurs peuvent s’asseoir et découvrir la plupart des BD ou comics dont il est question dans le parcours.

Le devoir de mémoire doit persister, car c’est avec lui qu’on apprend et qu’on évolue. Sa diversification offre la possibilité de toucher différentes audiences et d’une manière différente. Et cette immersion dans le monde si riche de la BD, des mangas comme des comics permet de donner une nouvelle dimension à ces faits abominables, avec lesquels on doit bien continuer à vivre.

Une réussite !

Nos photos de la visite : Facebook.

Fiche Technique

Adresse : Mémorial de la Shoah – 17, rue Geoffroy-l’Asnier – 75004 Paris

Tél. : 01 42 77 44 72

Fax : 01 53 01 17 44

Horaires : de 10H à 18H (jeudi jusqu’à 22H)

Tarif : entrée libre

Métro : Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville

Site : www.memorialdelashoah.org et expo-bd.memorialdelashoah.org

Enki Bilal à propos de sa création de l’affiche : « Chacun est libre d’interpréter ce dessin. Il y est question de libération, d’indestructibilité, d’éternité… Mais les mots sont faibles dans certains domaines. »