Silent melody – Avis +

Résumé de l’éditeur

Lady Emily Marlowe has never forgotten Lord Ashley Kendrick, who went to India when she was very young and married someone else there. She is engaged to another man when Ashley returns, widowed and alone and desperately unhappy. Emily’s love is revived, but Ashley harbors a deep, dark, dangerous secret, and she can neither hear not speak.

Avis de Callixta

Voici encore un pur joyau signé Mary Balogh. Je connais bien son œuvre et je ne m’attends plus tellement à être étonnée quand j’ouvre un de ses romans mais Silent melody a été encore un émerveillement. Ce livre est la suite d’un roman intitulé Heartless et, pour une fois, traduit en français sous le titre Le banni. Malheureusement cette suite a été oubliée en France et c’est fort dommage parce que le deuxième ouvrage est plus fort encore que le premier. Il met en scène la jeune sœur de l’héroïne de Heartless. Emily est apparue comme une délicieuse jeune fille sourde et muette, fantasque et douce. On l’avait vu se rapprocher du frère du héros, Ashley, qui menait une vie dissolue et débridée.

La suite reprend l’histoire presque là où elle s’était interrompue : Ashley décidant de faire quelque chose de sa vie s’embarque pour un voyage qui pourrait bien être définitif vers l’Inde. Brisée, la toute jeune Emily voit s’éloigner le seul être qui parvenait à pénétrer sa solitude forcée, celle des sourds et muets. Pourtant Ashley va revenir mais il a beaucoup changé : amaigri, agité, il semble hanté par des souvenirs terribles. Il s’est pourtant marié et a eu un enfant en Inde. Emily qui avait très mal supporté cette nouvelle va redécouvrir son amour de jeune fille et se trouver confrontée à ses démons.

La relation entre Emily et Ashley est une merveille de délicatesse et subtilité. Elle illumine tout le roman par son côté presque irréel et magique. Ils se comprennent remarquablement bien. Ashley a inventé un mode de communication avec la jeune fille, il sait combien elle a du mal à lire sur les lèvres des autres. Ce lien fort, impalpable, et si puissant est une vraie trouvaille du roman. Jamais Ashley ne s’impatiente, jamais il n’ignore ce que la jeune fille pense. Et quand il revient, bien qu’il reconnaisse avoir bien peu pensé à la jeune fille, tout recommence comme avant. Le talent de Mary Balogh est de rendre cette relation merveilleuse mais pas mièvre. Ils semblent baigner dans un monde à part mais qui ne dégouline pas de sensiblerie. Ce qui les unit est profondément beau et rare.

Même délicatesse et intelligence dans la description du handicap d’Emily. Mary Balogh rend bien compte de l’isolement forcé de la jeune fille, du manque terrible qu’elle vit et du regard des autres. Souvent son handicap a contribué à l’infantiliser et son entourage est toujours surpris de voir qu’elle est devenue une vraie femme avec des idées et des sentiments de femme adulte. Mais elle est équilibrée et sait vivre avec son handicap et en tirer partie comme lorsqu’elle ignore simplement ceux qui l’ennuient en les laissant parler sans lire leurs lèvres !

Cet aspect du roman est sans doute l’un des plus réussis : dépeindre une femme avant tout, simplement un peu différente, est une gageure dans la romance où souvent le handicap n’est là que pour provoquer pitié et larmes. Et la meilleure manière de le prouver est qu’Emily vit une vie de femme avant tout c’est de montrer qu’elle est capable de passion . Mary Balogh y réussit admirablement dans des scènes toujours marquantes par leur intensité.

Enfin le roman comprend plusieurs étapes. Il commence autour de la relation compliquée qui se noue entre Ashley et Emily et leur besoin de se réapprendre mutuellement. Il se poursuit avec les explications du malheur d’Ashley et de qui en est responsable. Comme d’habitude, le roman est donc remarquablement construit changeant de lieu au moment où l’intrigue se modifie légèrement. Le fil rouge que constitue la relation entre les héros ne se brise évidemment pas.

Quel roman encore que Silent Melody dans l’œuvre de Mary Balogh ! L’émotion est toujours à fleur de peau, la poésie toujours présente également donnant au roman une dimension nouvelle et habituellement moins marquée. Mary Balogh se permet de plus avec ce livre et celui qui précède de faire une incursion dans l’Angleterre du dix huitième siècle qu’elle fréquente moins. Les personnages du récit précédent sont d’ailleurs très présents et jouent un rôle important. Il n’est pas nécessaire de le connaître pour goûter le charme de celui-ci, mais je doute que cela ne donne pas envie de le lire !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 368
Editeur : Berkley Publishing Group
Sortie : 1 août 1997
Langue : anglais
Prix : épuisé