Stoker – Avis +

Présentation officielle

A la mort de son père dans un étrange accident de voiture, India, une adolescente, assiste au retour de son oncle, un homme mystérieux dont elle ignorait l’existence, et qui s’installe avec elle et sa mère.

India commence à soupçonner que les motivations de cet homme charmeur ne sont pas sans arrière-pensées et ne tarde pas à ressentir pour lui des sentiments mêlés de méfiance et d’attirance.

Avis de Claire

Hommage assumé au classicisme kitchcockien, glacé mais fluide, mais également à l’élégance soignée d’un Polanski, ou à la maîtrise raffinée d’un De Palma, Stoker est habité par les références cinématographiques qui ont façonné le réalisateur de Oldboy (2004), Park Chan-Wook.

Avec son titre qui fait écho à l’auteur gothique par excellence[[Bram Stoker, l’auteur de Dracula]], le film impose un rythme lent, onirique, mais assez rapidement sous pression, l’action et le drame sont latents, prêts à exploser, embarquant le spectateur dans une angoisse à fleur de peau.

L’intrigue s’installe progressivement à coups de flash-backs et flashforwards, et pendant une bonne partie du film, le mystère demeure, même s’il se laisse finement appréhender par petits bouts. Étouffants secrets, structure familiale désincarnée, rapports inversés, le scénario (co-signé par l’acteur Wentworth Miller) explore les failles de l’humain dans toute sa cruauté et ses faiblesses.

La violence sourde monte d’un cran à chaque fois, sans effusion de sang inutile, sans effet appuyé, mais simplement, avec de gros plans sur des éléments symboliques, des objets récurrents, des silences qui en disent long, de généreux plans séquences habillés d’une musique obsédante, d’un souci du détail qui frise l’obsession, que ce soit pour les costumes ou les décors. Rien n’a été laissé au hasard par le méticuleux cinéaste coréen.

L’oncle Charlie, brillamment interprété par un Matthew Goode [[L’acteur n’était pas le premier choix, le rôle était prévu pour Colin Firth au départ]] mi-démon mi-dandy, sur les traces de Robert Mitchum dans La Nuit du Chasseur, mais avant tout, bien évidemment, reflet d’un personnage éponyme dans L’Ombre d’un doute [[Film d’Alfred Hitchcock, 1943]], troublant à souhait, possède aussi un inquiétant petit côté « Tom Ripley », tel que l’avait décrit Patricia Highsmith.

Personnage énigmatique, pierre angulaire d’un triangle amoureux, vampirisant une Mia Wasikowska aérienne, mystérieuse, virtuose du moindre de ses gestes, définitivement échappée d’Alice au pays des Merveilles et de Jane Eyre, et une Nicole Kidman au sommet de son art (ce qui n’est pas rien, car son visage parfait mais malheureusement ultra-botoxé laisse peu de place à l’émotion), Charlie fascine, émeut, effraie et séduit, insaisissable jusqu’au dernier instant, forcément fatal.

Film noir tendance inclassable, à la fois lumineux et morbide, fantasmagorique et expressionniste, rude et poétique, Stoker s’impose comme un must-seen déjà culte. Premier film hollywoodien de celui que son équipe appelle avec admiration et respect « Maître Park », le surdoué coréen réinvente le thriller horrifique sans perdre son âme.

Notez qu’il s’agit également du dernier film co-produit par Tony Scott avec son frère Ridley, peu avant sa mort tragique.

Fiche technique

Sortie : 1er mai 2013
Durée : 100 minutes
Avec : Mia Wasikowska, Matthew Goode, Nicole Kidman, Dermot Mulroney, Harmony Korine
Genre : thriller