Une héritière à Valenciennes – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

L’intrigue est basée sur la rencontre d’Alice, une jeune fille de 22 ans, qui veut fuir la capitale par le premier train. Gabriel, libraire à Valenciennes, revient de Paris où il est allé chercher son petit garçon pour les vacances.

Ils échangent quelques mots dans le train, mais rien ne présage une
nouvelle rencontre. Pourtant, le soir même, il retrouve la jeune fille devant chez lui, évanouie sous la pluie. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’elle va changer le quotidien de sa vie de libraire.

Avis de Marnie

Adeline Dias est un tout jeune écrivain de 20 ans. Dans son roman, les points positifs et négatifs se livrent une bataille acharnée, les défauts pouvant franchement être corrigés au fur et à mesure que l’auteur acquiéra une vraie maturité dans son écriture. Déjà, parlons de ce qui est réussi, comme le style aisé, un vocabulaire soigné tout en restant naturel et même familier. Son rythme est alerte, la progression de l’histoire comme les péripéties étant amenées sans temps mort, et le décor, soit la ville de Valenciennes est solide et intéressant, comme le fait d’avoir situé l’intrigue dans une librairie. Adeline Dias possède déjà un talent indéniable pour « raconter » ses histoires.

De plus, d’une certaine façon elle fait preuve d’une bonne dose d’audace, en créant une héroïne très loin des critères actuels très influencés par la bit-lit. En effet, Alice est timorée… Agée de 22 ans, elle a été éduquée (et manipulée) précisément avec une volonté cachée de la part de sa belle-mère qu’elle ne puisse affronter seule les aléas de l’existence, élément parfaitement mis en relief.

Par contre, à l’évidence, il manque une certaine réflexion chez l’auteur, obligée d’avoir recours à des incohérences pour faire progresser son récit. En effet, le roman est construit un peu trop « à la manière de »… et copie les intrigues britanniques des années 80. Nous avons ainsi l’étrange impression d’être retombée dans des romances écrites par Violet Winspear ou Anne Hampson, avec des héroïnes évanescentes, victimes de l’adversité et de méchants complots qui tombent en pleurs toutes les cinq minutes.

Paradoxalement, lorsque Alice est confrontée à Gabriel, son attitude est affirmée, orgueilleuse, avec une réplique cinglante aux lèvres et le menton levé. De même notre bougon héros est intéressant. Cependant, sa réaction disproportionnée et sans réflexion lorsqu’il se pense trahi, prouve une fois encore qu’il manque à cette intrigue un vrai approfondissement dans son dernier tiers. N’aurait-il pas du se demander tout simplement la raison pour laquelle Alice était en fuite ?

Dans les années 80, les héroïnes britanniques de ce style évitaient de faire des vagues et refusaient de porter plainte lors de tentatives de viol, alors que les héroïnes américaines, elles, faisaient arrêter le « méchant », seulement, le héros comme la société de l’époque ne les croyaient jamais ! Tout cela a franchement évolué, et c’est donc bien gênant de voir Alice refuser d’appeler la police, utilisant un prétexte plus que faible.

Pire, le fameux « méchant » va toucher un joli pactole et ne sera jamais inquiété… De plus, notre héroïne n’affrontera jamais ses peurs (ou même une seule fois sa belle-mère !), c’est seulement un concours de circonstances et de l’aide extérieure qui vont lui amener une solution sur un plateau. Ainsi Alice fuit de la première à la dernière page, sans même lutter une seule fois pour obtenir ce qu’elle désire. Bien évidemment, la « romance » est basée sur des codes et des clichés, mais celui de la femme enfant qui n’évolue pas est totalement dépassé.

Dommage ! Ce roman possède vraiment du charme, et la fragilité d’Alice est rafraîchissante. Un jeune auteur qui doit tout bonnement prendre le temps d’approfondir ses personnages pour réussir à passionner un lecteur qui ne demande qu’à être séduit !

Fiche technique

Format : poche (disponible en e-book)
Pages : 160
Collection : Euphoria
Editeur : Ravet-Anceau
Sortie : 12 mai 2010
Prix : 9 €