Tim Burton, two days in Paris

La Cinémathèque a eu la chance d’accueillir pour deux journées exceptionnelles, les 4 & 5 mars 2012, le réalisateur et créateur américain Tim Burton.

Cette exposition s’annonce déjà comme un immense succès, Onirik a eu la chance de la visiter, c’est vraiment un évènement à ne pas manquer si vous êtes fans et que vous passez par la capitale.

Si la dédicace de dimanche a été un succès au-delà des prévisions, avec des personnes arrivées sur place dès le samedi soir, et pas moins de 2 500 fans qui avaient répondu présents, Tim Burton n’a pu dédicacer (pendant deux heures et quarante-cinq minutes tout de même) « que » 600 catalogues de l’exposition ou livres L’Art de Tim Burton.

En hommage aux centaines de personnes restées sur le carreau, qui ont attendu des heures dans le froid et sous la pluie, Tim le dessinateur a pris sa plume pour leur livrer une petite surprise.

Beaucoup d’émotion à cette occasion, les fans qui ont pu l’approcher ont salué sa disponibilité et sa gentillesse, malgré les conditions de rapidité dans lesquelles se passait la signature. Certains sont arrivés déguisés en personnages de films, offrant parfois de petits cadeaux, auxquels Tim Burton a été très sensible.

Le lendemain, la conférence de presse pour le vernissage de l’exposition a réuni un très grand nombre de journalistes happy few, Onirik a eu la chance de pouvoir y participer.

Accompagné du directeur de la Cinémathèque, le journaliste Serge Toubiana et de son président, le cinéaste Constantin Costa-Gavras, le réalisateur de Edward aux mains d’argent (il a reconnu qu’il s’agit de son film le plus personnel et peut-être le plus cher à son coeur), s’est prêté avec humilité, humour et disponibilité aux questions des journalistes.

Serge Toubiana a souligné la qualité et l’abondance des travaux de jeunesse de l’artiste, les résonances entre son univers et certains peintres classiques, comme Gustave Courbet ou encore Francisco Goya ou encore un certain parallèle avec la technique de l’écriture automatique des surréalistes.

Mais pour Tim Burton, tout est une question d’émotion, pas d’intellect, il dessine au feeling, dans l’urgence. Pour lui, les surréalistes sont trop « normaux ». Dessiner comme on peut, quand on peut, ce que l’on peut, ce que l’on ressent. C’est la seule règle.

Ce qui l’intéresse avant tout est d’explorer ce qui se passe dans le subconscient, pas dans le conscient. Le dessin permet cela et c’est également une façon simple pour lui d’exprimer ses idées autrement que par la parole.

Serge Toubiana a souligné le paradoxe qu’il y avait pour Tim Burton d’être mis à l’honneur par la très élitiste communauté du MoMa de New York, faisant ainsi « entrer le monstre de Frankenstein au MoMA« . Il s’agit vraiment d’une forme de consécration, d’une reconnaissance de son talent d’artiste au delà de son seul travail de réalisation.

Tim Burton a expliqué que ce qu’il retient le plus de cette expérience, ce sont les témoignages de personnes qui ont avoué ne jamais aller au musée jusque là et qui ont changé leurs habitudes, de même que d’autres se sont mis à créer, inspirés par l’univers du cinéaste. Il a confié avoir été particulièrement touché par le fait que le processus créatif passionne autant de monde, spécialement les enfants.

A propos de la masse de dessins accumulée dans les années 70-80, Tim Burton a expliqué qu’il dessine comme cela lui vient, laissant les idées le guider, il revient parfois sur un projet des années après, laissant le concept maturer.

Drôles, joyeux, violents, impertinents, tristes…les dessins offrent une vision du monde où tout est possible. Pour Tim Burton, toute forme d’expression qui peut amener à la création est à encourager, en particulier chez les enfants.

« Tim touche les jeunes car, comme tout véritable artiste, il a su rester gamin. (…) Et son art révèle la simplicité, la liberté et la naïveté des enfants. Tim et notre fils (…) adorent tous les deux dessiner des monstres. Il est parfois difficile de savoir qui a dessiné quoi. J’ajouterai simplement que c’est un compliment pour tous les deux, raconte Helena Bonham-Carter [[in L’Art de Tim Burton, page 153]].

Pour Tim Burton, un artiste doit avoir gardé son âme d’enfant. Les enfants possèdent, selon lui, cette faculté de voir ce que les adultes sont incapables de voir.

Cinéphile averti, il revendique un attachement particulier aux films sur lesquels a travaillé Ray Harryhausen, grand spécialiste des effets spéciaux. « Ray Harryhausen est une influence majeure de mon cinéma, je connaissais son nom avant de connaître les réalisateurs » a-t-il confié.

Celui qui se cachait derrière le sofa du salon de ses parents, pour regarder la télévision, raconte avoir vu son premier film d’horreur à l’âge de trois ans. C’est l’âge de sa petite fille Nell, qui est fan de Jason et les argonautes.

Interrogé sur le choix de Paris pour l’exposition, Tim Burton précise qu’il apprécie tout particulièrement cette ville, mais également la Cinémathèque et sa politique de diffusion des films, ses hommages à Méliès et Kubrick, notamment. Il aime la France, a été président du Festival de Cannes en 2010, travaille souvent avec des français, comme le chef opérateur Philippe Rousselot.

Quant à la question du final’s cut, qu’il obtient en règle générale, Tim Burton avoue que malgré tous ses succès, chaque film est une nouvelle bataille, convaincre les studios est même une philosophie à laquelle il s’est habitué et qu’il accepte.

N’oubliez pas que vous pouvez voir ou revoir la Master Class du lundi 5 mars qui a eu lieu avec les fans, après la conférence de presse, comme nous l’avons déjà signalé, visible sur Arte ou le site de la Cinémathèque pendant un an.

Nous retrouverons très bientôt Dark Shadows avec le fidèle Johnny Depp, le 9 mai 2012, sur nos écrans et le film d’animation Frankenweenie, à partir du 31 octobre 2012. Tim Burton n’a décidément pas fini de nous enchanter. Du pur bonheur en perspective !

Merci à Tim Burton et à toute l’équipe de la Cinémathèque, en particulier à Elodie Dufour.

Crédit photo : Claire Saim & la Cinémathèque française