Une scandaleuse liaison – Avis +

Présentation de l’éditeur

A Serenity, petite ville du Sud des Etats-Unis, on ne transige pas avec la morale et les ragots. Aussi, quand Maddie, mère de famille fraîchement divorcée, se montre en ville au bras d’un autre homme, plus jeune qu’elle de surcroît, c’est le scandale. Face à la réprobation générale, Maddie est bouleversée. Comment ses voisins, son entourage, ceux qui l’ont toujours aimée et respectée peuvent-ils ainsi se liguer contre son bonheur avec Cal Maddox ?

Déjà blessée par un mari infidèle et un divorce difficile, faudra-t-il qu’elle reste seule pour demeurer  » une femme respectable  » et préserver ses trois enfants de l’opprobre ? Car, si elle se sent prête à sacrifier sa propre réputation pour vivre son grand amour avec Cal, l’idée de briser ses enfants lui déchire le cœur…

Avis de Marnie

Sherryl Woods est capable du pire comme du meilleur, donc c’est un auteur à manier avec précaution. Or, dans le cas présent, excellente surprise que la modernité donnée à cette trilogie ! La morale pèse bien lourd aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001, et certains auteurs nous le font savoir. Voici donc le premier tome des Sweet Magnolias, trois belles du sud de 40 ans, amies depuis l’enfance, amies pour la vie… Ici, nous est contée l’histoire de Maddie.

Dès les premières pages, nous sommes immédiatement plongés dans l’atmosphère de Serenity, petite ville de Caroline du Sud. En fait, nous comprenons rapidement que c’est un nom trompeur. S’il est vrai qu’il ne se passe rien de remarquable, le centre ville meurt, les gens fuient la région… les commérages vont bon train, et font même la loi. C’est dans cette ambiance plus pesante que plaisante, que Maddie, se retrouve dans le cauchemar d’une séparation après 20 ans d’un mariage sans nuage. Lorsque le récit commence, son mari, Bill, pédiatre et notable de Serenity, est parti s’installer chez sa maîtresse enceinte. Notre héroïne doit se battre pour faire face à ses trois enfants révoltés et choqués, mais aussi apprendre à se prendre en mains, elle qui avait sacrifié sa carrière pour aider son époux, et surtout lutter pour garder sa dignité envers et contre tout, ce qui n’est pas aisé lorsque toute la ville parle de vous !

Aidée par ses deux amies, Maddie va lancer un centre de mise en forme pour les femmes… tout en nouant des relations d’amitié avec Cal Maddox, de dix ans son cadet, l’entraîneur de baseball du lycée, sport dans lequel son fils aîné se distingue. Cette amitié va peu à peu lui empoisonner toute son existence, provoquant un raz de marée dans la petite ville, risquant de tout emporter sur son passage. C’est certainement l’aspect le plus réussi du roman. Sherryl Woods distille peu à peu tous les éléments qui seuls, paraissent anodins, mais qui mis les uns à la suite des autres, parviennent à atteindre notre héroïne de plein fouet. De plus, l’auteur met un point d’honneur à mettre en relief la profonde injustice qu’il existe toujours entre les hommes et les femmes, Maddie, moralement condamnable qu’elle soit ou non coupable de ce dont on l’accuse, alors que la conduite de son mari, particulièrement ignoble et égoïste, semble ne pas soulever de commentaires.

Nous assistons à la profonde transformation de cette épouse et mère, en femme qui se remet en question, souhaitant finalement se trouver, s’accomplir. La théorie du couple américain idéal est quelque peu balayée. L’auteur a l’intelligence de ne pas faire de Bill, un être si veule que l’on se demanderait ce que l’héroïne a bien pu lui trouver pour l’épouser. Même sans sa trahison, est-ce qu’ils se rendaient mutuellement heureux ? La vision d’une sympathique famille idéale se ternit quelque peu, Sherryl Woods insistant avec raison sur le fait qu’un couple se construit et évolue… Dans cette quête d’elle-même, Maddie considérera d’un autre regard ses rapports avec ses proches, sa mère tout d’abord avec qui elle ne s’est jamais entendue, mais aussi ses trois enfants, ses amies, et son nouvel amour.

Tous ces personnages sont passionnants. Ainsi, le héros, Cal, qui a pour lui de savoir parler à des adolescents, a déjà connu plusieurs échecs graves, professionnels et personnels. Il est conscient des différences aussi bien sociales que de leurs âges respectifs et avec lesquelles il va falloir composer, se transformant peu à peu en homme responsable, se battant non seulement pour la femme qu’il aime, mais aussi pour sa carrière. Suivent les enfants, tous trois très différents, aux réactions perturbées très cohérentes suivant leur caractère, et qui évoluent, devenant plus sages et plus adultes bien malgré eux. Paula, la mère de Maddie, qui semble de prime abord, assez égoïste en artiste-peintre reconnue se révèle beaucoup plus ouverte et attentionnée, lorsque sa fille se retrouve submergée par ses problèmes. Si Bill semble plus pathétique et perdu que méchant, l’auteur nous évite le cliché de la cruelle et garce maîtresse, Noreen étant assez complexe et très intéressante en jeune femme somme toute innocente vivant son rêve d’amour, n’ayant vu en son patron et amant qu’un mari esseulé qui n’aimait plus son épouse.

Enfin, parallèlement à cette histoire, les deux autres Sweet magnolias se découvrent peu à peu, leurs problèmes surgissant en fait dès ce premier tome, ainsi Dana Sue, qui a mis à la porte son mari un an auparavant, ayant découvert (les rumeurs vont vite) qu’il l’avait trompée, et qui se retrouve à élever sa fille dont les troubles alimentaires ne cessent de s’aggraver, mais aussi, Helen, la carriériste, avocate spécialisée dans les divorces, qui peu à peu se laisse enferrer dans une cynique et très dure vision de l’humanité, ne pouvant plus avoir de liaison normale, empoisonnée par ce qu’elle vit au quotidien, soit l’attitude abjecte de certains hommes. Insatisfaite de sa vie, elle commence dès ce récit sa propre remise en question.

C’est donc une histoire riche ou amour, humour, émotion et chaleur affective en composent les principaux ingrédients. Tout cela évolue très vite, évitant certains clichés exaspérants de la romance, pour construire un récit tout en finesse qui nous réconcilie avec la vie ! Une vraie réussite !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 438
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1er janvier 2008
Prix : 4,95 €