Un printemps à Blossom Street – Avis +

Résumé de l’éditeur

Lorsque, un beau matin d’avril, Lydia Hoffman ouvre sa boutique dans un quartier ancien de Seattle, elle réalise son rêve de toujours. Car à travers la laine qu’elle y vend et les ateliers de tricot qu’elle anime, c’est son goût de la vie qu’elle transmet. L’envie d’avancer pas à pas, envers et contre tout, qui guide son existence depuis qu’elle a vaincu la maladie. Et son rêve de commencer une nouvelle vie, une vie où l’amour aurait toute sa place. La petite boutique de Blossom Street devient bientôt le rendez-vous privilégié de trois femmes – Jacqueline la bourgeoise, Carol, la jeune mariée en mal d’enfant et Alix la rebelle – qui, par delà leurs différences, vont se découvrir bien plus proches qu’elles ne le croyaient dans leurs souffrances, leurs espoirs, leur désir de maternité ou d’amour.

Avis de Domino

Depuis de nombreuses années les lecteurs de Debbie Macomber devaient se contenter de la réédition périodique des quelques romans traduits de cet auteur. C’était une situation d’autant plus frustrante que des échos plus que favorables leur parvenaient d’Outre-Atlantique, rumeurs évoquant des séries particulièrement réussies. C’est donc avec une joie sans mélange et une impatience non déguisée que les fans de Debbie Macomber avaient appris en début d’année la publication durant l’année 2008 d’une suite de romans inédite, Blossom Street.

A nouvelle série, nouveaux lieux ! Après le Dakota, l’auteur change radicalement d’endroit et nous entraîne à Seattle sur la Côte Ouest. Cependant, si il ne s’agit pas de faire renaître une ville qui se meurt comme dans la précédente saga, Dakota, on retrouve dans cette nouvelle série la problématique chère à Debbie Macomber, celle de la renaissance. Ici, un groupe de femmes que rien ne destinait à se rencontrer vont tisser (il serait plus exact de dire tricoter) les fils d’une amitié qui leur permettra de découvrir leurs propres potentialités. Cela se fera dans le rire mais également dans la douleur, dans l’acceptation et le renoncement, mais au final elles en sortiront toutes plus fortes et capables d’affronter leurs propres peurs.

La grande originalité du roman réside dans son aspect choral. Contrairement au schéma habituel, l’histoire n’est pas centrée sur un couple qui va se rencontrer et traverser un certain nombre d’épreuves avant d’atteindre le « havre » du mariage et de l’amour éternel. Le récit balance entre les quatre protagonistes et leurs histoires propres. Il y a tout d’abord, Lydia Hoffmann qui sera la figure centrale de la série, la propriétaire de la boutique où les différents protagonistes vont se rencontrer. C’est une jeune femme d’une trentaine d’années, une sorte de survivante qui se considère en sursis et qui a décidé de vivre chaque jour pleinement. Malgré cette attitude foncièrement positive, elle est freinée par des peurs et son passé qu’elle n’arrive ni à évacuer ni à dépasser. L’ouverture de sa boutique est son affirmation d’un nouveau départ, de la nouvelle vie qu’elle veut mener. Dans sa boutique de laine, elle offre des cours de tricot pour débutantes et c’est ainsi que vont se rencontrer les trois autres personnages du roman. Le lecteur fera ainsi connaissance de Jacqueline, la bourgeoise, Carol, la jeune femme en mal d’enfant et Alix l’élément le plus jeune et le plus perturbateur du groupe. Ces quatre femmes que rien ne prédestinait à se rencontrer vont se retrouver dans la boutique de Blossom Street et au travers du tricot, apprendre à se connaître, elles-mêmes et les autres, à réfléchir au sens qu’elles veulent donner à leur vie et finalement découvrir ce qui leur importe le plus. Aucune ne sortira indemne de cette introspection mais toutes en sortiront grandies.

Outre l’aspect « choral » du roman l’autre originalité du roman est de projeter le lecteur, dès les premières pages dans un univers plutôt inconfortable. Alors que dans ce type de récit, les êtres et leurs histoires sont la plupart du temps aseptisées, comme en dehors de la réalité « vraie », Debbie Macomber choisit d’aborder de front des sujets qui, en temps habituels, sont soigneusement évités dans ce type de littérature. C’est donc effaré que le lecteur découvre que Lydie a souffert de deux tumeurs au cerveau et qu’elle est susceptible de rechute. Dès lors se profile dans le cocon douillet de la romance traditionnelle le spectre d’une disparition prématurée de l’héroïne. Et comme pour ajouter au malaise que semble vouloir créer Debbie Macomber, on découvre Jacqueline, une bourgeoise imbue de sa personne mais surtout mère possessive et belle-mère exécrable dont on se demande si on finira par la trouver sympathique. ! Puis c’est Carol, aux prises avec la lutte contre la stérilité et les problèmes que cela génère dans son couple qui fait son apparition. Tous les couples qui on fait la douloureuse expérience de la stérilité retrouveront en Carol les sentiments qui la traversent. Au final, Alix, la rebelle, est peut-être la plus « typique » de ce type de roman. On connaît ce type de héros, et intuitivement, le lecteur devine qu’elle s’en sortira.

Après ce début des plus dérangeants, Debbie Macomber construit une intrigue riche et complexe mais somme toute assez classique même si certaines péripéties amènent leur lot de surprise ou d’émotion. Après un début aussi prometteur, on regrettera seulement que les lois du genre contraignent l’auteur à un happy end un peu trop convenu, lissant par là-même les aspérités du début. Mais ne boudons pas notre plaisir et attendons sereinement le 1er mai pour la suite des aventures de Lydia et de ses nouvelles élèves dans Au fil de l’été

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : Harlequin
Collection : Best sellers
Sortie: 01 mars 2008
Prix : 6,70 €