Solaire – Avis +

Présentation officielle

Michael Beard aurait tout de l’antihéros pathétique (boulimique, chauve, bedonnant, il est proche de la soixantaine et son cinquième mariage est sur le déclin) s’il ne s’était vu décerner le Prix Nobel de physique.

Croyant que son heure de gloire est derrière lui, il végète en faisant de vagues recherches sur les énergies renouvelables, et c’est par ailleurs un coureur de jupons invétéré. Mais voilà qu’il rencontre un étudiant, Tom Aldous, qui prétend avoir trouvé la solution pour lutter contre le réchauffement climatique.

Contre toute attente, cette rencontre va remettre Michael Beard en selle. Celui-ci décide de se rendre au pôle Nord et à son retour, il va de surprise en surprise. Non seulement il trouve Aldous installé chez lui (il est flagrant qu’il est devenu l’amant de sa femme) ; mais lorsque Beard lui demande de quitter les lieux, Aldous glisse malencontreusement, sa tête heurte le coin de la table et il meurt.

Beard se débrouille alors pour faire accuser Tarpin, l’amant « officiel » de sa femme, lequel écopera de 18 ans de prison. Dans le même temps, Beard compulse les notes qu’Aldous avait laissées pour lui. Il se les approprie et parcourt le monde de conférence en conférence en prônant cette thèse d’avant-garde, mais ne tarde pas à se voir traiter d’imposteur et de plagiaire par son propre centre de recherche, désireux de récupérer le brevet…

Comme souvent chez McEwan, trajectoire individuelle et destin collectif sont indissociables : de même que l’état de la planète sert de toile de fond pour mettre en scène les déviances de Michael Beard et le pousser dans ses derniers retranchements, les errements du physicien représentent autant de signes avant-coureurs de l’apocalypse annoncée.

Le comique du début cède la place à une ironie absolue, le divertissement à la parabole. Beard, qui devait sauver la planète du désastre écologique, apparaît pour ce qu’il est : un prédateur narcissique incapable d’accepter la moindre frustration. Malgré ses promesses répétées de se réformer, il remet sans cesse au lendemain et court à sa perte. Comme l’humanité. Le dernier sommet de Copenhague rend d’une actualité « brûlante » ce roman, sans doute l’un des plus intelligents et des plus narquois de Ian McEwan.

Né en 1948, Ian McEwan est considéré comme l’un des écrivains anglais les plus doués de sa génération.

Avis de Claire

Auteur populaire et reconnu, Ian McEwan surprend avec ce roman original. En effet, l’auteur opte pour le parti-pris risqué de mettre en scène un héros peu sympathique. Bedonnant, presque chauve, couard, et bien entendu terriblement égoïste, Michael Beard est un scientifique arriviste.

Auréolé du Prix Nobel (mais l’a t-il obtenu pour lui-même ou parce qu’on l’aurait confondu avec un homonyme ?), il se repose sur ses lauriers depuis bien longtemps. Tout en contraste, cet homme peu sûr de lui est pourtant un véritable Don Juan auprès des femmes, attirées par son aura de scientifique mondialement célèbre.

Nous le rencontrons à un moment charnière de sa vie, alors que sa cinquième épouse est sur le point de le quitter. Il faut dire que même s’il prétend l’aimer, il n’hésite pas à la tromper dès que l’occasion se présente. Celle-ci a d’ailleurs opté pour la même tactique, faisant de cette union une ridicule pantomime.

Un terrible concours de circonstances, qu’il n’hésite pas à retourner habilement à son avantage, le débarrasse de sa femme devenue trop encombrante, de son amant actuel et de son ancien amant. La cerise sur la gâteau apparaît un peu plus tard sous la forme d’un dossier, fruit du travail de recherches ingénieuses du jeune amant de sa femme.

Il s’agit d’une invention géniale et inédite qui pourrait relancer sa carrière à la dérive et le remettre sur les rails de la séduction. Rusant, trichant, mentant aussi sans vergogne, Michael Beard s’approprie l’invention de son rival, commence une nouvelle carrière, voire une nouvelle jeunesse…

Ce héros est antipathique en diable, mais l’écriture drolatique de Ian McEwan n’hésite jamais à le ridiculiser, à le pousser dans ses derniers retranchements. Au plus près des pensées de son personnage, dont on suit sans cesse les pérégrinations de cœur et d’esprit, on finit donc bon gré mal gré par s’attacher à lui.

Prenant, bien écrit, plein d’humour, ce roman est aussi une réflexion sérieuse sur les problèmes écologiques actuels, et même si nous restons dans la fiction, Ian McEwan a fait de longues recherches sur la question. Il nous pousse à nous interroger sur ce que nous aussi nous pouvons faire pour aider notre planète.

Drôle et instructif, ce livre est à consommer sans hésiter sous le soleil !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 388
Editeur : Gallimard
Collection : Monde entier
Sortie : 10 mars 2011
Prix : 21,50 €