Sur la route – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Dans un train, un jeune homme rêveur, intrigué par son voisin diablement sexy, n’ose pas se jeter à l’eau et l’aborder.

Pour faire des économies, Cécile fait du covoiturage avec Jeanne, mais ces trajets vont les conduire plus loin qu’elles ne l’auraient imaginé.

Au wagon-bar d’un autre train, un échange de regards électrise deux inconnus que tout semble pourtant opposer.

Oser se lancer ? Se livrer corps et âme ? Ils et elles n’ont que le temps d’un voyage pour se décider.

Avis de Hiro

Sur la route est un recueil de trois nouvelles, si la première est simplement mignonne à souhait, plus on avance, moins les suivantes sont tout public.

Sur la première histoire, on fait la connaissance éphémère de deux voyageurs en partance pour l’Italie. Si on a un personnage un peu grognon au début, le garçon change d’émotion lorsqu’il voit qui sera son voisin de siège. Le temps du trajet suffira-t-il à prendre son courage à deux mains et à entamer une conversation ?

Ici, on alterne de point de vu très vite. On passe de l’un à l’autre et on sourit à les voir s’exciter intérieurement, car ils n’arrivent pas à faire le premier pas. C’est un coup de foudre, mais aucun des deux ne voit le combat intérieur de l’autre. C’est amusant, en effet, combien d’entre nous a déjà laissé passer sa chance avec ce genre de tiraillement. Cette nouvelle est mignonne et dynamique, on adore voir les deux garçons se tourner autour. On regrette peut-être qu’il n’y ait juste pas plus de description physique des deux personnages, ou qu’on n’ait pas leur prénom, car parfois, le changement de narration est tellement rapide qu’on perd un peu le fil de notre lecture.

Nous faisons ensuite la connaissance de Jeanne et Cécile. Dans un premier temps, Jeanne ne paraît pas vraiment avenante. Elle nous raconte sa vie d’avant, donc son adolescence mouvementée et les choix qu’elle a fait en toute connaissance de cause. Elle a un côté destructeur qu’elle a mis de côté pour revenir à une vie plus rangée. Dans cette nouvelle vie, elle fait la connaissance de Cécile avec qui elle va faire du covoiturage des années durant.

Cécile semble être tout son contraire, une jeune femme adorable et posée. Propre sur elle, elle paraît venir d’un tout autre univers pour Jeanne. Néanmoins, Cécile va tomber sous le charme de Jeanne, mais cette dernière est hétérosexuelle. Pour Cécile, ce n’est pas possible d’essayer quelque chose avec elle, car elle ne veut pas juste être une expérience.

Les deux femmes ont le temps de plus d’un trajet pour faire connaissance. Sur des années, elles deviennent amies, confidentes. Elles deviennent même plus, elles sont sur cette limite floue qui va un peu au-delà de l’amitié. La relation qui se noue est ici particulière et aucune des deux ne veut perdre ce lien. Néanmoins, la vie avance et leur volonté change également. L’ambiguïté de l’action met mal à l’aise, elles ne discutent pas vraiment de ce qu’elles font. Chacune s’imagine ce que l’autre pense ce qui amène à des situations qui auraient pu être plus saines entre elles.

Enfin, le dernier texte est vraiment à ne pas mettre entre toutes les mains. Nous avons une nouvelle rencontre éphémère dans un train. Une rencontre envoûtante et passionnée, mais également déchirante et malsaine. Il n’est pas dans l’habitude des deux personnages de sauter sur le premier venu, mais ici, l’attraction est plus forte que la raison. Cette raison qui va venir exploser entre eux, qui va les marquer à vie et les hanter.

La lecture de ces mots est beaucoup plus difficile. La différence d’âge entre les deux personnages semble énorme. Le plus jeune est tellement perdu, il a cette haine de lui qui nous brise le cœur et qui nous donne envie d’en vouloir au plus âgé. Il y a tellement de culpabilité, de déni, de sentiments négatifs. Jusqu’à la fin, on ne se sent pas très bien en ressortant de cette lecture. Elle est dure et crue, elle montre à quel point le silence peut rendre les choses problématiques.

L’un pense pour l’autre, il croit deviner ce que veut l’autre et ce qu’il lui permet. Le silence permet aussi à l’autre de ne pas prendre de décision ferme et cela le ronge. Cet autre-là est dans l’indécision, dans la recherche et le flou. Le silence dans une relation apporte cette insécurité, cette ambiguïté toute discutable. Cette nouvelle ne le montre que trop bien et cela fait froid dans le dos.

Sur la route se divise vraiment en trois histoires totalement opposées les unes avec les autres, si la première est légère, les deux suivantes s’assombrissent et ne plairont pas forcément au plus grand nombre. Il faut bien débuter en ayant conscience de cela, car ça peut faire arrêter la lecture assez rapidement. L’écriture et notre curiosité nous emmènent néanmoins à lire jusqu’au bout les histoires. D’ailleurs, soulignons le talent de l’illustratrice Nephyla, à chaque page on espère aussi tomber sur une de ses illustrations pour les nouvelles tant on tombe sous le charme de ses dessins.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 136
Editeur : YBY Editions
Sortie : 28 février 2020
Prix : 13,50 €